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Les Livres

Tu m’avais dit Ouessant, Gwenaëlle Abolivier (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 06 Juillet 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Le Mot et le Reste

Tu m’avais dit Ouessant, Gwenaëlle Abolivier, octobre 2019, 188 pages, 17 € Edition: Le Mot et le Reste

Tu m’avais dit Ouessant est le journal d’une résidence d’écriture de trois mois dans le sémaphore du Créac’h, sur l’île d’Ouessant.

Gwenaëlle Abolivier y raconte un « voyage immobile », « pour se cacher […] et renaître dans le passage et l’exil que suppose l’écriture ». Il est question, dans ce récit fragmentaire, de ses états d’âme et des mouvements de son cœur, de ses impressions et réflexions, des menus faits et gestes de sa vie quotidienne – jusqu’aux plus insignifiants : on saura même que, tel matin, elle a posté une lettre et acheté du pain, et que le soir, elle relate sa journée… –, des habitants qu’elle rencontre mais aussi de l’île.

C’est d’ailleurs là que réside selon nous l’intérêt de son livre : dans son aspect pour ainsi dire documentaire. On y apprend l’histoire d’Ouessant et les us et coutumes des Ouessantins. L’auteure y brosse quelques portraits, qui témoignent des mœurs et du caractère de ces îliens aux existences âpres et mouvementées, et ébauche une psychologie des gardiens de phare, qui la fascinent. Elle offre ainsi, au lecteur qui ne la connaît pas, un beau tableau d’Ouessant, une physionomie et presqu’une physiologie de l’île, mêlées d’anecdotes et riches en détails. Il y a là de quoi s’enthousiasmer et se passionner.

Poèmes, Edith Södergran (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 06 Juillet 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Poèmes, Edith Södergran, éditions Rafael de Surtis, trad. suédois (Finlande) Régis Boyer, 200 pages, 22 €

 

« Nous devons aimer les longues heures de maladie de la vie

et les années contraintes du désir

comme les brefs instants où fleurit le désert »,

Edith Södergran

 

Voici une publication de première importance. D’abord parce que l’auteur, la poète finlandaise d’expression suédoise, Edith Södergran, qui tient une place centrale dans la poésie moderne des pays scandinaves, reste méconnue en France. Ensuite parce que, grâce au travail des éditions Rafael de Surtis, le volume reprend l’ensemble de son œuvre, cinq recueils et deux suites d’aphorismes. Enfin parce que la poésie qui s’y exprime frappe par son originalité, sa puissance d’évocation et, pourrait-on dire, sa grandeur tragique.

Sollers en peinture, Une contre-histoire de l’art, Olivier Rachet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 02 Juillet 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Tinbad

Sollers en peinture, Une contre-histoire de l’art, Olivier Rachet, 214 pages, 21 € Edition: Tinbad

 

« Manet, Picasso ne sont ni modernes ni contemporains. Ce sont des dieux grecs, panthéistes et athées à la fois. Ils ne commandent rien mais font signe vers toute une palette de possibles, à faire vibrer ici et maintenant. Il n’est sans doute pas anodin que L’Éclaircie soit placée sous l’égide du Parménide de Martin Heidegger auquel Sollers emprunte les citations suivantes, autant de clefs pour comprendre la portée musicale de son écriture de la peinture :

« Un dieu grec n’est jamais un dieu qui commande, mais un dieu qui montre, qui indique.

Les dieux sont ceux qui regardent vers l’intérieur, dans l’éclaircie de ce qui vient en présence ».

Sollers, Rachet, ne sont ni classiques, ni modernes, ni contemporains. L’un écrit depuis toujours, sous la haute protection de déesses attentives, l’autre sait tellement bien lire et écouter les peintres, qu’il en devient écrivain. Sollers est en peinture depuis toujours, comme il est en musique, en littérature, et au cœur de la vie libre. Il faut simplement, lecteur agile, ne pas perdre de vue ce qui se découvre sous nos yeux lorsque l’on ouvre l’un de ses romans ou l’un de ses essais.

L’inondation, Evgueni Zamiatine (par Marie Duclos)

, le Mercredi, 01 Juillet 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Actes Sud

L’inondation, Evgueni Zamiatine, Livre audio lu par Jeanne Moreau, chez Actes Sud Diffusion Audio Edition: Actes Sud

 

Est-ce un roman, est-ce une nouvelle ?

Le livre est court mais puissant comme la vague d’une inondation. Il a été écrit en 1929, l’auteur est né à Lebedian, province de Russie, dont la langue est réputée.

Le thème de l’eau revient comme un refrain, comme le ressac, l’eau de la Neva, l’eau du brouillard, les larmes du chagrin… l’eau qui nettoie et enfouit le crime. La mort côtoie quatre protagonistes : Sofia, Trophim Ivanytch, son mari, Pelagaya, la voisine, et Ganka, la jeune adolescente qui travaille pour le couple.

Ganka disparaît… Seule Sofia connaît la vérité, vérité qui ne peut rester secrète et qui éclatera quand Sofia déclare une fièvre puerpérale.

L’Archet, Hélène Gloria, Pascale Maupou Boutry (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 01 Juillet 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

L’Archet, Hélène Gloria, Pascale Maupou Boutry, éditions Cipango, mars 2020, 40 pages, 18,50 €

 

Le musicien

Le tout récent album jeunesse L’Archet est le fruit de la collaboration d’Hélène Gloria (qui travaille également dans le laboratoire de recherche en environnement littoral de l’École Pratique des Hautes Études), et de Pascale Maupou Boutry, ayant étudié aux Bx-Arts de Toulouse, diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg. Le format large, 33,3 x 24,5 cm, permet de naviguer du texte à l’image pleine page. Chaque histoire est surmontée d’une frise entourant le médaillon d’une figure.

C’est d’abord par les souvenirs d’une dame russe aux cheveux blancs, l’hiver, sous la neige, que l’histoire d’un cirque va renaître. Cette dame se remémore un fait précis. La troupe avait accueilli l’arrivée d’un mystérieux violoncelliste, qui captait toute l’attention du public grâce à son brio. C’est par la voix de l’ancienne dompteuse que nous suivons les pérégrinations et les péripéties des membres du cirque, à travers leurs numéros respectifs. L’archet du violoncelliste semble magique, ce qui va provoquer la jalousie des autres musiciens, des acrobates, des clowns, et de la dompteuse de tigres.