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La Une Livres

Père et fils, Larry Brown

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 06 Novembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, Folio (Gallimard)

Père et fils (Father and son) Traduction de l’américain par Pierre Furlan Gallimard, 1996, 376 p. – Repris en Folio, n°3608, 2002, 436 p. . Ecrivain(s): Larry Brown Edition: Folio (Gallimard)

 

Le roman noir n’est jamais aussi bon que lorsqu’il vire en tragédie.

Même si ce livre évoque aussi, par son titre, la littérature russe, en reprenant celui de l’une des œuvres phares de Tourgueniev, l’histoire est très américaine et plonge dans le Sud cher à Faulkner. Ce Sud populaire et sale, de petits Blancs, au cœur d’une végétation luxuriante, battu par vents et tempêtes, où l’alcool coule à flots et le crime est toujours (trop) facile. Un décor idéal pour laisser le bien et le mal s’affronter.

Le mal, c’est Glen Davis qui sort de prison. Il y a passé trois ans pour avoir renversé un enfant au volant de sa voiture, alors qu’il conduisait en état d’ébriété. Il revient au pays, retrouve son père, Virgil, et son frère, Puppy. Mais ces années de prison ne l’ont pas calmé, bien au contraire.

Sa mère est morte pendant sa détention, mais personne n’ose révéler à Glen dans quelles circonstances de peur de se frotter à sa colère.

Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison, Arto Paasilinna

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 06 Novembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Pays nordiques, Roman, Denoël

Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison. Trad. du finnois par Anne Colin du Terrail. Mai 2011. 343 p. 20 € . Ecrivain(s): Arto Paasilinna Edition: Denoël

 

Chaque moment de retrouvailles avec Arto Paasilinna et ses univers merveilleux (entendez bien « merveilleux » au sens de contes merveilleux) constitue une promesse – toujours tenue – de jubilation à la fois littéraire et humaine. Le maître finlandais possède cette aptitude magique à faire naître sous sa plume des univers et des êtres magnifiques de folie, d’étrangeté, de bonté, de délire. Et les histoires vont avec. Abracadabrantes, improbables, aux marges du conte fantastique et cependant tellement proches de l’humaine condition.

L’inspecteur principal Jalmari Jyllänketo, de la sûreté nationale finlandaise enquête dans le cadre pour le moins énigmatique d’un ancien Kolkhoze minier devenu  l’entreprise de culture bio la plus florissante du pays. On y fait pousser, dans les galeries souterraines, des champignons particulièrement succulents et dans les champs immenses des herbes aromatiques sublimes.

Le Grand Partout, William T. Volmann

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 30 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Récits, Actes Sud, La rentrée littéraire

Le Grand Partout (Riding Toward everywhere), (2011), trad. de l’américain par Clément Baude, 240 p. 22 €, . Ecrivain(s): William T. Volmann Edition: Actes Sud

Le Grand Partout est le récit d’un périple mené à travers les Etats-Unis par William T. Vollmann, selon la méthode hobo. Suivant les traces d’illustres prédécesseurs comme Henry David Thoreau, Ernest Hemingway, Thomas Wolfe ou Jack Kerouac, Vollmann a pendant de longs mois sillonné le pays en grimpant dans des trains de marchandises, en toute illégalité.

Pendant des heures, il se retrouve à guetter un train dans lequel il pourra sauter, un train dont il ne connaît pas toujours la destination.

« Comme je n’avais aucune raison d’y aller, je me suis embarqué pour Cheyenne ».

Il doit aussi veiller à éviter les « bourrins » les forces de sécurité ferroviaire dont certains membres ont la violence plus que facile envers les hobos qui resquillent.

Le but de Vollmann, comme celui de nombreux hobos qu’il croisera, et avec lequel il fera un bout de route, est d’atteindre « le Grand Partout », où se trouve la légendaire Montagne Froide, lieu mythique décrit par des sages chinois … mais qui ne pourrait s’avérer qu’un leurre.

Les Barbares, Jacques Abeille

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 27 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Attila

Les Barbares, mai 2011, 550 p., 25 euros. . Ecrivain(s): Jacques Abeille Edition: Attila


« Ils n’arrivaient pas seuls mais eurent tôt fait d’être les maîtres. » Dès l’orée du livre, les barbares sont là, réduisant à néant la haute civilisation de Terrèbre. Un universitaire raconte… Mais raconte quoi ? Non la conquête, mais le reflux, celui de la horde dont la poussée brutale se commue presque aussitôt en une quête erratique d’un homme et d’un livre. Cet homme, c’est le « voyageur », narrateur et auteur des Jardins statuaires, celui qui cherchait le prince des barbares aux confins du monde des jardins. C’est à présent le prince qui se lance à la poursuite, accompagné du professeur, ethnographe d’un peuple en déclin.

Suite des Jardins statuaires, Les Barbares en sont également l’envers. Traducteur du livre des jardins dans la langue de Terrèbre, le professeur scrute passionnément son reflet dans le monde qu’il découvre. Auteur à son tour, accumulant des notes savantes, il signe un livre symétrique, monument nostalgique du peuple barbare, de même que Les Jardins statuaires témoignent d’un temps révolu, d’une civilisation balayée par ces barbares en train de s’éteindre.

Si mal enfouis, Ludovic Degroote

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 25 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Editions Potentille

Si mal enfouis, 2007, 07 € . Ecrivain(s): Ludovic Degroote Edition: Editions Potentille

Cette critique effilochée pour dire l’effiloché de la lumière, faible loupiotte mais durable comme un visage dans la bourrasque du rien.

L’écriture de Ludovic Degroote est magnifique d’intranquillité.

Les choses sont ces échardes qui se cachent dans les choses. Alors, prendre soin de ce qui va arriver :

« ne sommes pas tous / si bien faits que cela / pour naître / il faudrait mettre sa bouche / dans la bouche du monde / et puis surveiller / en cas de mémoire ».

Vivre, c’est, d’abord, poser les pieds sur le sol, essayer de trouver un horizon qui ne soit pas un poids mort en soi, qui ne soit pas cette matière friable et dure et dure vraiment et pourtant de nuage qui nous rend si légers dans notre douleur, comme un ballon qui s’accroche au mur du ciel, ces moments d’angoisse.

La vie, c’est ce qui veut être deux et ce qui reste un peu esseulé, solitude approfondie par le fait d’être accompagné du soi incompréhensible qui est l’autre, tenu détaché de lui par l’angoisse, par cette eau brouillée qui fait le visage à l’intérieur un peu plongé :