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La Une Livres

Dénommé Gospodin, Philipp Löhle

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 11 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Langue allemande, Théâtre

Dénommé Gospodin, (traduction All. Ruth Orthman), bilingue Presses Universitaires du Mirail, 2010, 151 p. 13 € . Ecrivain(s): Philipp Löhle

Pièce présentée au festival d’Avignon en 2011 et reprise au théâtre des Ateliers à Lyon en avril 2013. Mise en scène de Benoît Lambert.

 

La pièce de Löhle, aux accents beckettiens, créée à Bochum en 2007 au théâtre unter Tage/ Schauspielhaus, est bel et bien un texte de théâtre. Au seuil du texte, Sie (elle) parle d’un homme à l’abandon du monde : Tja, seine… Welt stand Kopf / Ouais son… monde est sens dessus dessous. Succession de monologues à la manière du chœur antique, portés tantôt par une voix féminine, tantôt par une voix masculine ; dialogues-scènes au nombre de treize que les noirs séparent. Tout se construit autour du drôle de gars qu’est Gospodin (Monsieur en russe) et à qui Greenpeace (« une organisation merdique ») a enlevé son cher lama. Il croise tour à tour des amis, des gens de sa famille qui ne le comprennent pas, et qui eux, s’inscrivent dans la logique sociale de notre époque : Anette, sa petite amie, Andi, le pilote, Norbert l’artiste, Sylvia la bobo… Aux yeux de Gospodin, ils incarnent ce qu’il appelle les petits-bourgeois « die Spiesser ». Ils cherchent à persuader Gospodin à rentrer dans le rang, parfois avec des arrière-pensées cupides mais en vain. Gospodin alors se réfugie dans le sommeil ou le silence.

Tryptique du veilleur, Louis Raoul

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 10 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Cardère éditions

Triptyque du veilleur, Louis Raoul, Cardère, 2012, 58 pages, 12 € . Ecrivain(s): Louis Raoul Edition: Cardère éditions

 

Parce que la vie nous pousse de l’avant tout en nous dépouillant, vient ce temps où il nous faut prendre de la hauteur, de cette nécessité-là peut-être est né Triptyque du veilleur. Une tour, une barque et une archère. Non pas un, mais une, selon le choix de l’auteur. Une archère, qui est aussi la flèche envolée, et la cible invisible de l’au-delà.

Il y a donc une tour dans la première partie, intitulée L’approche de la hauteur. Une tour de pierre, de chair et de vent.

 

« Prisonnier et gardien

Tu n’habites pas la tour

Tu es ses assauts et sa défense

Le poème qui la fonde ».

La guerre des salamandres, Karel Capek

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 09 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Science-fiction, Pays de l'Est, Roman, La Baconnière

La Guerre des salamandres, 1936, mai 2012, trad. du tchèque Claudia Ancelot, 316 p. 18 € . Ecrivain(s): Karel Čapek Edition: La Baconnière

 

La lecture de ce livre terminé, on se met aussitôt à douter. A-t-il vraiment été édité en 1936 ? N’est-ce pas un « coup » marketing quelconque ? On pense au livre d’Antoine Bello, Les falsificateurs, en se demandant si cette réédition est une vraie réédition, si le livre n’a pas pu être écrit ces derniers temps et pas il y a 80 ans tant il semble si moderne dans son propos et dans sa forme, en plus de faire preuve de certains talents visionnaires…

En tout cas, les Editions La Baconnière ont l’excellente idée de rééditer, en collaboration avec Ibolya Virag, La guerre des Salamandres de l’auteur tchèque Karel Capek. Précurseur de la science-fiction, il est notamment l’inventeur du mot « robot ». Il avait même été l’un des favoris pour le Prix Nobel dans les années 34-35, mais il avait été mis hors course pour ne pas froisser Hitler…

Le contenu du silence, Lucia Etxebarria

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 06 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Héloïse D'Ormesson

Le contenu du silence, juin 2012, 400 pages, 23 € . Ecrivain(s): Lucia Etxebarria Edition: Héloïse D'Ormesson

Gabriel vit à Londres. Sa vie semble toute tracée, puisqu’il a un bon job, et puisqu’il doit épouser Patricia, deux paramètres qui lui permettent de ne pas se poser les questions dérangeantes qu’un passé tourmenté ne peut que lui imposer. Mais cette vie volontairement étriquée va basculer quand Gabriel apprend que sa sœur, Cordelia, dont il n’a pas de nouvelles depuis dix ans, serait l’une des victimes d’un suicide collectif de la secte « Thule Solaris » à Ténérife. « Après dix années d’espoirs maladroits et obstinés, qui lui faisaient guetter en vain un coup de téléphone ou chercher dans la boîte une lettre jamais écrite, après dix années passées à chercher son visage à chaque fois qu’il retournait à Edimbourg », ainsi s’exprime-t-il quand il se remémore la longue absence de sa sœur.

Il quitte donc Londres et Patricia, sa fiancée, pour élucider ce qui s’est réellement passé. Commence alors une enquête qu’il va mener avec Héléna, l’amie de sa sœur. Et là, la rencontre sera déterminante pour lui. Héléna sera celle qui va lui permettre de mieux comprendre ce que fut la vie de sa sœur volontairement exilée sur l’île, mais aussi celle par qui la remise en question de sa vie professionnelle et amoureuse devient possible, celle grâce à qui il sera capable de mettre des mots sur ce qu’il tenait inconsciemment dans le flou :

Grand-père avait un éléphant, Vaikom Muhammad Basheer

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 04 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Asie, Roman, Zulma

Grand-père avait un éléphant, trad. du malayalam par Dominique Vitalyos, 2005, 136 p. . Ecrivain(s): Vaikom Muhammad Basheer Edition: Zulma

Comment est le monde selon Kounnioupattouma, la fille de la fille chérie d’Anamakkar ?

Kounnioupattouma voit tout en rose, y compris les éléphants, surtout celui de son grand-père.

En effet, lui répète-t-on à longueur de jour, son grand-père avait un éléphant ! Et pas un petit, un maigre, un efflanqué ! Non, le plus grand, le plus fort et le plus beau des éléphants : un mâle gigantesque avec de grandes défenses, qui avait tué pas moins de quatre de ses cornacs, des kafir, évidemment.

Kounnioupattouma, enfant de sucre, ornée des plus précieux bijoux, grandit sur un piédestal, symbole vivant de la réussite sociale de ses parents, au milieu de sa maison, qu’elle ne quitte quasiment jamais, parée dans l’attente du mariage que ses parents arrangeront pour elle avec un jeune homme de son rang et de sa communauté avant d’accomplir leur pèlerinage du Hadj.

Toutes les femmes qui étaient déjà venues l’examiner croulaient sous l’or. Toutes des maîtresses de grandes maisons… Certaines lui avaient ouvert la bouche pour regarder à l’intérieur si elle avait toutes ses dents…

Kounnioupattouma n’avait pas une seule dent gâtée…