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Contagion, Lawrence Wright (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 14 Mai 2021. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Contagion, Lawrence Wright, octobre 2020, trad. anglais (USA) Laurent Barucq, 480 pages, 22 € Edition: Le Cherche-Midi

Ne faut-il pas avoir une certaine dose de masochisme pour écrire – et pour lire – un volumineux roman que l’on peut qualifier de « page-turner », dont le thème est une pandémie virale mondiale qui a des répercussions sanitaires, politiques, économiques et bien évidemment familiales pour les personnages de l’intrigue ? Ou, plus sérieusement, se pose la problématique suivante : quel écart d’avec la réalité peut prendre une intrigue qui s’inspire, de toute évidence et par anticipation, d’une situation réelle que l’humanité est en train de vivre, tout en la portant jusqu’à un aboutissement qui ne sera sans doute pas celui que nous connaîtrons ? L’ouvrage est en effet publié en octobre 2020, alors que la planète ne connaissait encore ni la deuxième ni la troisième vague de la pandémie du SARS-CoV-2 et qu’aucun vaccin n’était encore mis sur le marché. La mimesis propre à toute œuvre de fiction est ici très pertinente à étudier.

En temps de pandémie, et alors que l’Occident affronte une troisème vague de recrudescence virale, au cours d’une deuxième année qui s’avère meurtrière bien que portée par l’espoir d’un vaccin, le lecteur suit ainsi, avec un intérêt mêlé d’appréhension, les péripéties de Henry Parsons, épidémiologiste de renom, et de ses collègues, pour comprendre puis remédier à la diffusion exponentielle d’un virus inconnu aux quatre coins de la Terre.

A propos de Bartleby, le scribe d'Herman Melville (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Mercredi, 12 Mai 2021. , dans USA, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Roman

Un siècle et demi après sa parution, j’ai lu la fameuse nouvelle d’Herman Melville, Bartleby, the Scrivener (Bartleby, le scribe). L’auteur de Moby Dick est un géant dans l’histoire de la littérature. Camus le plaçait au-dessus de Kafka parce qu’il voyait chez lui une part de lumière absente chez le second. Mais cette clarté lui venait, selon Borges, de la « curieuse lumière ultérieure » que Kafka projetait sur lui. Une chose est certaine, il ne fait pas très clair dans Bartleby, encore que tout dépende de la lecture qu’on en fait.

Embauché comme copiste dans un cabinet d’avocat de Wall Street, Bartleby se montre vaillant au début, mais un jour où l’avocat lui demande de comparer un document avec ses collègues, il répond : I would prefer not to. Par la suite, peu importe ce qu’on lui demande, cet homme calme donne toujours la même réponse. Il n’accepte pas ni ne refuse, mais dit préférer ne pas le faire. Bientôt il ne fera plus rien, se contentant de regarder le mur aveugle en face du bureau, et s’enfermera dans le silence. Un matin, l’avocat se rend compte que Bartleby a dormi à l’étude, qu’il n’a nulle part où aller et n’a pas l’intention de partir. Il lui propose divers accommodements, il pourrait venir rester chez lui ? Non, il préférerait ne pas. Il répond toujours avec douceur, c’est un homme paisible, pâle, mélancolique, sans colère, à peine ironique. Mais voilà, il ne fait pas ce qu’on lui demande et devient fort dérangeant. Tout cela finira mal (La version originale de Bartleby est en accès libre.)

L’Obscurité du dehors, Cormac McCarthy (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 05 Mai 2021. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Points

L’Obscurité du dehors (Outer Dark, 1968), trad. américain, François Hirsch, Patricia Schaeffer, 226 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): Cormac McCarthy Edition: Points

 

Si on excepte Le Gardien du verger, premier roman un peu atypique dans l’œuvre de McCarthy, L’Obscurité du dehors est le premier grand roman du maître. McCarthy y déploie ses gammes, ses thèmes obsessionnels qui traverseront son œuvre comme le son d’une viole de gambe traverse un concerto baroque. L’effroyable misère du Sud, matérielle et morale, produit des enfants ravagés, oublieux d’eux-mêmes et du monde, des êtres à peine humains et donc plus humains encore. La déroute de l’humanité – sans terre ni ciel – s’y perçoit comme une annonce du chef-d’œuvre à venir juste après, Suttree. Et du suivant, Méridien de sang. A force de camper des fantômes, des désêtres, McCarthy finit par effacer le concept hasardeux d’homme, par annuler la frontière entre le bien et le mal, par esquisser un univers où l’aventure humaine n’a ni source ni destination ; elle est juste une marche vacillante et erratique dans des espaces auxquels la géographie même ne donne pas de noms.

Nuit de foi et de vertu, Louise Glück (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 04 Mai 2021. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard

Nuit de foi et de vertu, Louise Glück, mars 2021, trad. anglais (USA) Romain Benini, 160 pages, 17 €

 

Au sein de cette Nuit de foi et de vertu, la plupart des poèmes s’ouvrent comme d’apparents récits, ont l’air de se dévoiler avec une narration traditionnelle. Mais la forme du vers, bien souvent, prédomine ; et même quand cette forme n’y est pas, un rythme s’impose tel qu’il nous fait entrer dans le courant d’une pensée, ou de plusieurs pensées, comme autant de temporalités, d’images, de tableaux, qui s’entrecroisent, malgré soi, qui se brouillent dans un même flux, cherchant à nous faire atteindre – peut-être – un sens à nos émotions. Cela voudrait-il dire que Louise Glück (ou l’énonciateur du poème) tend à un but ? Probablement moins qu’on ne le croie. Il semble plutôt que la poétesse tienne à exposer : on part d’un fait somme toute banal, qui, au fur et à mesure du déroulement continu du poème, prend des dimensions de plus en plus larges sur l’existence confrontée au temps, sur les questionnements et événements qui ont bouleversé une vie. Et tout ceci sans l’once d’une grandiloquence, mais plutôt en ayant l’air de passer, telle une ombre glissant devant une fenêtre ensoleillée, et en étant toujours relié au quotidien.

La Conspiration Vatican, Ernest Dempsey (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 28 Avril 2021. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

La Conspiration Vatican, Ernest Dempsey, 2020, trad. anglais, Étienne Gomez, 384 pages, 22 € Edition: Le Cherche-Midi

En 1798, Napoléon a plus soif que jamais de conquêtes, il rêve d’étendre son empire en Orient et à l’Est. Il vient de prendre Malte et se trouve à La Valette où il se rend dans la sacristie de la co-cathédrale Saint–Jean, construite par les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem aussi appelés Hospitaliers. Il va trouver un chevalier acquis à ses idées, Jean-Antoine Couture, pour s’emparer de l’une des reliques de la sainte église. Il s’agit de l’anneau de saint Jean-Baptiste. Il pense que ce bijou va lui apporter la force et le pouvoir de rassembler autour de lui la population des pays qu’il convoite.

2019 en Floride, Tommy le dirigeant de l’International Archeological Agency (IAA), fondée pour le recouvrement et la restitution d’objets patrimoniaux, a rassemblé dans sa résidence de Rosemary Beach les membres de son équipe : son épouse June Holyday, Sean Wyatt et sa femme Adriana Villa. Ils reçoivent la visite de Gabriel Bodmer qui se présente comme le commandant de la Garde Suisse vaticane. Celui-ci leur révèle ce qui doit rester un secret : le cardinal Jarllson a été assassiné et l’on soupçonne le possible prétendant au trône de saint Pierre. Ce dernier, le cardinal Klopp, fait remettre par Bodmer au dirigeant de l’IAA qu’il connaît de réputation une lettre signée de Napoléon !