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Arts

Des sorcières comme les autres, Fabienne Dumont

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 26 Janvier 2015. , dans Arts, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Histoire

Des sorcières comme les autres. Artistes et féministes dans la France des années 1970, Presses universitaires de Rennes, mai 2014, 568 pages, 26 € . Ecrivain(s): Fabienne Dumont

Dans cet ouvrage issu de sa thèse Femmes, art et féminismes dans les années 1970 en France, soutenue en 2014, l’historienne de l’art Fabienne Dumont propose une défense et illustration de l’art des femmes de la décennie, mettant en évidence à la fois son intérêt, sa richesse, sa spécificité et sa sous-représentation dans les histoires de l’art et les espaces d’exposition.

C’est à cette sous-représentation que s’attache d’abord la chercheuse. Montrant la présence importante des femmes dans les écoles d’art, elle constate ensuite leur mise à l’écart des instances les plus légitimes de visibilité, en étudiant les revues d’art, les expositions des musées, les salons et les galeries d’art. Après cette première partie, Fabienne Dumont retrace l’histoire des réseaux alternatifs ayant tenté de compenser cette marginalisation des femmes. Elle s’attache en particulier à six collectifs : l’Union des femmes peintres et sculpteurs, Féminie-Dialogue, Femmes en lutte, Femmes/Arts, Art et regard des femmes. Tout en soulignant leur impact limité pour la reconnaissance de l’art des femmes sur la scène artistique, elle montre l’importance de ces groupes pour des créatrices isolées qui prennent ainsi conscience de la spécificité de leur condition d’artistes-femmes.

Yeux, Michel Serres

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Lundi, 05 Janvier 2015. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Pommier éditions

Yeux, octobre 2014, 192 pages, 39 € . Ecrivain(s): Michel Serres Edition: Le Pommier éditions

 

« L’amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l’âme »

William Shakespeare

 

Michel Serres, philosophe, historien des sciences, publie un nouvel ouvrage, Yeux (éditions Le Pommier). Il y développe une contradiction de la « vision », de la représentation, dans l’espace du voir, du vu et de l’invu. Il y interroge tous les regards, dans notre société qui pense tout voir et avoir tout vu ! A ce titre, son livre est un Panoptès idéal, classique, dans l’espace et le temps, d’un musée idéal de celui qui regarde. Car, nous qui regardons, nous sommes aussi observés par tous et partout ! Or, Michel Serres sait habilement nous prévenir du caractère énigmatique de l’ouvrage, entre échec et réussite. Il tente de poser à côté des images une typographie soignée, à l’image du poème Pour faire le portrait d’un oiseau de Jacques Prévert, tout en posant cette question : qu’est-ce que la littérature ?

De l’Art Brut aux Beaux-Arts convulsifs, Jean Dubuffet et Marcel Moreau

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 12 Décembre 2014. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Correspondance

De l’Art Brut aux Beaux-Arts convulsifs, L’Atelier contemporain, novembre 2014, préface de Nathalie Jungerman, 96 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean Dubuffet et Marcel Moreau

« … voilà des siècles (des siècles elliptiques) que mes mots bégaient “peinture”, “peinture”. Je pense cette fois que c’est la vôtre qu’ils voulaient dire. Une couleur, une forme qui soient tribales, tripales, qui résument avec des dévergondements, des commencements de gâchis rattrapés par le feu, la torture nue du destin », M. M. à J. D. 23 février 1969.

« Votre lettre tournoyante et trépidante comme un vol de papillon dans le rayon d’un phare. C’est la danse du oui-non, de la visée-vision, de l’ébullition gelante. Votre lettre jaillissante en figure d’éruption, d’explosion. Je suis grandement touché de l’affection qu’elle me manifeste », J. D. à M. M. 8 avril 1969.

Après Personne n’est à l’intérieur de rien (Jean Dubuffet, Valère Novarina) recensé ici même, voici un nouvel opus de correspondances entre le peintre et un écrivain. Marcel Moreau, auteur des hauteurs, écrivain du risque permanent, de la mise en danger de la phrase et du corps. Ma main qui éprouve la chaleur de mon corps en mesure à la fois la finitude et la toute-puissance (Les arts viscéraux).

Dans l’ombre de Charonne, Désirée et Alain Frappier

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Samedi, 01 Novembre 2014. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Dans l’ombre de Charonne, éd. du Mauconduit, préface de Benjamin Stora, 136 p. 18,50 € . Ecrivain(s): Désirée et Alain Frappier

Fils d’Israël, souvenez-vous du bienfait dont je vous ai comblés. Je vous ai mis au-dessus des mondes

Le Coran, Sourate II, la vache, (47, trad. Jean Grosjean, 2008)

 

Ressouvenir : un carnage organisé

 

Un pan de l’Histoire occulté

C’est un véritable travail d’historienne auquel s’est livrée Désirée Frappier, qui a mené une enquête auprès de plusieurs interlocutrices et interlocuteurs, dont certains furent présents et témoins au moment du drame évoqué. Depuis la préface de Benjamin Stora, lui-même concerné par la guerre d’Algérie, auteur de nombreux ouvrages cités, jusqu’au témoignage individuel de l’héroïne principale, le récit se densifie avec les annexes – les lettres des enfants de rescapés, des coupures de presse relatant cette « sauvagerie criminelle » (cité par J. Derogy, p.126) et le travail d’archiviste des époux Frappier.

Le Tao du Toreo, André Velter et Ernest Pignon-Ernest

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Septembre 2014. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud, La rentrée littéraire

Le Tao du Toreo, édition bilingue, traduction espagnole de Vivian Lofiego, septembre 2014, 80 p. 26 € . Ecrivain(s): André Velter et Ernest Pignon-Ernest Edition: Actes Sud

 

« Tu possèdes la magie d’une question sans réponse,

Question à la vie et à la mort

Qui renaît au sable des arènes

Entre une ligne d’ombre et un sas de soleil ».

 

Une date, le 16 septembre 2012, comme un sas de soleil qui monte de l’ovale de Nîmes. Un sas de mots et une ligne noire. Des mots et des lignes de fusain qui se croisent comme se croise José Tomás. Un dimanche matin inspiré, le torero s’avance sur le sable pour un solo, laissez-moi seul, seul face à six toros, pour à son tour dire le je ne sais quoi.