Identification

Recensions

On ferait comme si, André Marois, Gérard DuBois (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 04 Avril 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Grasset, Jeunesse

On ferait comme si, André Marois, Gérard DuBois, Grasset-Jeunesse, Coll. Lecteurs En Herbe, 22x28 cm, 2023/2024, 18,50 € Edition: Grasset

 

Le jardin potager s’anime !

Ce magnifique album jeunesse cartonné, On ferait comme si, a été élaboré par André Marois (né en 1959 à Créteil, installé à Montréal, romancier, scénariste et chroniqueur, finaliste du Prix des libraires du Québec Jeunesse 2021 et du Prix jeunesse des univers parallèles 2021, membre de l’UNEQ (l’Union des Ecrivaines et des Ecrivains Québécois), et par Gérard DuBois (né en 1968, diplômé de l’École Estienne et du L.E.I. Rue Madame à Paris, récompensé du Prix du Gouverneur général : littérature jeunesse de langue française, illustration 2021).

Pour en venir à ce bel ouvrage pour la jeunesse, il faut regarder avec attention les quelques lignes écrites en rouge et bleu du récit d’André Marois qui ponctuent les remarquables illustrations en double page. Les phrases de l’auteur sont poétiques, efficaces et peuvent servir de « pré-texte » pour amorcer une nouvelle histoire, et permettre ainsi l’amélioration du langage chez les plus petits.

Des chemins pleins de départs, Martine Rouhart (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 03 Avril 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Des chemins pleins de départs, Martine Rouhart, Toi Édition, janvier 2024, 68 pages, 12 € . Ecrivain(s): Martine Rouhart

 

Comme le dit Bruno Mabille dans la préface, la poésie de Martine Rouhart a cela d’extraordinaire que « rien n’y pèse, pas même les choses graves ». Et en effet, c’est ce qui donne toute leur force à ses poèmes peuplés d’oiseaux, à ses mots en apparence légers car souvent « ailés », mais seulement en apparence, car ils sont en réalité toujours empreints d’une certaine gravité, même si elle ne se perçoit pas au premier abord. Elle se propage dans l’esprit du lecteur avec délicatesse et douceur, dans des paysages « floutés » par une « eau intranquille ».

Comme chez Philippe Jaccottet, il est question de « labyrinthes ». Et les « chemins pleins de départs » de Martine Rouhart rappellent par leur beauté sobre les « chemins presque effacés » du poète dans L’encre serait de l’ombre. Là où, chez Martine Rouhart, certains souvenirs sont « aussi lointains que le bleu des montagnes », et certains mots sont « déjà perdus », Philippe Jaccottet affirme que « les chemins parlent, ou peu s’en faut, en se perdant ».

En d’autres lieux, Max Alhau (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 02 Avril 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

En d’autres lieux, Max Alhau, Voix d’encre, octobre 2023, 72 pages, 11 € . Ecrivain(s): Max Alhau

 

Le poète, dans nombre de ses recueils, consigne un véritable travail de mémoire, que les vocables reconnaissables entre tous nomment, entre traces, empreintes, oubli, mémoire.

La poésie, donc, doit s’inventer « en d’autres lieux » pour sauver ce qui peut l’être. On a perdu des saisons, des visages, des amours ; on a bien du mal à en conserver des traces qui puissent défier le temps ; on est sans cesse à la quête de « ces espaces/ hors de portée », « comme si tu pouvais restituer au passé/ ses effluves, les preuves de son passage ».

Entre « absence et infini », titre de la troisième partie de ce recueil, la poésie d’Alhau s’avère épuisante recherche, comme un chercheur d’or dans un monde de sable. A la conviction que « tout n’est pas perdu », qu’on n’a pas pu tout de même oublier « les visages auréolés d’un rêve », la poésie répond d’une salve d’impératifs adressés au poète lui-même, conseils de vigilance dans un univers qui s’effrite, s’effiloche : « Laisse couler le vent », « Eloigne-toi de la brume », ou encore « rends grâce à des dieux/ dont tu as perdu la trace ».

Le Cheval en Feu, Anuradha Roy (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 01 Avril 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Asie, Roman, Actes Sud

Le Cheval en Feu, Anuradha Roy, Actes Sud, novembre 2023, trad. anglais (Inde), Myriam Bellehigue, 271 pages, 22,50 € Edition: Actes Sud

« Il était une fois, il y a fort longtemps, un potier, qui était tombé amoureux d’une femme. Ils vivaient dans le même quartier, il la croisait tous les jours, mais il ne pouvait aller la trouver pour lui dire ce qu’il ressentait. Cet homme et cette femme appartenaient à deux tribus qui se détestaient. Il savait bien que jamais ils ne pourraient vivre ensemble. Une nuit, un cheval de terre cuite le visita en songe : ses naseaux crachaient du feu, il avait des yeux de braise et il s’adressa à lui si clairement que le potier comprit chacun de ses mots. S’il apprenait à chevaucher ce cheval de feu sur la terre et sous l’eau, la femme serait à lui. Il se réveilla avec la certitude que ce cheval devait voir le jour et que c’était à lui de le créer ».

Nous sommes en Inde, le potier se nomme Elango. Il a dans les mains un savoir-faire hérité de ses ancêtres, il ne cède en rien aux modes du moment, ce qui pourrait pourtant le sortir de la misère. C’est son histoire que raconte Sara, étudiante à Londres, qui, pour tromper l’ennui et la solitude, pratique l’art traditionnel de la poterie que lui a enseigné Elango, alors qu’elle était petite fille dans un village en Inde.

Comme une lune noire sur ma table, Christian Viguié (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 28 Mars 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, La Table Ronde

Comme une lune noire sur ma table, Christian Viguié, éd. La Table Ronde, mars 2024, 176 pages, 17 € Edition: La Table Ronde

 

Ce volume de poésie, copieux et léger, est sans doute, dans l’esprit de l’auteur, et celui de ses lecteurs fervents, une chronique « au jour le jour » de la vie quotidienne. L’art de piéger le réel pour nous le restituer avec vivacité, humour et cohérence, semble aller de soi pour le poète qui passe son temps à attendre que le monde entre en ses pages. Il lui suffit d’observer une porte, d’ouvrir un tiroir, de « poser des choses » sur une table, pour faire naître ce condensé du monde : le poème.

Distribué en deux parties, le livre expérimente là deux écritures : des poèmes très brefs, d’une part, jamais au-delà de sept, huit vers, et d’autres, beaucoup plus longs, offrant au texte plus d’amplitude sinon de réflexion.