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La Une CED

Garder la terre en joie, Pascal Commère (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 22 Août 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Garder la terre en joie, Pascal Commère, Tarabuste Editeur, mars 2024, 162 pages, 16 €

 

Garder la terre en joie, garder la terre en vie, garder en joie la terre de sa vie… Et si l’écrire/en écrire, en retraçant ainsi le territoire/terroir existentiel d’une vie, permettait, en somme, d’en mieux restituer ce qui coule de source malgré la tâche affairée de poser des mots justes sur des passages, des paysages éphémères vécus, sur des voyages plus ou moins longs ou lointains (ici Stockholm, l’Allemagne, l’Italie, un jardin, …)… Étapes éphémères mais décisives, jalonnant le cours d’une vie. Cendrars titrait l’un de ses recueils Au cœur du monde entier et écrivit, en bourlingueur, les mots aux dents comme on mord la pulpe, la chair d’un fruit dont l’arbre se déplacerait au gré de nos aventures entre ciel et terre, tout en se nourrissant d’un même sol nourricier, celui de la terre, en y ajoutant l’encre du Langage pour en grandir encore les racines et les nuancer par la transfiguration roborative que provoque toute restitution/tout récit d’une temporalité aléatoire ou événementielle.

Taxi Miami (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mercredi, 21 Août 2024. , dans La Une CED, Ecriture, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Es-tu un adepte d’Uber ?

Méfie-toi des gens qui n’ont qu’une idée. À Miami, tu circules en Lyft. L’application sur l’écran de ton téléphone, un carré rose dont les bords sont arrondis, c’est plus ergonomique, ta carte en débit immédiat, wait and save, c’est moins cher. T’as de la chance, tu n’es jamais pressé (la langue française a créé le genre neutre, usons-le). La plupart du temps, la petite voiture arrive sur ton écran en moins de quinze minutes.

Tu ne possèdes pas de véhicule. Tu n’as pas de permis de conduire. Trois échecs, il faut croire que la vie ne veut pas de toi sur la route. Quatre mille dollars à l’année, tu as fait le calcul, c’est moins cher d’utiliser la voiture des autres.

Défense de la poésie, Percy Bysshe Shelley (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 20 Août 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie, Rivages poche

Défense de la poésie, Percy Bysshe Shelley, Payot Rivages Poche, mai 2024, 128 pages, 8,20 €

 

Ordre et harmonie

Écrire une théorie de la poésie, voire la défendre contre les autres arts, contre l’époque, est un sujet délicat à traiter. Il ne faut rien de complètement définitif et donc ménager une voix au théoricien – un célèbre poète romantique anglais ici –, défendre une théorie qui pousse ensemble à confondre le poète et le poème, l’ordre esthétique et l’ordre moral. Il s’agit ainsi de partager le poème entre Raison et Imagination, saisir au-delà du poème une influence qui dépasserait les clivages entre la pensée et la matière.

La raison est l’énumération de quantités déjà connues ; l’imagination est la perception de la valeur de ces quantités, à la fois prises séparément et comme un tout. La raison envisage les différences, et l’imagination les ressemblances entre les choses. La raison est à l’imagination ce que l’instrument est à l’agent, ce que le corps est à l’esprit, ce que l’ombre est à la substance.

Théologie de la cruauté (saint Augustin, Sade et quelques autres), Ghislain Chaufour (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 19 Août 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Essais

Théologie de la cruauté (saint Augustin, Sade et quelques autres), Ghislain Chaufour, Les Provinciales, mars 2024, 190 pages, 18 €

 

« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille ». Même si nous faisons tout pour l’éviter, aidés en cela par la médecine qui met à notre disposition une gamme d’antalgiques de plus en plus étendue (arrivons-nous à imaginer une intervention chirurgicale sans anesthésie, alors que cela constitua la norme pendant l’essentiel de l’histoire humaine, des trépanations dans les cavernes aux amputations « à chaud » sur les champs de bataille ?), la souffrance – physique, en premier lieu – accompagne nos vies. Si nous ne gardons aucun souvenir de notre naissance, et cela vaut peut-être mieux ainsi, ce moment ne paraît agréable pour personne. À l’autre extrémité de l’existence, il est rare qu’un trépas soit tout à fait indolore et passe inaperçu au trépassé (sans oublier que, pendant des siècles, ce type de décès, quasi-instantané, était considéré avec suspicion et n’était pas regardé comme une « bonne » mort). Dans l’intervalle entre ces deux moments, un assortiment varié de douleurs néphrétiques, vertébrales, coliques, dentaires, céphaliques… nous guette, afin de nous rendre optimistes.

À Jérôme Ferrari (5) (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 10 Juillet 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Le 21 août sortira votre nouveau roman.

Le précédent, À son image, était paru le 19 août 2020. On ne peut pas dire que vous soyez tel ce tâcheron de la page que Colette croque dans Claudine s’en va, contraint de pondre son volume annuel comme la poule un œuf quotidien.

Alors guetter, d’année en année, votre prochaine publication, c’est comme attendre d’obtenir un rendez-vous avec quelqu’un qui nous plaît : la personne se décidera-t-elle ? quand ? pour quelle histoire ? Dans tous les cas, sa liberté est essentielle au charme de la situation.

Pourtant, malgré mon impatience, je ne lirai pas en ligne les premières pages de ce roman, comme le site de votre éditeur y invite. « Pour appâter le chaland », allais-je écrire sans que le ton soit au reproche car ainsi sont faits les livres, de chair, objets en partie commerciaux, et d’esprit, s’ils sont bons. Votre Nord sentinelle sera pour moi, jusqu’à ce que j’ouvre mon exemplaire en papier, ce paquebot géant qui semble sur le point de s’encastrer dans une ruelle à fleur d’eau égayée par de rares balconnières. Noir et blanc, rouge et bleu, marron.