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September September, Shelby Foote (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 11 Février 2020. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

September September, Février 2020, traduit de l’américain par Jane Fillion, traduction révisée par Marie-Caroline Aubert. 431 p. 21 € . Ecrivain(s): Shelby Foote Edition: Gallimard

 

Ce roman du grand Shelby Foote, son dernier roman en date de 1978, a été publié pour la première fois en français sous le titre de « Septembre en noir et blanc », traduit par Jane Fillion pour les éditions 10/18 en 1985. Il est réjouissant de voir ce bijou réédité par Gallimard/La Noire, avec la traduction de Jane Fillion toujours, revue et corrigée par Marie-Caroline Aubert.

 

Décidément, Shelby Foote ne fait rien comme aucun autre écrivain. Dans ce roman, il s’attaque au genre « polar » mais aucun des codes connus de ce genre ne sont ici appliqués. Si bien que, si ce livre est un polar, alors tous les polars n’en sont pas. A travers l’intrigue qui tient September, September Foote va décliner toutes ses obsessions : le Sud bien sûr, son histoire, ses démons, les rapports entre blancs et noirs, la dérive des petits blancs pauvres vers le crime, les rapports sulfureux entre hommes et femmes et, toujours, en fond de tableau, l’Histoire des USA, la monographie du Delta, la mythologie sudiste.

En vol, Alan Tennant (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 07 Février 2020. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister

En vol – Traduit par Jacques Mailhos – 480 p. – 11,70€. Edition: Gallmeister

 

Au milieu des années 1980, Alan Tennant, naturaliste, observateur d’oiseaux depuis son plus jeune âge et auteur d’ouvrages d’herpétologie, participe à une étude sur le faucon pèlerin arctique, Falco Peregrinus Tundrius. La base de départ se trouve à Padre Island, le banc de sable le plus long du monde situé sur la côte de la région du sud Texas où 380 espèces d’oiseaux ont été documentées. Le programme est pris en charge par l’armée dans le cadre de recherches sur la guerre chimique et le Centre de Cancérologie M.D. Anderson de l’Université du Texas, grâce auquel Tennant est invité. Il s’agit pour l’Université d’étudier « les traces de pesticides organochlorés (DDT…) et de composés cancérigènes, diffusés et répandus par voies naturelles, susceptibles d’affecter notre existence tout autant que celle de ces faucons » dont la réceptivité à ces substances est très grande puisque la coquille de leurs oeufs devient fragile au point d’empêcher toute reproduction. L’équipe d’observateurs se compose, outre de Tennant, de George Vos, ancien de la seconde guerre mondiale aux commandes de son Cessna Skyhawk, et de Janis Chase attachée militaire chargé du suivi radio des oiseaux jusqu’à leur vecteur de migration.

Anatomie de l’horreur, Stephen King (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 03 Février 2020. , dans USA, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Fantastique, Albin Michel

Anatomie de l’horreur, 2018, trad. anglais (USA) Jean-Daniel Brèque, 620 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Stephen King Edition: Albin Michel

 

Adulé par le public, mais longtemps boudé par les critiques qui écrivent dans les suppléments littéraires des quotidiens, Stephen King a consacré sa carrière à un sous-genre considéré (à tort) comme mineur, voire infréquentable : le roman d’horreur. Il s’intéressa également au cinéma, à la fois comme spectateur de films et lorsque le 7ème art vint frapper à la porte de son bureau pour transposer ses livres (King semble un des rares écrivains satisfaits des adaptations cinématographiques de leurs œuvres. Il est vrai que John Carpenter, Brian De Palma et surtout Stanley Kubrick ne sont pas les premiers venus).

Anatomie de l’horreur fournit une occasion privilégiée d’ouvrir la porte de ce bureau et d’y jeter un long regard. King y présente le bilan d’une vie de lecture et d’écriture, à travers les œuvres qui l’ont marqué et non sans insister sur les différences radicales entre la littérature et le cinéma (les œuvres les plus « littéraires » étant les moins « cinématographiques », comme l’ont montré les échecs répétés – quand on a seulement tenté l’entreprise – des adaptations de Cervantès, Proust, Borges ou Joyce).

Moustiques, William Faulkner (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 29 Janvier 2020. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Points

Moustiques (Mosquitoes, 1927). Traduit de l’américain par Jean Dubramet. 328 p. 8,80 € . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: Points

 

Ecrire, ne serait-ce que quelques lignes, sur un roman de William Faulkner semble toujours être d’une audace présomptueuse. Tant a été dit, écrit, analysé, disséqué sur l’œuvre du maître du Mississippi qu’il peut paraître inutile de dire encore quelque chose. Plus d’audace encore que de dire dans ce propos que le roman considéré est, probablement, le moins grand de son auteur. Mais le « moins grand » Faulkner ne serait-il pas aussi un grand roman ?

Un bateau de loisirs, la Nausicaa, en croisière sur un lac (probablement le Pontchartrain, jamais nommé dans le roman), appartenant à une grande bourgeoise créole, Mrs Maurier, emmène pour une croisière de quelques jours une bande de personnages « Bourgeois Bohêmes » – déjà – artistes, mécènes, jolies filles, bourgeois sudistes de la Jet-Society orléanaise. Croisière qui s’avèrera mouvementée mais surtout un moment d’échanges vides entre personnages qui ne le sont pas moins. Amour, argent, succès, déceptions – l’occasion est rêvée pour ces gens de trimbaler leur égocentrisme, de se l’envoyer à la figure à longueur de temps, dans une joute permanente lors de laquelle les « passions tristes » spinoziennes vont tenir la barre.

Lake Success, Gary Shteyngart (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 22 Janvier 2020. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Lake Success, Traduit de l’américain par Stéphane Roques. 380 p. 24 € . Ecrivain(s): Gary Shteyngart Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Peut-on quitter Manhattan ? Peut-on sortir de ses tours, de ses rues, de ses appartements à 5 millions de dollars (au moins nous dit Gary Shteyngart – pour compter vraiment), de ses millionnaires spéculateurs hallucinés dont le cerveau est imprégné de chiffres, de courbes, de hausses et de gouffres boursiers ? Manhattan est n’est pas un quartier de NYC, c’est un « dedans » halluciné et hallucinant. Hors de Manhattan, il y a le « dehors », c’est-à-dire le monde réel, avec sa crasse, ses pauvres, sa boue. Le héros de ce roman est fasciné par le dedans-dehors. Il l’enseigne même à son jeune fils autiste, comme une leçon fondamentale :

« Avant le diagnostic, Barry s’allongeait à côté de son fils quand il avait peur du tonnerre et des éclairs et lui disait : « Tout va bien, Shiva. Parce que le tonnerre gronde dehors. Dedans, tu es à l’abri avec maman et papa. Tu comprends la différence ? Dehors et dedans. »