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Les Chroniques

Un jour j’irai à Sagres, Nélida Piñón (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 01 Juillet 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Un jour j’irai à Sagres, Nélida Piñón, éditions Des Femmes-Antoinette Fouque, mai 2022, trad. portugais (Brésil) Didier Voïta, Jane Lessa, 480 pages, 24 €

 

La femme interdite

Nélida Piñón, née en 1937 à Rio de Janeiro, d’origine galicienne, est la première femme à présider l’Académie brésilienne des lettres. Elle a reçu plusieurs récompenses, dont l’important Prix Juan Rulfo des littératures d’Amérique du Sud et des Caraïbes, ainsi que le prestigieux Prix Princesse des Asturies pour l’ensemble de son œuvre. Un jour j’irai à Sagres est le huitième livre que publient Des Femmes.

Dans ce volumineux roman, la première image forte est celle d’un homme, né dans le nord du Portugal, qui médite « à la lueur de la bougie », tel un anachorète. Hanté par sa mort future comme un Saint Jérôme en méditation, il dresse ce bilan amer : « Il est grand temps que je meure apaisé, passe en revue mes adversaires, mon existence, sans aucune affectation. Dans ce crépuscule, tout ou rien appelle au repentir, par fausse solidarité avec ce que j’ai perdu et n’ai pas gagné ».

Œuvres, Louise Labé (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 30 Juin 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie, Garnier-Flammarion

Œuvres, Louise Labé, Garnier-Flammarion, avril 2022, 416 pages, 7,40 €

 

Pouvoir l’amour

J’ai beaucoup réfléchi pour donner un titre à cette courte note de lecture, voulant souligner à la fois le pouvoir de l’amour, le pouvoir de l’écriture ou encore regarder de près comment on peut l’amour, comment aussi l’amour peut l’amour, s’engendre. Le poème est un lieu mixte, poreux. Il fixe l’amour et l’impossible de l’amour, il est pouvoir sans efficience mais fondamental. Il est ambigu.

Je précise quand même que je n’ai pas fait une lecture scientifique (car je n’ai pas de compétences particulières pour la poétesse, hormis celle de ma sensibilité). De plus, Louise Labé est particulièrement énigmatique. J’ai essayé de me tenir dans cette double contrainte : ne pas négliger historiquement que cette voix vient de la Renaissance, et en même temps d’en faire une lecture absolument moderne. Donc, regarder à la fois le lien avec les troubadours médiévaux et l’étude contemporaine de la passion comme humeur thymique.

L’éveil des sans-rien et autres histoires, Subimal Misra (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 29 Juin 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Nouvelles

L’éveil des sans-rien et autres histoires, Subimal Misra, Banyan Editions, avril 2022, trad. anglais (Inde), Eric Auzoux, 142 pages, 14,60 €

 

 

Sur un recueil de nouvelles de Subimal Misra

Saluons pour débuter le magnifique travail accompli par David Aimé et par les éditions Banyan : grâce à lui et grâce à elles, le lecteur français accède à des écrivains indiens (anglophones, hindiphones ou s’exprimant dans l’une des langues dites « vernaculaires » : bengali, kannara, malayalam, tamoul, etc.) qu’ignorent souvent les maisons plus importantes. Notre vision de l’Inde et de sa littérature change, s’affine. Guerre aux clichés, aux poncifs, à l’exotisme facile ! Fuyons les images chatoyantes, les chansons sirupeuses et les dénouements édifiants du cinéma bollywoodien et découvrons le sous-continent dans sa réalité parfois brutale mais toujours fascinante ! Car l’Inde est un monde.

Un dédale de ciels, Benoît Reiss (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 28 Juin 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie, Arfuyen

Un dédale de ciels, Benoît Reiss, Arfuyen, juin 2022, 120 pages, 13 €

 

« Je marche en compagnie de mon arrière-grand-père

sur un chemin de terre dans la plaine du Forez

dans mon pays dit-il

avec cette drôle de fierté

mon ombre enveloppe la sienne

ses sandales sont couvertes de poussière

il me montre sur ses jambes ses avant-bras ses joues les éraflures

mes médailles mes blessures gagnées dit-il

contre l’écorce l’ongle des arbres dans le verger voisin

Aorte adorée, Christophe Esnault (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 27 Juin 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Aorte adorée, Christophe Esnault, éditions Conspiration, avril 2022, 42 pages, 7 €

 

Faut-il survivre ?

Ce nouvel opus de Christophe Esnault se construit entre la douleur et la mort, et plus précisément, comme une ode morbide du suicide. L’on en retient une forme ambiguë de la notion de vivre, de survie. La vie est donc stupide, elle ne sert à rien, elle n’est qu’absurdité. Telle est la déclaration de ce recueil des 32 manières de mettre fin à ses jours. Et si l’on pousse le trait un peu plus loin, l’on voit le constat d’une existence faite d’un grand désespoir, et qui justifie de sa noblesse justement par ce dessein, imaginé 32 fois, du suicide. Et s’il n’y avait l’humour, tout deviendrait insupportable, le quotidien resterait étouffant, car seule peut-être la littérature a-t-elle le pouvoir de faire plier l’angoisse avec le rire.

 

Le mythique fusil de chasse