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Arts

La mélodie sanctuaire, Arnaud Gauthier (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 15 Février 2019. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Mot et le Reste

La mélodie sanctuaire, janvier 2019, 252 pages, 20 € . Ecrivain(s): Arnaud Gauthier Edition: Le Mot et le Reste

La musique peut adoucir les mœurs. C’est en tout cas ce que prétendent certains. Mais la musique est aussi capable de faire bien pire (que de nous écorcher les oreilles). Et s’il existait une chanson avec des pouvoirs quasi magiques ? Une chanson capable d’ensorceler les gens, de leur rendre la vie plus douce, mais qui pourrait également révéler les pulsions primaires et créer le danger, l’insécurité ? Il s’agirait d’une chanson qui fait succomber celui ou celle qui l’écoute dès la première note, et qui ensuite devient comme une drogue qu’on ne se lasse jamais d’écouter. Ce serait une chanson qui a les mêmes pouvoirs que la musique du joueur de flûte d’Hamelin ou que le chant des sirènes de L’Odyssée.

Cette chanson existe et elle a été créée par Alex Grant Zyler, un chanteur d’un des plus grands groupes de rock du monde.

En fait, le chanteur du groupe Heart Vigilantes ne l’a pas vraiment créée. Cette chanson s’est plutôt révélée par sa guitare et sa voix, car elle existe depuis très longtemps. Elle existe même depuis plusieurs siècles et elle lie les hommes entre eux. C’est « une mélodie venue du fond des âges » qui réapparaît de temps à autre, sous différentes formes. Ceux qui l’écoutent se retrouvent alors comme enfermés dans un sanctuaire, c’était comme si un chaman les contrôlait. On l’appelle la « mélodie sanctuaire ».

Post-Minimalisme et Anti-form, Dépassement de l’esthétique minimale, Claudine Humblet (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 14 Février 2019. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Post-Minimalisme et Anti-form, Dépassement de l’esthétique minimale, Skira, Genève, 2017 . Ecrivain(s): Claudine Humblet

 

Le livre de Claudine Humblet est pertinent car il se nourrit non seulement de ses connaissances mais aussi de ses rencontres avec les artistes d’un art qui s’édifie d’abord dans années 60-70 et réunit un certain nombre de créateurs. Celle qui connaît parfaitement l’évolution de l’art aux USA depuis la Nouvelle Abstraction puis L’Art Minimal offre ainsi le troisième temps de sa trilogie américaine. Elle met en avant l’importance des matériaux (quelle qu’en soit la nature) au moment où le ménage ayant été fait au sein des vieilles images écrasées sous le poids du passé.

L’art peut renouer avec des concepts structuraux auxquels et paradoxalement l’Anti-form donne voie en renouvelant le sens du geste, le choix du matériau et le positionnement de l’œuvre dans l’espace. Ils demeurent souvent méconnus en Europe. C’est le cas d’Eva Hesse, décédée très jeune, de Keith Sonnier qui récrée son propre langage formel, de Gary Kuehn, Lynda Benglis, Rill Bollinger, Alan Saret et – plus connu mais non le moindre – Richard Serra. Tous ces créateurs font clignoter dans les cases et caves du cerveau des lumières intempestives.

Les Origines Sportives du Cinéma, Georges Demenÿ (par Jean Durry)

Ecrit par Jean Durry , le Lundi, 04 Février 2019. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Les Origines Sportives du Cinéma, Somogy Editions d’Art, INSEP, 2017, 240 pages, 35 € . Ecrivain(s): Georges Demenÿ

 

De haut niveau.

L’intérêt des Editions Art Somogy pour le thème du sport, manifesté par exemple dès 1996 avec l’édition de L’affiche de sport dans le monde, de François et Serge Laget, s’exprime ici de la façon la plus pertinente. Une maquette impeccable soutient un texte aussi nourri que précis.

L’équilibre noir et blanc d’une mise en page esthétique met en valeur la qualité exceptionnelle des documents réunis. En hommage à André Drevon et à son travail pionnier des années 1990 ainsi qu’à Pierre Simonet, fondateur de l’iconothèque de l’INSEP – Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance –, sont donc resitués la trajectoire et l’apport de Georges Demenÿ – fin visage, lorgnons, moustache et barbiche. L’équipe conduite par Patrick Diquet, s’appuyant sur la restitution des images menée de longue haleine par Stéphane Dabrowski, ainsi que sur les recherches de Christophe Meunier pour la préparation du présent ouvrage, s’est de propos délibéré inscrite dans les pas et le sillage de Drevon, reprenant volontairement les jalons qu’il a posés et le titre même donné en 1994 au film qu’il avait consacré à Demenÿ.

Federico Fellini Le métier de cinéaste, Rita Cirio (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 28 Janvier 2019. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Seuil, Albums

Federico Fellini Le métier de cinéaste, septembre 2018, trad. italien René de Ceccatty, 256 pages, 39 € . Ecrivain(s): Rita Cirio Edition: Seuil

 

 

Un album de toute beauté pour honorer la mémoire d’un des plus grands cinéastes du XXe, Federico Fellini (1920-1993), qui propose une interview au long cours, entreprise par la journaliste Rita Cirio, durant les années 1992-1993, à l’extrême fin du parcours du grand créateur.

L’intérêt manifeste de ces entretiens tient à l’ampleur qu’ils dessinent dans l’approche de l’œuvre collective d’un cinéaste majeur, dans la mesure où ils traitent de l’équipe de travail, d’un regard sur les acteurs, la mise en scène, la direction d’acteurs, le rôle des producteurs, ainsi que sur l’artisanat propre au cinéaste, qui ne devint réalisateur qu’après une longue période d’apprentissage dans le journalisme (les revues Marc’Aurelio, Cine Magazzino), dans le travail de scénariste.

Grayson Perry, Vanité, identité, sexualité, Camille Morineau, Lucia Pesapane (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 14 Janvier 2019. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Grayson Perry, Vanité, identité, sexualité, Camille Morineau, Lucia Pesapane, Editions Lienart, octobre 2018, 200 pages, 29 €

 

Le stéréotype et son contraire

Grayson Perry et « Claire » (son double féminin) sont à Paris. L’artiste qui se définit comme « motard, travesti, issu de la classe ouvrière et qui s’en est plutôt bien sorti » utilise le textile et la poterie – arts féminins – pour s’opposer à ce qui résiste dans le monde de l’art admis. Son livre permet d’approfondir ce qui est le cœur de l’œuvre présentée pour la première fois en France en institution muséale.

A la Monnaie de Paris sont présentées diverses tenues de « sa » Claire, puis les objets qu’il fabrique avec la céramique, le bois, le métal, la tapisserie, en cherchant toujours ce qui est le plus dénigré dans l’art. L’artiste et auteur ne cherche pas forcément plus l’originalité que la diffusion. Néanmoins à travers ces travaux, il impose ses idées sur le genre, l’identité et la société anglaise. Et Camille Morineau comme Lucia Pesapane insistent néanmoins sur le caractère inédit des images complexes et puissantes