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La Une Livres

Les poètes et l'univers, Jean-Pierre Luminet

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 28 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Le Cherche-Midi

Les poètes et l’univers, octobre 2012, 430 p. 19,50 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre Luminet Edition: Le Cherche-Midi

 

Cependant la nuit marche, et sur l’abîme immense

Tous ces mondes flottants gravitent en silence,

Et nous-mêmes, avec eux emportés dans leurs cours

Vers un port inconnu nous avançons toujours !

Alphonse de Lamartine in Les étoiles

 

Voilà donc un ambitieux, projet qui a donné naissance à une conséquente anthologie, dont voici la troisième édition (la première date de 1996). C’est Jean Orizet, qui à l’origine avait demandé à Jean-Pierre Luminet, astrophysicien réputé mais aussi poète et lecteur de poésie, s’il voulait bien réunir un choix de poèmes inspirés par l’astronomie afin d’en faire une anthologie. Jean-Pierre Luminet explique dans sa préface de 1996, ses hésitations premières et puis finalement, comment et pourquoi il s’était lancé dans cette recherche cosmo-poétique.

Amazones, Raphaëlle Riol

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 25 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, La Brune (Le Rouergue)

Amazones, janvier 2013, 205 pages, 18,80 € . Ecrivain(s): Raphaëlle Riol Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

 

Si l’on en croit la légende, les Amazones, non seulement se coupaient un sein pour mieux chasser, mais tuaient toute descendance mâle et ne s’accouplaient qu’à des hommes estropiés et/ou diminués par des mutilations diverses qui les empêchaient d’être violents et d’exercer sur elles leur pouvoir. Un féminisme antique, radical et singulier.

Alice, 30 ans, et Joséphine, 89 ans, les deux héroïnes de ce second roman de Raphaëlle Riol, en seraient-elles les lointaines cousines ? L’auteure prend le parti de nous le laisser croire, tout en illustrant son propos de nombreuses métaphores cruelles, mais aussi irrésistiblement drôles et cocasses.

Au hasard d’une rencontre dans une maison de retraite, mouroir brossé avec un humour féroce, ces deux femmes qui n’avaient, a priori, aucune chance de mêler leurs destins, vont fuir ensemble et entreprendre l’« escape road » à la française qui les mènera du Havre, à Loupiac en Gironde, puis à Marseille, avant un retour à la case départ.

Confusion, Neil Jordan

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 24 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Iles britanniques, Roman, Joelle Losfeld

Confusion (Mistaken). Trad. de l’anglais (Irlande) par Florence Lévy-Paoloni. 352 p. 22 € . Ecrivain(s): Neil Jordan Edition: Joelle Losfeld

 

 

Troublant. Jusqu’à l’extrême puisque le trouble porte sur l’identité même des (deux ?) personnages centraux du livre. Qui est qui dans le duo ? Le narrateur est-il le narrateur ou celui pour qui on ne cesse de le prendre tout au long de l’histoire. Kevin ou Harry ?

 

Dans une construction qui constitue une toile serrée de lieux, Neil Jordan nous emmène dans le dédale de ses obsessions. Les énigmes de l’amour, du sexe, de la filiation, des peurs de l’enfance. Avec, bien sûr, les figures inévitables de son univers, Bram Stoker, Dracula, les vampires, purement imaginaires ici. Bien sûr, il s’agit du premier roman du réalisateur de « Entretien avec un vampire ». Toute l’œuvre cinématographique de Jordan est hantée par les contes pour enfants sur leur versant noir, terrifiant. « La compagnie des loups » était déjà une version fantastique du « Petit Chaperon Rouge » qui croise le thème du Loup-Garou.

La route bleue, Kenneth White

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 24 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Iles britanniques, Récits, Le Mot et le Reste

La Route bleue, janvier 2013, 160 p. 17 € . Ecrivain(s): Kenneth White Edition: Le Mot et le Reste

 

« De toute façon, je voulais sortir, aller là-haut et voir ».

Dans La Route Bleue, récit de voyage, journal de bord, livre d’une aventure intérieure, le Labrador existe d’abord dans le souvenir de Kenneth White, par les images d’un livre d’enfance. Puis, et peut-être depuis toujours : l’envie d’aller voir. « C’est un endroit, non ? Et si c’est un endroit, ça veut dire qu’on peut y aller, il me semble ». Soit. Partons.

« Je quitte la ville de Québec. Route 175 Nord. J’aime cette pure notation mathématique placée entre deux mots lourds de sens. Le calculable et l’incalculable ». Partons pour découvrir qu’ici comme ailleurs, la civilisation, avec ses Livres et ses codes, est capable de changer le nom d’un lac. Peut-être ce lac avait-il été nommé le lac des Vagues bleues par des gens qui le connaissaient bien. Et puis des missionnaires sont passés par là. Le lac est devenu le lac Saint Jean. « Rien à voir avec la réalité perçue dans toute sa beauté ». Les missionnaires ont toujours été les ennemis des nomades, rappelle K. White. Qui poursuit sa route avec ses compagnons fantômes : Coleridge, Thoreau, Melville, Bashô, Jacques Cartier et les explorateurs du XVIème siècle. Avec également les indiens et ceux qui se donnent le nom algonkin d’Innut, les êtres humains.

Les mâchoires du serpent, Hervé Claude

Ecrit par Gilles Brancati , le Mercredi, 23 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

Les mâchoires du serpent, novembre 2012, 336 pages, 21 € . Ecrivain(s): Hervé Claude Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Ashe, un rentier français donne un coup de main au « police officer » qui le missionne pour des investigations qu’il ne pourrait pas faire lui-même compte tenu de sa notoriété. L’anonymat de Ashe est une discrétion utile. Il devient son bras, son homme de confiance. C’est lui qui le pilote, mais Ashe prend aussi des initiatives. On retrouve un premier corps mutilé, émasculé, découpé. Les soupçons se portent tout d’abord sur une « sale bête », en principe disparue depuis longtemps, la seule qui serait capable de déchiqueter ainsi le corps d’un homme. L’animal mythique, celui qu’on croyait disparu et qui réapparaît parce qu’enfoui dans un inconscient collectif, Ashe n’y croit guère. À moins qu’il s’agisse d’anciens rituels aborigènes. On ne sait pas, personne ne sait tellement ce meurtre, puis les suivants sont monstrueux. Pourquoi cette sauvagerie ? Par sadisme, pour brouiller les pistes ?

Autant le dire tout de suite, l’enquête policière est un prétexte à une évocation de l’Australie d’aujourd’hui et de la part d’histoire qu’elle n’a pas résolue, celle d’une conquête et de l’échec de l’assimilation de la population aborigène menée à marche forcée. Jusqu’au dénouement nous rencontrons l’immensité d’un territoire qui autorise bien des excès, des exploitants miniers enrichis sans vergogne, les villes qui concentrent la population et où, comme partout, circulent l’alcool et la drogue. Le tout sur fond d’une homosexualité proposée ici sans tabou.