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Les Chroniques

Les Carnets tchanqués, Pierre-Olivier Lambert (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Les Carnets tchanqués, Pierre-Olivier Lambert, éditions Ars Poetica, ill. Corinne Pangaud, juillet 2022, 130 pages, 18 €

 

Bateaux, oiseaux, lumières

Ce recueil de 100 tankas, ici mélange stylistique entre Orient et Occident, suscite une lecture lente et qui peut se répéter (comme le Haïku japonais qui se prononce deux fois). Ce qui fait l’unité de ces poèmes très courts et saccadés, c’est le Bassin d’Arcachon, ce qui veut dire : marées, bateaux, lumières, mouettes et autres sternes ou goélands. Et aussi les maisons tchanquées, maisons sur pilotis très prisées.

L’expression poétique est souvent méditative ou plutôt, contemplative, presque muette et souvent immobile – comme dans un tableau –, en 5 vers condensés qui immobiliseraient l’action poétique, comme le préconise la tradition japonaise. Ce qui aboutit à une poésie très tendue, et surtout peu bavarde, telle la prononciation intérieure de ces cinquains, petites pièces de poésie de 5 lignes qui finissent par faire une litanie, un ostinato avec un fond mélancolique parfois.

L’approche de Delft, De la peinture hollandaise & de Marcel Proust, Daniel Kay (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Jeudi, 13 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

L’approche de Delft, De la peinture hollandaise & de Marcel Proust, Daniel Kay, éditions Isolato, 2011, 71 pages, 14 €

Le livre tout en finesse de Daniel Kay, L’approche de Delft, publié en 2011 par Isolato, se propose, en quatre chapitres particulièrement denses, de tisser des liens entre la peinture hollandaise, dont Vermeer de Delft constitue le parangon, et l’œuvre de Marcel Proust, A la recherche du temps perdu. Il s’agit de mettre au jour la façon dont une œuvre d’art, qu’elle soit picturale ou littéraire, opère une transfiguration allégorique du réel le plus ordinaire. L’idée, très hégélienne au fond, qui sous-tend cette réflexion, est qu’il n’y a pas, en art, de réalisme stricto sensu, à quoi on tend souvent à réduire, à tort, la peinture hollandaise, accusée de prosaïsme bourgeois, comme le croit, par exemple, Eugène Fromentin dans Les maîtres d’autrefois : selon lui, le but des peintres hollandais du XVIIe siècle, qui excellent dans la peinture de genre, c’est-à-dire dans la représentation de la vie quotidienne, est « d’imiter ce qui est, de faire aimer ce qu’on imite, d’exprimer nettement des sensations simples, vives et justes ».

Hannah Arendt, Une lecture des Considérations morales (2) (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 12 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Essais, La Une CED

 

Eichmann ou Socrate

Un homme descendu du bus marche au bord d’une route, quelque part près de Buenos-Aires. Surgissent les phares d’une automobile dont les passagers bondissent pour l’embarquer de force. Ce 11 mai 1960, les services secrets israéliens viennent de kidnapper Adolf Eichmann, logisticien de la déportation très actif dans l’exécution de la Solution finale, l’extermination des juifs. Ainsi commence Hannah Arendt, le film de la réalisatrice allemande Margarethe Von Trotta (2012). Ce film de commande, la cinéaste qui a lu l’œuvre, voyagé sur les lieux où vécut Arendt et rencontré ses proches survivants, a failli y renoncer : que filmer à propos d’un personnage dont l’activité principale est de penser ? Comment ? Puis l’idée s’est imposée de représenter ce que l’on pourrait appeler, dans la carrière de la philosophe, l’affaire Eichmann, dont les Considérations morales sont en quelque sorte le prolongement.

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie, Al Manar

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon, éditions Al Manar, ill. Carmelo Zagari, juin 2022, 64 pages, 16 €

 

 

Oiseaux mortels et immortels

Ce recueil de 5 textes de prose de Jean-Pierre Chambon, prend pour sujet les oiseaux. Mais, là, pas de bons sentiments ni autres sucreries mais des tétrapodes de sang, oiseaux qui s’articulent sur la relation humaine, qui enseignent en un sens sur l’homme, sur les sentiments humains, le bien et le mal. Ces oiseaux sont ensemble abstraits et concrets, mortels et immortels. L’on est plus au théâtre que dans la nature, car ces bipèdes manifestent symboliquement leur rapport à l’être humain, sachant que celui-ci s’explique à lui-même en conversant avec le monde du gibier à plume.

Cavafy, Une biographie, Robert Liddell (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 07 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Cavafy, Une biographie, Robert Liddell, éditions Héros-Limite, avril 2021, trad. anglais, Eva Antonnikov, 288 pages, 24 €

 

« Reviens souvent me prendre,

sensation bien-aimée, reviens me prendre –

quand la mémoire du corps se réveille,

et qu’un désir ancien tressaille dans le sang »

C. C., Reviens (1922)

 

La biographie de Constantin Cavafy (né en 1863 et mort en 1933, le jour de son anniversaire, d’un cancer de la gorge comme Freud) par Robert Liddell, sortie en anglais en 1974, a enfin été traduite en français par Eva Antonnikov, aux éditions Héros-Limite, en avril 2021.