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La Une Livres

Une bibliothèque idéale, Hermann Hesse

Ecrit par Zoe Tisset , le Vendredi, 19 Octobre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Langue allemande, Rivages poche

Une bibliothèque idéale, trad. (All.) et préfacé par Nicole Waquet, 19 septembre 2012, 135 p. 7 € . Ecrivain(s): Hermann Hesse Edition: Rivages poche

 

Hermann Hesse, écrivain et lecteur inlassable ne se propose pas dans ce livre de nous dresser une liste universelle des livres qu’il faudrait avoir lus. Même si dans un chapitre il nous « raconte » sa bibliothèque, et nous dit sa préférence pour les auteurs allemands du XIXème siècle et sa passion pour la pensée hindouiste et chinoise, il veut avant tout rappeler combien la littérature n’est pas à côté de la vie, mais constitue l’essence même de celle-ci. Nous vivons une époque où la culture elle-même semble s’effriter au profit de valeurs marchandes, or affirme-t-il, « elle possède sa rétribution en elle-même : elle accroît la joie de vivre et la confiance en soi ; elle nous rend plus gais, plus heureux ; elle nous procure un sentiment de santé et de sécurité plus intense ».

La lecture participe à la construction même de l’individu. L’homme s’approprie sa propre bibliothèque comme il décide sa manière d’appartenir au monde dans lequel il vit.

Némésis, Philip Roth

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 18 Octobre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

Némésis (Nemesis) trad. USA Marie-Claire Pasquier septembre 2012. 226 p. 19,90 € . Ecrivain(s): Philip Roth Edition: Gallimard

 

"Il faut, avec les mots de tout le monde, écrire comme personne." Colette

 

On ne pourrait mieux épingler l’art éblouissant de Philip Roth que par cette citation. Et en particulier pour donner à ceux qui n’ont pas encore lu Némésis une idée du miracle que produit ce livre : dérouler un récit captivant avec un naturel, une élégance, une authenticité qui sont la marque des seuls grands maîtres.

Tout y est parfait : l’économie et la richesse lexicales, l’organisation serrée et impeccable de la narration, les portraits inoubliables des personnages, le souffle de rage enfin qui emporte tout sur son passage. Presque tranquillement, Philip Roth construit le point d’orgue de son œuvre comme un véritable défi universel.

Nulle part dans la maison de mon père, Assia Djebar

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 17 Octobre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Maghreb, Babel (Actes Sud)

Nulle part dans la maison de mon père, 452 p. 9,50 € . Ecrivain(s): Assia Djebar Edition: Babel (Actes Sud)

 

Peut-on prendre congé de son existence, dire adieu à sa propre personne, à son passé ? C’est la voie apparemment décrite par Assia Djebar dans un roman, autobiographique, Nulle part dans la maison de mon père. Ce père, instituteur, seul indigène de son village ayant accédé à cette fonction, est immensément sévère, rigoriste. Il élève l’héroïne en l’entourant d’une protection qui entraîne, bien vite, l’apparition de toutes sortes d’interdits : vestimentaires, relationnels. Le puritanisme est de rigueur.

Pourtant, l’héroïne du récit parvient à échapper, un peu, à cette atmosphère familiale pesante ; elle est admise dans un internat, y fait la connaissance de camarades musulmanes comme elle, et de pensionnaires européennes. Elle y découvre les joies de la lecture, de la complicité intellectuelle avec Mag, Jacqueline, Farida. Elle goûte à la liberté de mouvement, ayant la faculté de retourner dans son village à chaque fin de semaine.

Cette jeune femme est torturée par toutes sortes d’interrogations : l’émancipation intellectuelle va-t-elle de pair avec l’émancipation des mœurs si étroitement contrôlés dans cette Algérie coloniale ? Que représente son père, censeur omniprésent dans sa conscience d’enfant, dans sa vie : un protecteur ou un castrateur impitoyable ?

Romancero Gitano, Federico Garcia Lorca (traduit par Michel Host)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Lundi, 15 Octobre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, La rentrée littéraire, Atlantique

Romancero Gitano, Romances gitanes suivies de complainte funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, Trad. espagnol Michel Host, 60 pages, 16 € . Ecrivain(s): Federico Garcia Lorca Edition: Atlantique

 

En cette période de rentrée littéraire, où l’assez bon côtoie trop souvent le médiocre voire l’affligeant, avoir ce petit livre dans les mains est comme un cadeau : le cadeau de la beauté absolue, de l’intelligence, de la langue. De la littérature enfin, en un mot. De la littérature dans son expression originelle, la poésie.

Retrouver Lorca après trop longtemps d’absence ressemble à un retour aux racines, au bercail, au territoire qu’on ne devrait jamais quitter, ne jamais oublier de revisiter. Tout y est suffocant de beauté et d’une familiarité profonde. Parce qu’on sait par cœur certains poèmes de ce recueil mais aussi, et surtout, parce qu’on prend en pleine face le souffle du « duende » lorcien, cette musique sombre, cette âme profonde et saisissante qui émane non seulement des mots de Lorca mais aussi d’un au-delà des mots, d’un point suspendu hors du temps et qu’on sait être l’Espagne, l’Andalousie dans ses gammes les plus graves. « Les sons noirs » dont parlait Lorca.

Lisez la préface de Michel Host. Elle est lumineuse dans son propos. Le duende c’est ce qui a mené Michel Host à cette traduction. A ce miracle de traduction. A la fin de cette préface, Michel Host s’inquiète :

Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina Khadra

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 12 Octobre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Bassin méditerranéen, Roman, Pays arabes, Pocket

Ce que le jour doit à la nuit, 2009, 441 p. 7,60 € Edition: Pocket

 

Qu’est-ce qui détermine la vie d’un homme ? Sa condition sociale, ses origines, ses antécédents culturels, son enfance ? Sans céder jamais à un schématisme facile, Yasmina Khadra nous invite dans ce roman à une double traversée : celle du destin de Younes Mahieddine, jeune algérien vivant dans un village, misérable, nommé Jenane Jato, dans les années trente, et celui de son pays : l’Algérie.

Ce personnage, dont la maison familiale a brûlé, et dont le père s’éloigne de sa famille pour des raisons tant matérielles que morales, est confié à son oncle, un musulman éclairé, progressiste vivant avec une européenne, Germaine, gérante d’une pharmacie à Rio Salado, dans les environs d’Oran. Après avoir découvert la misère dans son village d’origine, l’analphabétisme, la discrimination sociale, toujours présente en filigrane dans le roman, il se frotte au milieu des colons européens ; y découvre l’amitié de certains personnages, André, Fabrice, Jean-Christophe, tous épris du désir de vivre follement leur jeunesse et de profiter de la vie, malgré les nuages qui s’amoncellent sur l’Algérie coloniale.