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La Une Livres

Foch, Jean-Christophe Notin

Ecrit par Vincent Robin , le Mercredi, 27 Mars 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Biographie

Foch, Jean-Christophe Notin, Editions Perrin, 2008, 649 pages . Ecrivain(s): Jean-Christophe Notin

 

Déjà copieusement décortiqués depuis un siècle, mais cette fois soumis aux révélations d’assembleurs et scanners ultra sophistiqués, les évènements rattachés à la guerre de 14-18 délivrent aujourd’hui de tout nouveaux spectres de vérités. Y compris sur des consensus que l’on admettait définitifs. Fleurons d’une entreprise d’investigation nouvelle et percutante, ces outils performants manifestement placés au service d’un esprit alerte et avisé auront alors sûrement rapporté à Jean-Christophe Notin la distinction de son Foch, dont la parution fut glorieusement saluée dès sa sortie en 2008.

Le Prix « Louis Marin », décerné à l’auteur lors de cette publication, nous dit combien cet ouvrage se vit rapidement honoré pour sa qualité. Mais l’attention accordée ici à ce livre retiendra moins les critères de son accueil en librairie que ses caractéristiques de biographie rectificative. Celle-ci vient en effet aujourd’hui balayer de sérieux préjugés, à la peau dure, ayant malencontreusement déformé l’image du réputé « Vainqueur de 1918 » depuis cette époque. Soudain démaquillé des grimages qui ont longtemps résolu son fard glorificateur, le pieux maréchal se révèle alors, sous son aspect redevenu naturel et authentique, la personnalité autrefois décrite par des auteurs happés par la symbolique, souvent plutôt appréciés maintenant comme hagiographes que comme historiens (Pierre Dumas à ce titre).

Les noces clandestines, Claire-Lise Marguier

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 26 Mars 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, La Brune (Le Rouergue)

Les noces clandestines, mars 2013, 121 p. 13,80 € . Ecrivain(s): Claire Lise Marguier Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

C’est tout simple, l’histoire de ce livre. On dirait un bout de fait divers, au coin usé d’une feuille de chou de province. Un type en enlève un autre, et le séquestre ; un chapelet de comment… donc… s’ensuit. Le pourquoi tient sa place en fond, flouté.

Mais il s’agit d’un livre – et quel livre ! Il est question de littérature – haute et aboutie ; et d’un jeune auteur, qui signe là – à peine croyable, un premier roman.

« C’était juste avant l’automne, cette saison bancale, entre deux, dont la seule évocation nous jette dans le spleen des poètes. Bonne maman achevait sa vie à l’étage de la maison, allongée dans ses draps souillés qui empestaient l’urine et les chairs en décomposition… ».

On hésite déjà, dès l’entrée du roman, entre la confiture et l’horreur, la vie banale, et ses dessous terribles. On regarde d’emblée, de travers ce gars – prof d’histoire en collège – comme on se pencherait sur la margelle du puits, effrayé, attiré, aussi, par ce qu’il y a au fond.

On est encore aujourd'hui, Véronique Janzyk

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 26 Mars 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

On est encore aujourd’hui, Onlit Books, Editeur numérique, Mars 2013, 146 pages, 3,99 € . Ecrivain(s): Véronique Janzyk

 

Ce livre est une ambiance. C’est à la fois sa force et sa faiblesse. C’est une histoire simple avec deux personnages « actifs ». D’autres sont présents mais ne participent pas à l’histoire. Les deux héros ont des vies de tout le monde, mais elles restent en toile de fond. C’est de ce couple dont l’auteure veut nous parler et de lui seul.

Un homme – Michel, addictologue et auteur – et une femme – la narratrice – se rencontrent à l’occasion d’une conférence où lui est accueilli par elle. Ils se promettent de reprendre contact et ils le font. Naît alors une amitié qu’ils cristallisent autour de leur passion commune, le cinéma.

Dès lors, on attend que cette rencontre, puis cette amitié se transforment en histoire d’amour et on se dit que ça risquerait bien d’être très ordinaire et pourquoi pas un peu poussif. La surprise vient au milieu du récit, inattendue, brutale. Un évènement survient qui ne remet rien en question et on comprend alors pourquoi elle s’adresse à lui sur le mode du « tu ». Elle les raconte tous deux dans un monologue qui pourrait être une longue lettre.

Séraphin, c'est la fin !, Gabriel Matzneff

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 22 Mars 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Livres décortiqués, Essais, La Table Ronde

Séraphin, c’est la fin !, février 2013, 268 pages (écrites de 1964 à 2012), 18 € . Ecrivain(s): Gabriel Matzneff Edition: La Table Ronde

 

Une lecture est une aventure personnelle, sinon « à quoi bon ? », Michel Host

 

Je viens de bercer le dernier enfant de Gabriel Matzneff, baptisé Séraphin, c’est la fin ! une citation tirée de L’Aiglon, d’Edmond Rostand ! – Voilà l’homme ! À quelles ignominieuses profondeurs de la vieille France, que d’aucuns disent « moisie », le provocateur ne va-t-il pas chercher tout ça ? Je notai cela, hier, dans mes carnets Faits & Gestes, réservés à mes lecteurs futurs. Et encore ceci, peu ou prou : dans ses pages, Gabriel Matzneff dit et répète a voce alta ce que la plupart pensent mais taisent avec soin. C’est un plaisir que de le lire. Il croit et ne tient pas à ce que tout le monde croie à ce à quoi il croit. Nous pourrions donc nous entendre si nous étions moins sauvage. Il se plaint de n’avoir obtenu aucun prix littéraire sauf, une fois, une insultante aumône de l’Académie française, et d’être soumis à un ostracisme féroce de la part de ces chroniqueurs de la presse littéraire qu’à juste titre il englobe dans la secte des salauds médiatiques. Sa candeur stupéfaite me rafraîchit.

L'intensité secrète de la vie quotidienne, William Nicholson

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Mars 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Iles britanniques, Roman, Editions de Fallois

L'intensité secrète de la vie quotidienne, Trad. anglais Anne Hervouët, Février 2013, 410 p. 22 . Ecrivain(s): William Nicholson Edition: Editions de Fallois

 

Avis aux futurs lecteurs de ce roman : risque fort d’addiction ! Certes il s’agit bien de vie quotidienne et donc, globalement, d’événements qui ne dépassent que rarement le possible, voire le probable de tout un chacun. Et pourtant, le talent de William Nicholson, qui manie la narration écrite comme il a su le faire en tant que scénariste dans des films qu’on a adorés (Gladiator par exemple), fait ici encore merveille. Jamais la polyphonie n’a eu tant de réalité que dans ce récit. Plus de dix personnages, tour à tour, au cœur d’une Angleterre rurale, racontent, se racontent, dans une tranche de vie.

Au centre de ce microcosme, Laura. Elle a une quarantaine d’années, un mari, deux enfants, des parents riches, tout va bien. Sauf que. Sauf que 20 ans après une rupture brutale et douloureuse, Nick ressurgit du passé et ébranle la vie de Laura.

L’art de Nicholson n’est pas dans l’écriture elle-même. Il écrit, on lit, on n’en demande ici guère plus. Les petites et grandes misères de tous les jours des personnages, leurs joies aussi, se croisent et se décroisent avec une énergie de chaque instant, un rythme soutenu, une sorte d’évidence. Pas un chapitre qui ne nous captive pas, on veut la suite, comme les soirs de diffusion de nos séries télévisées favorites. Et pourtant, aucun doute, il s’agit bien de faits de la vie quotidienne.