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Une quête infinie, Mary Johnson

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 14 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Récits, Robert Laffont

Une quête infinie, 18 février 2013, traduit de l’anglais (USA) Marianne Reiner, 480 p. 22 € . Ecrivain(s): Mary Johnson Edition: Robert Laffont

 

Sous-titré « Auprès de Mère Teresa, mon itinéraire entre passion et désillusion », Une quête infinie est un captivant témoignage. Mary Johnson y raconte, avec une impressionnante franchise, son parcours de nonne catholique.

Cela commence un jour de 1975, où elle tombe sur une photo de Mère Teresa à la une du Time. Subjuguée par le personnage, elle prend alors, du haut de ses 17 ans, une importante décision vers laquelle convergeaient alors tout son être et ses plus profondes aspirations. Elle ne pouvait imaginer plus belle vie que celle qui se consacre entièrement à apporter soutien et compassion aux plus démunis de ce monde.

Aucun membre de sa famille ne put la décourager d’arrêter ainsi ses études, pour se retrouver dix-huit mois plus tard dans un couvent du sud du Bronx, face à Mère Teresa, qui lui dit en accrochant un crucifix sur sa chemise : « Reçois le symbole de ton époux crucifié. Porte sa lumière et son amour dans les demeures des pauvres partout où tu te rendras ».

Le mur de mémoire, Anthony Doerr

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 13 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Nouvelles, Albin Michel

Le mur de mémoire (Memory Wall), traduit (USA) par Valérie Malfoy, 7 février 2013, 290 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Anthony Doerr Edition: Albin Michel

 

Un voyage dans l’espace qui se double d’un voyage dans le temps.

Avec son recueil de nouvelles, Le mur de mémoire, Anthony Doerr nous conduit de l’Afrique du Sud aux Etats-Unis, en passant par la Chine, la Lituanie ou l’Allemagne. En plus de nous convier aux quatre coins du monde, il traverse aussi les époques. Mais loin de se livrer à des exercices de reconstitution historique, c’est le souvenir d’événements qui guide ses récits.

Les six nouvelles de ce recueil ont en effet pour thème la mémoire et sa persistance. Elles posent la question de savoir comment des souvenirs continuent à vivre dans le présent et, dans une certaine mesure, comment ils influent sur la vie, voire la déterminent.

Tous les personnages d’Anthony Doerr sont hantés par la perte ou la résurgence de leur passé. Le passé crée un manque parfois vertigineux. Ce qui a été mais n’est plus devient une boussole pour continuer à avancer, mais aussi un fardeau – quand il devient presque fantasme –, qui empêche d’aller de l’avant et de se construire.

Entre amis, Amos Oz

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 12 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Nouvelles, Gallimard, Israël

Entre amis, traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen, 157 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Amos Oz Edition: Gallimard

 

Partir ? Rester ? Revenir ? Attendre ? Interrogations des personnages indécis, parmi la communauté stable, réglée, régulée, du kibboutz Yikhat. Ceux-là sont solitaires au milieu des autres, exilés d’ils ne savent où. Quelque chose leur manque, ou serait-ce plutôt qu’ils ont manqué quelque chose ? Ils refusent à ce point le contact, que le moindre geste envers eux leur semble une intrusion, un dérangement.

En ces êtres non aboutis, routiniers malgré eux, une question parfois se fait jour qu’ils refusent, ou chassent à la manière d’un insecte importun, d’un bruit lancinant, là encore un petit dérangement. Quelque chose rompt, se rompt en eux, découvrant l’abîme de la solitude la plus terrible, la plus érodante : la solitude au milieu des autres, l’enfermement en soi en milieu ouvert. A quoi donc correspondent ces escapades, ces sorties de soi et/ou du kibboutz qu’ils tentent ?

Après sa déconvenue avec Tsvi : « Luna Blank partit à l’improviste aux Etats-Unis rendre visite à sa sœur, qui lui avait envoyé un billet » (p.21).

Savannah dream, Cécilia Dutter

Ecrit par Laurent Bettoni , le Mardi, 12 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Albin Michel

Savannah Dream, 2013, 216 pages, 16 € . Ecrivain(s): Cécilia Dutter Edition: Albin Michel

 

Cécilia Dutter vient de recevoir le prix Oulmont de la Fondation de France pour son précédent roman, Lame de fond (paru chez Albin Michel) et elle nous propose déjà son dernier opus, Savannah Dream, chez le même éditeur. Quelle santé ! Quel rythme ! Et de rythme, justement, le récit n’en manque pas.

À travers cette histoire d’adultère qui se joue dans le Vieux Sud des États-Unis, là où la moiteur des corps rivalise avec celle du climat, l’auteur convoque ses thèmes chéris, jusqu’alors traités séparément dans sa bibliographie : l’amour, le désir, la philosophie, la spiritualité. Tout cela peut-il faire bon ménage ? Sous l’orchestration magistrale de Dutter, oui. Et sans provoquer ni le moindre ennui, ni le moindre mal de tête, ni le moindre alourdissement de paupières. Pour quelle raison ? Parce que l’écriture et la construction narrative nous tiennent en haleine du début à la fin. Fin que l’on aurait souhaité – la chose est assez rare pour être signalée – voir arriver plus tard. Savannah Dream se dévore donc avec la même gourmandise que l’un de ces biscuits chocolatés et longilignes qui nous font dire : « Vous pourriez pas les faire un peu plus longs ? »

Les riches heures, Claire Gallen

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Samedi, 09 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, La Brune (Le Rouergue)

Les riches heures, janvier 2013, 192 p. 18 € . Ecrivain(s): Claire Gallen Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

Un jeune couple qui a connu et profité des riches heures de la spéculation immobilière, des placements juteux à défaut d’être parfaitement légaux, se retrouve, crise financière oblige, ruiné, menacé par la justice, contraint d’abandonner un train de vie dispendieux pour affronter des fins de mois précaires et de claquer leurs dernières économies dans des vacances au Lavandou.

Leur union peut-elle résister, quand les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre reposent, et ce, dès l’origine, sur des valeurs artificielles et des faux-semblants, quand leurs origines sociales, leurs goûts et centres d’intérêt profonds ont toujours été discordants, mais en apparence soudés par la fascination de l’argent facile ?

Passer de la frime à la réalité, du mensonge à la sincérité, peut coûter cher sur tous les plans. L’orgueil, l’image de soi – ils vont en faire la cruelle expérience – n’en sortent pas indemnes.

« Vider l’appartement n’a pas suffi. Il a fallu demander un geste aux parents d’Anna. J’en vomissais, mais c’était ça ou les huissiers […] ils nous ont remis une enveloppe pleine de billets […] Ils rachetaient leur fille. J’en crevais de honte ».