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La Une CED

Testosterone Therapy (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mercredi, 23 Novembre 2022. , dans La Une CED, Ecriture, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! allez, avouez-le ! vous vous êtes inscrite sur un site pour rencontrer l’homme de votre vie, en tout cas pour combler une part de votre vie. Vous habitez Mayami, vous avez téléchargé l’appli Bumble, vous avez confié vos données bancaires, vous ne savez pas trop à qui, vous avez accepté que vos données confidentielles ne le soient plus. Vous avez complété avec application toutes les lignes de votre profil, vous êtes géniale, bien sûr. Vous avez téléchargé vos plus belles photos, juste quelques années de décalage, ça va aller, vous n’êtes pas trop décatie, les hommes prétendent même que vous êtes plutôt bien conservée et ça vous fait bondir.

Eux en revanche, ils ont morflé. Les années, l’andropause, la presbytie, la calvitie, les divorces, les gosses en garde alternée, les licenciements, le business, le sport en dents de scie, se réinventer toujours et c’est loin d’être affriolant. Quant aux autres, ils sont beaucoup plus jeunes, beaucoup trop jeunes et jouer les mamans, ce n’est plus de votre âge.

Réalité 1. Nature (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 21 Novembre 2022. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Henri David Thoreau a raison

Nous sommes des insurrections.

 

Allons vers l’esprit veux-tu

Car les dieux ne sont à personne

De simples respirations.

 

Le ruisseau souffle voilà tout

Et le noisetier d’ébène est un jeu

C’est-à-dire un suspend critique.

La robe panthère (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 18 Novembre 2022. , dans La Une CED, Ecriture, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Marcella a une boutique de vêtements située sur Lincoln Road, à Miami Beach, et pas seulement une boutique. Deux étages dont un consacré aux hommes qui veulent porter des robes dos nu, également un espace dédié aux Arts. Ici, vous n’achèterez pas un vêtement, vous le rencontrerez. Ici, vous écouterez un auteur, une coupe de champagne à la main, en portant un habit qui vous définira bien davantage que tous ceux qui prétendent vous connaître. Marcella est élancée, elle est généreuse, elle est fantasque. Elle est sensible, voire un peu trop, à la lumière et aux inconnus. Elle est fragile comme toutes ces femmes qui collectionnent les adjectifs. Elle fut hippie, elle fut riche, elle fut sacrée Miss Colombie. Des cheveux blonds à la Jayne Mansfield qui, paraît-il était chauve sous sa perruque, interminables à l’instar de sa carrière de mannequin. Marcella fut une des plus belles femmes au monde. Modèle dès l’âge de dix ans en Colombie, il faut dire que ses parents l’étaient, des dieux tombés du Pic Cristobal Colon.

Eschaton, Ici finit le règne de l’homme, Vincent La Soudière (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 17 Novembre 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Eschaton, Ici finit le règne de l’homme, Vincent La Soudière, La Coopérative, novembre 2022, 320 pages, 22 €

 

Mon unique rencontre – joyeuse et perplexe – avec cet auteur, en 1979, au buffet de la Gare du Mans. Il me dit : « Je n’y arrive plus… ». « À quoi ? » lui dis-je. « À Dieu » répond-il. Et nous avons ri. « Moi, lancé-je alors, je n’y suis jamais arrivé ». « Veinard » me répond-il. Et, son bock, mon verre de lait, de trinquer.

Cet homme (1939-1993) a eu un destin nettement tragique. D’un coté, une vie de solitude (pas de famille fondée), de dépression (pas de vie intérieure non-médicamentée) et d’errance socio-professionnelle (pas de diplôme, ni de carrière, ni même de domiciliation autonome), que Sylvia Massias résume brutalement ainsi : « Il a détruit son être, sans pouvoir en mourir ». Et puis, en même temps, une vie d’efforts constants, d’engagement intérieur passionné (dans la foi, l’écriture, la lecture), qui lui a donné un monde cohérent et profond, mais sans sol ni appui, sans ressources, sans écho ni même résistance utile. En un mot, il a construit sa personnalité, sans pouvoir y vivre.

Traduire Hitler, Olivier Mannoni (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 16 Novembre 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Traduire Hitler, Olivier Mannoni, éd. Héloïse d’Ormesson, octobre 2022, 128 pages, 15 €


« J’allais replonger dans le texte d’Hitler, ce marécage dont la boue n’avait pas fini de coller à mes bottes de traducteur ».

« Historiciser le mal, Une édition critique de Mein Kampf, 2021, 700 pages, 2 livres, 27 chapitres, pour le livre d’Hitler, entouré d’un appareil critique d’une rare ampleur ». Qui ne s’en souvient ? Le projet, les historiens, l’opinion ; les différents points de vue ; le faire, ne pas le faire. La longue – et argumentée – polémique faisant la « une » pendant plusieurs mois, agitant le fond de notre conscience à tous, historico-morale ; pas si souvent qu’on a l’occasion d’un débat de ce type. Celui qui parle ici, c’est le traducteur, et quand on sait l’importance de la traduction, cette « autre » voix d’une œuvre, on ne peut qu’être très attentif à son récit – son rapport, pourrait-on dire.