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La sagesse dans le sang, Flannery O'Connor

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 22 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, Gallimard

La sagesse dans le sang (Wise blood 1949). Trad. USA Maurice-Edouard Coindreau. Edition présente septembre 2012. 245 p. 7,50 € . Ecrivain(s): Flannery O'Connor Edition: Gallimard

 

 

Ce livre est une bourrasque, une tornade littéraire !

A commencer par la préface de 1959 – à ne surtout pas manquer – signée par la plume acerbe et saignante de Maurice-Edgar Coindreau, également brillant traducteur de cette œuvre. Il s’en donne à cœur-joie à propos des évangélistes qui ont toujours pullulé aux Etats-Unis :

« Il est à remarquer que, chez les femmes évangélistes tout spécialement, le démon de la chair s’éveille de bonne heure, non sans parfois troubler leur système nerveux. Mary Baker Eddy était hystérique dès son âge le plus tendre. Elle le resta jusqu’à sa mort. Crises de nerfs, convulsions, épilepsie ; catalepsie. Il fallait la calmer à grand renfort de morphine, à moins que quelque personne obligeante ne la prît dans ses bras et ne la berçât. Les bras d’homme étaient particulièrement efficaces. »

Bérénice 34-44, Isabelle Stibbe

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 22 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Serge Safran éditeur

Bérénice 34-44, 316 p., 18 € . Ecrivain(s): Isabelle Stibbe Edition: Serge Safran éditeur


La force d’une vocation artistique peut-elle tout occulter ? Peut-elle faire oublier le monde extérieur, surtout lorsque ce monde s’assombrit dangereusement ? C’est la question qu’aborde Isabelle Stibbe dans son premier roman, Bérénice 33-44.

C’est le récit d’une jeune fille, adolescente dans le Paris des années de l’entre-deux guerres, qui étouffe un peu dans sa famille, d’origine juive russe par son père, Maurice Capel né Moïshé Kapelouchnik, et par sa mère, née Valabrègue, appartenant à une vieille famille juive du Comtat Venaissin. Prénommée Bérénice en raison de la fréquentation par son père, au cours de la première guerre mondiale, d’un instituteur, Louis, très Troisième république, amoureux du théâtre classique et de Racine. Bérénice pressent, très tôt, que son existence va être remplie d’ennuis, de renoncements, si elle ne se consacre pas de toutes ses forces à la réalisation d’un rêve qui revêt les caractères d’un impératif pour elle : monter sur les planches. Elle s’en aperçoit en assistant à une représentation de la Comédie-Française, Lorenzaccio. Elle y éprouve l’appel de la vocation, la sensation du sacré dans le statut de comédien :

Histoire de son serviteur, Edouard Limonov

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 19 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Russie, Roman, Flammarion

Histoire de son serviteur, 2012, traduit du russe par Antoine Pingaud, 313 p. 20 € . Ecrivain(s): Edouard Limonov Edition: Flammarion

 

Coucou ! Revoilà Edouard !

Après Le poète russe préfère les grands nègres, dont on trouvera la présentation ici, il faut sans délai lire cette suite biographique du combat que livre Edouard Limonov pour se faire reconnaître comme écrivain.

Dans son premier roman, le poète libertaire russe, après avoir été autorisé à quitter l’Union Soviétique, végète aux Etats-Unis où, miséreux et anonyme, il noie dans la drogue, l’alcool et le sexe son désenchantement face à la réalité du rêve américain.

Ici Limonov, toujours à New York, occupe un emploi stable et respectable : il est majordome dans l’immense villa d’un milliardaire qu’il n’y voit que rarement.

Pour le narrateur, le point de vue est radicalement différent.

Shangrila, Malcolm Knox (2ème recension)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 18 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Océanie, Asphalte éditions

Shangrila (The Life), trad. de l’anglais (Australie) Patricia Barbe-Girault, 512 p. 22 € . Ecrivain(s): Malcolm Knox Edition: Asphalte éditions

 

A la fin des années 60, il était le plus grand des surfeurs. Une légende. « Le Grand Homme », le surnommait-on. Dennis Keith alias DK. « Tout a été dit sur lui, le plus grand surfeur sur la planche, le fumeur de joints, l’accro à l’héroïne, le génie complètement allumé, le taré, le schizo, le type qui fait pschitt, le ouais mais c’est ».

« Dans l’eau, j’étais un génie, un pur génie ».

Dans l’eau, DK savait quoi faire. Il regardait les vagues et tout devenait naturel. Les autres surfeurs étaient ébahis par son talent, sa maîtrise, sa capacité à exécuter des figures que personne n’avait jamais vues. Il était un pionnier, un créateur, qui a complètement défini une discipline. Tous les autres se sont mis à le copier.

« Y’avait quelque chose dans l’eau qui m’aplanissait. Sur la terre ferme, j’étais qu’un ado balourd, un poisson sans eau, je suffoquais ».

Il a le profil du mythe. Une vie à 150 à l’heure et une mort jeune.

Les forêts du Maine, Henry David Thoreau

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 17 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Récits, Rivages poche

Les forêts du Maine, Henry David Thoreau. Trad. de l'anglais (USA) et présenté par Thierry Gillyboeuf. septembre 2012. 216 p. 8,65 € . Ecrivain(s): Henry David Thoreau Edition: Rivages poche

 

Si écologistes, panthéistes et autres adorateurs de la nature se réclament depuis toujours de Henry David Thoreau, il en est qui pourraient le faire de toute évidence mais qui n’en ont pas eu l’occasion, ce sont les romantiques européens. Remarquez l’inverse est tout aussi vrai. Thoreau partage assurément des sources d’inspiration littéraire avec le vaste courant romantique, de Rousseau à Goethe, à Hugo – avec un arrêt important du côté de chez Chateaubriand. Des pages entières du Génie du christianisme – toutes celles qui concernent les forêts du Nouveau-Monde – évoquent Thoreau à s’y méprendre. Qu’on en juge :

« La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans les bois, tour à tour reparaissait toute brillante des constellations de la nuit, qu'elle répétait dans son sein. Dans une vaste prairie, de l'autre côté de cette rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement, sur les gazons. Des bouleaux agités par les brises, et dispersés çà et là dans la savane, formaient des îles d'ombres flottantes, sur une mer immobile de lumière. Auprès, tout était silence et repos, hors la chute de quelques feuilles, le passage brusque d'un vent subit, les gémissements rares et interrompus de la hulotte ; »