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La Une CED

Entretien avec Pierre Pachet (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 01 Mai 2011. , dans La Une CED, Les Ecrivains, Les Dossiers, Entretiens, Chroniques Ecritures Dossiers, Documents

Entretien mené par Léon-Marc Levy, après la sortie de "Sans Amour" (Denoël)

LML : Vous êtes hanté par le temps, sa fuite irrémédiable. Votre œuvre et votre dernier livre Sans amour en témoignent. Mais souvent vous mesurez le temps, et sa fuite, à l’occasion de grandes douleurs. La mort du père, de la mère, de l’épouse… La scansion du temps est-elle obligatoirement rythmée par les malheurs d’une vie ?


PP : Sans doute, le temps d’une vie, les vies de ceux que j’ai connus, aimés ou simplement approchés, et auxquels j’ai survécu (car c’est cela, être âgé : survivre à ses proches), ce temps compte, il se compte, en années. Mais je ne crois pas en être « hanté ». Je constate simplement. Je suis beaucoup plus sensible au temps intime, celui qui au contraire ne fuit pas, mais stagne : le temps de la solitude, de l’ennui, de l’attente (dans la salle d’attente d’un médecin), du « rien à faire aujourd’hui », ce temps qui pèse autant sur les enfants et  adolescents que sur les vieillards. Ce temps sans repères, qu’il faut parcourir de minute en minute et qui requiert de nous invention, projets, retours sur soi, capacité à se faire exister soi-même par le recours à la « vie intérieure ». Les personnages de Sans amour ont, ou ont tous eu, à faire face à ce temps-là.

l'Arbre aux secrets -5

Ecrit par Ivanne Rialland , le Dimanche, 24 Avril 2011. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis, Chroniques Ecritures Dossiers

Chapitre VI


Rose revint le lendemain à la clairière, et le surlendemain. Mais pas de Victor. L’état de sa mère n’empirait pas. Il ne s’améliorait pas non plus. Quelquefois, elle restait prostrée des heures entières. Quelquefois elle chantonnait. Elle sortit même un peu dans le jardin. Un soir, elle prit de l’encre, du papier, un pinceau fin et se mit à dessiner comme avant. Comme avant. Cela paraissait si lointain à Rose. Mais avant, c’était quoi ? Il y a quelques jours, quelques semaines. Ou il n’y avait pas de « avant ». Le mal venait de plus loin. Toujours, le petit garçon grimaçant dessiné à l’encre de chine s’était caché sous les couleurs vives. Les cauchemars des nuits sous les rêves des jours. Sa mère avait vécu avec, jour après jour, repassant au petit pinceau en jaune, en vert et en rouge les feuillages sombres, les troncs noirs. Le renard caché dans la forêt, avec sa langue rouge, qui, tout à coup, pointait les oreilles et ne voulait plus rentrer dans son terrier.

Azad et les Rolling Stones

Ecrit par Guy Donikian , le Dimanche, 24 Avril 2011. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles, Chroniques Ecritures Dossiers


Ce sont mes joues qui ne me plaisent pas. On dirait un hamster qui aurait fait des provisions, beaucoup de provisions comme pour passer un hiver rigoureux. Des joues grosses comme ça, ce n’est pas ce qu’on fait de mieux, et pourtant mon grand-père Iskender semble très fier de ce signe de bonne santé. Et puis, avec la tronche que ça me fait, comment devenir un chanteur de rock. Seul point positif, mes cheveux ; ils commencent à pousser, leur longueur est presque celle de mes maîtres et je vois bien qu’avec des cheveux plus longs, les rondeurs pitoyables de mes joues s’estompent quelque peu. J’ai horreur des cheveux plaqués sur le crâne, et le volume que je commence à avoir me plaît bien. Je m’observe souvent dans une glace, et en passant ma main dans ma chevelure, j’augmente un peu plus le volume et je me trouve plus esthétique, je crée comme ça un désordre dont parfois on se moque autour de moi. Mais franchement, autour de moi, dans ma famille, qu’est-ce qu’ils connaissent à l’esthétique, eux qui sont issus de contrées dont on ignore tout.

Booker Prize arabe : entre scandale, complot et surprise

Ecrit par Amin Zaoui , le Dimanche, 17 Avril 2011. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières

Le Booker prize arabe, ou « le Booker arabe » est un prix destiné à récompenser le meilleur roman arabe de l’année. Il a été fondé en 2007 à Abou Dhabi en collaboration avec le célèbre prix Booker britannique. Entre scandale, complot et surprise le Booker prize s’arabise ! À chaque année le Booker arabe s’installe confortablement dans une odeur empestée. Avec ses quatre éditions écriées et hurlées, le BPA nous livre une image de la culture arabe noyée dans l’argent et qui jour après jour s’ancre davantage dans des traditions non culturelles ou plutôt anti-culturelles. Chaque année, à chaque édition du BPA, on découvre un peu plus les traits d’un visage défiguré de la culture et des intellectuels arabes. Le Booker arabe avec ses scandales et ses complots n’est que l’image littéraire d’une culture soumise au pouvoir politique de l’argent impur et de l’argentier courtier ! Il est aussi le miroir reflétant la représentation des intellectuels bien servis par des services hautement branchés ! La création, à mon sens, de ce prix n’est qu’une « esthétique du boucher » ! Pour museler la culture résistante. À la marge de cette création, une mafia de la littérature est née. Une autre, manipulatrice et manipulée, a vu le jour dans les milieux de la presse écrite libanaise et égyptienne.

Une brève lecture des trois premières éditions, dont le BPA est revenu respectivement aux Egyptiens Bahaa Taher pour L’Oasis du crépuscule et Youssef Zeidan pour Azazil, au nouvelliste saoudien Abdou Khal pour Elle lance des étincelles, nous enregistrons ce qui suit :

Fante. John, Fante (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 03 Avril 2011. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, Univers d'écrivains, USA, Roman

Plein de vie !

John Fante. Prononcez « fanté ». Je dois vous dire d'abord bien sûr : c'est qui John Fante ? Un écrivain, américain. Italo-américain plutôt, la précision est d'importance, elle imprègne toute son œuvre. Sa vie couvre à peu près le XXème siècle, de 1909 à 1983. On ne peut pas esquiver sa vie, elle est la matière même de l'œuvre. Tous ses romans égrènent des épisodes autobiographiques, de l'enfance rude du Colorado (sous les grondements incessants d'un père alcoolique et violent) à la réussite professionnelle et mondaine d'Hollywood (où il sera un scénariste très prisé) et enfin jusqu'à la fin douce et glorieuse, malgré la cécité qui le frappe en 1978, aux côtés de Joyce, son épouse.

Je ne sais pourquoi, bien qu'adulé (et même objet d'un véritable culte !) par des cercles de plus en plus nombreux de passionnés de littérature, Fante n'a pas encore atteint en France la notoriété d'un Steinbeck, d'un Hemingway, d'un Faulkner. Son influence littéraire est pourtant d'une large importance : il est le père spirituel de la « Beat génération », de Charles Bukowski, de Truman Capote, de James Ellroy. Son influence est considérable aussi sur Jim Harrison et « l'école du Montana ».