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Roman

Les Nouveaux Mondes, Sylvie Ferrando

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 14 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Edilivre

Les Nouveaux Mondes, février 2016, 227 pages (les 2 volumes) 12 € et 13 € chacun . Ecrivain(s): Sylvie Ferrando Edition: Edilivre

 

Deux petits livres, chacun portant son titre-sens ; le Livre 1 (il y a comme du Montaigne dans ce découpage) : « Chronique de la vie antérieure – les années du bonheur » avec une photo de la Côte normande, « ce petit pan de côte entre Cabourg et Trouville ». Le 2 : « jour après jour – les années denses », photo d’un quartier-buildings d’une métropole américaine.

Déroulé tranquille du récit avec l’absence du souci de l’exhaustif, de l’obligation du mot « fin », de telle sorte que quand arrive la dernière page de ces lectures-écritures Ferrando, on suppute qu’il pourrait y avoir une suite, mais qu’il pourrait seulement…

C’est l’histoire (plutôt, on nous raconte l’histoire) d’une famille française, bourgeoise, à l’aise dans cette façon si particulière à ce pays de jumeler les avoirs matériels avec la distance – la décence – qu’on se doit de garder justement avec l’argent, et le devoir, naturel, de préserver les acquis intellectuels et culturels ; les belles études, les bibliothèques, le goût pour les arts, les voyages. La bourgeoisie ici descend d’un XIXème siècle français issu des Lumières ; argent, positions de notables, études des enfants : « être dans la norme, passer les concours prestigieux ; ne pas flancher, surtout ne pas flancher ».

L’Île Bleue, Jean Raspail

Ecrit par Mélanie Talcott , le Samedi, 14 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Robert Laffont

L’Île Bleue, août 2016 (première édition 1987), 270 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean Raspail Edition: Robert Laffont

 

Ce n’est pas un grand livre, mais ce n’est pas non plus un mauvais livre. Juste une valeur sûre. Du Jean Raspail. Bien tourné. Pas un style qui dépote, non. Plutôt pépère, plutôt propret. Rien qui dépasse, mais rien qui retient non plus. Lisse comme l’histoire et ses protagonistes. La France pétainiste de juin 1940, celle du pouvoir qui se barre au nom du courage pour sauver ce qui reste soi-disant à sauver sur fond de débâcle, ministres effervescents d’inefficacité dont l’un porte le nom, comme un clin d’œil vachard, du plus célèbre bordel de l’époque où le Tout Paris nazi et collaborateur alla se délivrer studieusement du mal, maîtresses gloussantes de vulgarité et dossiers dont personne n’a plus rien à foutre, croisent d’un château à l’autre la France d’en-bas – comme on dirait aujourd’hui – celle qui s’en fout ou qui a la frousse et sauve ses meubles ou plutôt le peu qu’elle peut emporter avec elle sur les routes de l’exode en direction de nulle part, mais loin de l’envahisseur allemand qui, lui, avance aussi surpris que ravi de rencontrer si peu de résistance sur sa route.

Très chère Ursule, Mano Gentil

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 13 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Serge Safran éditeur

Très chère Ursule, janvier 2017, 229 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Mano Gentil Edition: Serge Safran éditeur

 

Mano Gentil a le sens de l’architecture. Et du talent pour disposer du temps comme d’un accessoire. Elle manie les évènements comme elle déplacerait le mobilier dans son appartement ou le vôtre, cette table au centre plutôt que contre le mur, elle sélectionne les tissus, lisse les tentures, coud les ourlets des rideaux, accentue les plis qui confondront les êtres de ses compositions, pire, les mettront en lumière. Elle range, elle aménage.

Les placards de ses personnages.

Elle affectionne la poussière glissée sous les tapis, la laisse volontiers gonfler, prend un malin plaisir à l’éparpiller. Elle a le goût du mécanisme théâtral. Et la correction de ne répéter ni les sujets, ni les tonalités, d’un livre (à) l’autre. « Nous étions jeunes et larges d’épaules », « Dans la tête des autres », « Boucher double », « Le cri du Gecko », entre autres.

Je puais le sang d’âne, Hafez Khiyavi

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 11 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Serge Safran éditeur

Je puais le sang d’âne (Bu-ye khun-e khar), octobre 2016, trad. persan (Iran) Stéphane A. Dudoignon, 190 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Hafez Khiyavi Edition: Serge Safran éditeur

 

Treize nouvelles pour partager la vie quotidienne des Iraniens, non pas de ceux dont les médias nous renvoient l’image, ceux des villes, des ayatollah, des femmes enfoulardées, et des brimades qu’exercent les miliciens des brigades des mœurs sur celles qui ne le sont pas assez, non, ces treize histoires nous font découvrir les Iraniens de la campagne, par le récit de drôles de mésaventures que connaissent des individus du terroir, dont certains, adolescents ou jeunes gens un peu simplets, font penser immédiatement à Djoha, ce personnage souvent tourné en ridicule de contes et de fables persans et arabes.

Plusieurs nouvelles ont pour décor un verger dont les fruits défendus, cerises, prunelles, mûres, griottes, pêches, selon la situation, attirent l’acteur principal qui s’y rend en cachette soit par gourmandise personnelle, soit pour en faire l’offrande à celle de qui il veut se faire bien voir en une sorte d’inversion des rôles d’Adam et d’Eve dans la fable du jardin d’Eden.

La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier, Terry Pratchett, Ian Stewart & Jack Cohen

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 11 Janvier 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Iles britanniques

La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier, L’Atalante, La Dentelle du Cygne, avril 2015, trad. anglais Patrick Couton, Lionel Davoust, 432 pages, 21 € . Ecrivain(s): Terry Pratchett, Ian Stewart & Jack Cohen

 

Pour apprécier La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier à sa pleine et juste valeur, il conviendrait de réunir deux conditions : 1) être amateur des Annales du Disque-Monde ; 2) être amateur de vulgarisation scientifique (accessoirement, une troisième condition pourrait s’imposer : avoir lu les trois premiers volumes de La Science du Disque-Monde).

Si l’œuvre de Terry Pratchett (1948-2015), le plus grand auteur humoristique anglais depuis P.G. Wodehouse (dixit la formule promotionnelle habituelle), cette fantasy à la délirante inventivité verbale et scénaristique, laisse indifférent, autant passer son chemin ; si l’idée de lire des pages où il est question de théorie des cordes ou de la place de l’être humain dans l’univers révulse, idem. Par contre, si l’on est atteint de curiosité intense incurable, avec un esprit suffisamment retors pour rire en apprenant, alors, même si le nom de Pratchett est inconnu, il faut lire La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier, au risque d’y prendre un plaisir sans mélange.