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Arts

Joseph Kaspar Sattler Ou La Tentation de L’Os, Vincent Wackenheim

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 29 Août 2016. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Atelier Contemporain

Joseph Kaspar Sattler Ou La Tentation de L’Os, mai 2016, 208 pages, 30 € . Ecrivain(s): Joseph Kaspar Sattler & Vincent Wackenheim Edition: L'Atelier Contemporain

 

Piqûre de ver

« Ici la marche est bien une danse, une parade, mais laborieuse, l’os, si l’on peut dire, est tendu et arcbouté par l’effort, la tête vers l’avant, les épaules remontées. Le genou accompagne le mouvement, l’autre jambe bien tendue, dans une recherche d’efficacité et de rendement. Bêcher, et jardiner ».

 

L’incendie

« Ce que l’image suggère : le bruit de l’embrasement, le crépitement du feu, le fracas des murs qui s’effondrent, des poutres maîtresses qui tombent au sol.

La face de l’os observe, peut-être retient-elle son pouvoir d’attiser le feu, de souffler le vent, comme s’il s’agissait de faire durer le plaisir, de jouir du panorama ».

Seascapes, Hiroshi Sugimoto

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 27 Août 2016. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Seascapes, éd. Xavier Barral, 2015, 273 pages dont 3 dépl., 60 € . Ecrivain(s): Hiroshi Sugimoto

 

L’océan. Pour être à même de dire quelque chose de l’océan, – l’océan qui fait que se tient ensemble l’horizon (comme un seul tout, alors qu’il est divers), dans une sauvagerie pure qui nous interdit de la rejoindre –, il faut trois choses, comme dirait Erri De Luca. Pas une, pas deux. Trois.

En premier lieu, il faut s’en référer à la mythologie. Écoutons ainsi Munesuke Mita (in Seascapes) traduit du japonais par Corinne Atlan (« La ligne d’horizon du temps, ou l’arrêt fécond ») :

« Selon le mythe babylonien de la création du monde, au commencement étaient les eaux rugissantes de l’océan. Cet élément où régnait le chaos, personnifié par la déesse Tiamat, fut vaincu par Mardouk, fils du dieu Éa, qui fendit son corps en deux, créant ainsi d’une part la Terre, de l’autre le Ciel. Tiamat était représentée sous la forme d’un gigantesque dragon. Toutes les civilisations possèdent des mythes similaires : les dieux ou les héros de la genèse créent l’ordre du monde en terrassant un dragon (ou un serpent). C’est, en Égypte, la victoire du dieu Rê sur le serpent Apophis ; dans l’Ancien Testament, l’anéantissement du Léviathan par Yahvé ; en Inde, la mort de Vritra, écrasé par Indra ; au Japon, la victoire de Susanoo sur Yamata no Orochi ; en Perse, le triomphe de Thraetaona sur un dragon tricéphale, etc.

Apollinaire, le regard du poète

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 22 Août 2016. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard

Apollinaire, le regard du poète, édition publiée sous la direction de Claire Bernardi, Laurence Des Cars, Cécile Girardot, coédition Gallimard / Musées d’Orsay et de l’Orangerie, mars 2016, 320 pages, 45 € Edition: Gallimard

 

 

Il est des catalogues qui nous proposent un souvenir – plus ou moins pâli, suivant la qualité des reproductions – d’une exposition, ouvrages à feuilleter d’une main rêveuse. D’autres, comme celui-ci, offrent de véritables – et coûteuses – sommes qui prolongent de façon savante l’exposition, voire la sous-tendent, en étayent l’accrochage, qui peut paraître alors comme la partie émergée d’un iceberg scientifique.

Si le thème de l’exposition « Apollinaire, le regard du poète » appelle d’emblée un public et un regard lettrés, le catalogue fournit aux esprits les plus exigeants les analyses des meilleurs spécialistes d’Apollinaire. Dans un renversement qui n’est pas sans exemple pour les grandes expositions, l’exposition paraît illustrer le catalogue, pièce principale de l’entreprise muséale.

Seul le bleu reste, Samaël Steiner, estampes de Judith Bordas

Ecrit par Cathy Garcia , le Samedi, 20 Août 2016. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Seul le bleu reste, éd. Le Citron Gare, juin 2016, 87 pages, 10 € . Ecrivain(s): Samaël Steiner et Judith Bordas

 

Une traversée, voici ce qu’évoque ce recueil de Samaël Steiner. Ombre et lumière tissées par une langue dense et sensuelle. Traverser et être traversé et Seul le bleu reste. Des villes, des lieux, traversés par des corps, des corps qui marchent, des corps qui glissent,

« Nous allons ensemble,

la rue n’est plus bordée de portes

mais de larges entailles, par lesquelles

on peut se glisser

et apparaître ailleurs et autrement »

des corps qui se touchent, des corps et des êtres que seul un voile de peau sépare, des corps qui se désirent, des êtres qui s’aiment, des corps ouverts souvent comme des fruits ou des poissons, des corps qui tombent, des corps comme des morceaux de pays traversés de guerre, « les corps sont là / la tête traversée » comme celle du danseur de la place Maïdan :

Francis Picabia, Catherine Hug, Anne Umland, Hatje Kantz

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 19 Août 2016. , dans Arts, Les Livres, Recensions, La Une Livres

 

Un printemps aux aguets

Selon Picabia « Les cubistes voulurent couvrir Dada de neige : ça vous étonne mais c’est ainsi, ils veulent vider la neige de leur pipe pour recouvrir Dada ». Le tout parce que le mouvement né à Zurich leur empêchait de pratiquer leur odieux commerce. Et soudain la peinture tourne et se détourne des « chiures de mouches ». A qui en réclame, il vaut mieux proposer des reproductions ou des autographes.

Picabia fut donc détesté et s’en satisfaisait. Mais son œuvre tient : elle ne date pas. Plutôt que de « cuber les tableaux des primitifs, et les sculptures nègres, cuber les violons, les guitares, les journaux illustrés, la merde », l’artiste a semblé cultiver le rien. Il est devenu un tout que les toutous du Surréalisme ont largement annexé à leur profit.

Son art reste vivant et dégagé des « huîtres sérieuses » aimées par snobisme. Celui qui se refusait à être sérieux et qui considérait « le seul mot qui ne soit pas éphémère, est le mot mort » a fait de son œuvre un voyage dans la vie.