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Arts

La Boussole aux dires de l’éclair, exercices sur des lieux, Jean-Paul Bota

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 24 Octobre 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Tarabuste

La Boussole aux dires de l’éclair, exercices sur des lieux, 247 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Paul Bota Edition: Editions Tarabuste

 

La Boussole aux dires de l’éclair : Jean-Paul Bota dans la lignée de Cy Twombly

Jean-Paul Bota conduit une œuvre exigeante, importante. Dans le sillage d’Octavio Paz, il pourrait proclamer : « Contre le silence et le vacarme, j’invente la Parole, liberté qui s’invente elle-même et m’invente, chaque jour ». Et ce avec une sensibilité si haute, face à tout ce qui – pour sa vie – est audible, face à tout ce qui – pour sa vie – est visible, que l’on ne peut que songer au poème de Rutger Kopland, Jeune laitue, extrait de Souvenirs de l’inconnu (poème traduit du néerlandais par Paul Gellings) : « Je suis capable de tout supporter, / des haricots qui se dessèchent, / des fleurs mourantes, l’arrachage / d’un carré de pommes de terre / j’y assiste sans larmes, pour ça / je suis vraiment un dur. // Mais la jeune laitue en septembre, / qu’on vient de planter, encore molle, / dans des couches humides, non ».

Le sein dans tous ses états, Apollo Parnassius (photographies), Philippe Pelletier (textes)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 06 Octobre 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le sein dans tous ses états, Apollo Parnassius (photographies), Philippe Pelletier (textes), Éditions du Petit Véhicule (20 rue du Coudray, 44000 Nantes, www.lepetitvehicule.com), coll. La Galerie de l’Or du Temps n°59, septembre 2016

Apollo Parnassius, médecin avançant masqué, écrit : « Organe nécessaire à la croissance des petits humains avant l’arrivée des laits en poudre, le sein a délaissé sa fonction nourricière pour n’être plus, au fil du temps, qu’un des symboles de la féminité, objet de désir et de plaisir. Menu ou opulent, léger, voire inapparent, ou encombrant au point de provoquer des souffrances dorsales et une attitude voutée, sa présence demeure étonnamment irrésistible. […] Le sein, au XXIe siècle, tient une place considérable dans notre univers. Il suffit de descendre dans la rue pour recevoir nombre de messages érotiques représentant des jeunes femmes dénudées dont le galbe du sein est souligné par un soutien-gorge élégant. Ces derniers, d’ailleurs, selon la mode, augmentent le volume de la poitrine ou rapprochent les seins afin de dégager un sillon attirant le regard. Le monde de la lingerie est florissant et tend à masquer les éventuels défauts de seins jugés trop menus ou tombants. […] Les chirurgiens esthétiques ont vite compris la manne qui se présentait à eux en confectionnant des seins à la carte, parfois au détriment de la santé des femmes ».

Paul-César Helleu, Dir. Frédérique de Watrigant

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 07 Septembre 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Paul-César Helleu, Dir. Frédérique de Watrigant (présidente des Amis de Paul-César Helleu), Somogy éditions d’art, 2014

Le dessin.

La pointe sèche.

 

Le trait et la couleur pour approcher un murmure de source.

Murmure secret.

Qui a capturé – sans le vouloir, innocent comme le sont, sur quelque côte imaginaire, les citrons ployant vers la mer, entraînés par le poids du soleil que l’air, dans sa dévotion, a fait glisser jusqu’à eux, jusqu’en eux – quelque chose du feu soudain et doux.

Celui de la grâce.

 

Là est tout Paul-César Helleu.

Les mots du peintre, Emmanuel Merle, peintures de Georges Badin

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 05 Septembre 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les mots du peintre, Emmanuel Merle, peintures de Georges Badin, éd. Encre et lumière, 2016, 100 pages, 23 €

 

L’élégance simple des mots, voilà ce qui frappe le lecteur d’Emmanuel Merle dès les premiers vers du recueil où s’impose la prégnance de la finitude dans la présence consolante de la couleur (« l’infini du bleu ») qui « apprivoise » la mort. Avec le vert qui tient son identité de l’herbe naît alors la lumière et un feuillage qui couvre le néant, celui du « blanc du papier ».

Mais se pose, malgré tout, la question du lieu du fait que « la toile refuse les couleurs » et que prédomine le rouge, teinte du sang et de la violence. Aussi pour le frère synesthésique du peintre-démiurge, Georges Badin, dont quatre peintures illustrent les textes, viennent les questions et les injonctions qui leur font suite. Au sujet, entre autres, du mystère des mots – jusque dans les derniers vers du livre le poète parle de les « déshabiller » – et du travail orphique du peintre qui donne « une voix aux morts ».

Les Caliguliennes, Jacques Cauda

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Samedi, 01 Juillet 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les Caliguliennes, Les Crocs électriques, 2017, photographies d’Elizabeth Prouvost, . Ecrivain(s): Jacques Cauda

 

Jacques Cauda le « meurtrier »

Jacques Cauda dans la lignée de Sade et d’Artaud pousse la littérature littéralement dans le corps. Celui des femmes. Et celui de la première d’entre elles qui donne autant la nuit que le jour et à laquelle dans Les Caliguliennes les photographies d’Elizabeth Prouvost donnent des reflets aux noirceurs incestueuses.

Le livre est subliment « abject » en ce qu’il taillade. C’est donc un opéra – entendons ouverture. Et l’auteur y pénètre par toutes les blessures et les orifices. Jaillissent les éclaboussures provoquées par les saillies de l’écriture faite d’enjambements et des crimes. Chaque texte devient générateur d’une dévoration orgasmique. L’œuvre devient une histoire de sons et de cris fondamentaux sortis du plus profond de l’être. Le souffle est là sans pompe lyrique mais elle aspire le sang et le cerveau. La liberté se fait chair. Celle-ci ne résiste pas au sublime désordre rhétorique de Cauda. Il crachait ses poumons face à ceux qui en pincent pour les fortes poitrines.