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Les Chroniques

Deux ouvrages aux éditions Le Chat Rouge (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 23 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Du Monocle et autres accessoires masculins disparus, Massimiliano Mocchia Di Coggiola, Editions Le Chat Rouge, juillet 2022, 160 pages, 16,50 €

Du Snobisme, Robert de Montesquiou, Editions Le Chat Rouge, août 2022, 288 pages, 20,90 €

 

« Tout en organisant des pièces de théâtre farfelues, des manifestations contre les académies, en exposant des urinoirs ou des fers à repasser avec des clous, les dadaïstes n’abandonnèrent jamais leur élégance soignée et monoclée, comme quoi on peut très bien être révolutionnaire et garder la classe » (Le Monocle, Du Monocle et autres accessoires masculins disparus, Massimiliano Mocchia Di Coggiola).

Mourir pour Kobané, Patrice Franceschi (par Mélanie Talcott)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 21 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Mourir pour Kobané, Patrice Franceschi, éditions des Equateurs, 2015, 143 pages

 

« Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent », Jean-Paul Sartre

 

Mourir pour Kobané de Patrice Franceschi n’est ni un roman, ni un essai. Juste un témoignage d’un homme qui de 2013 à 2015, fut, sur le terrain, le spectateur volontaire d’une lutte farouche opposant un peuple, les Kurdes, à une organisation ultra-radicale sunnite, Daech, chacun prêt à mourir pour deux visions du monde aux antipodes l’une de l’autre. Un islam démocratique laïcisé, modernisé, réformé, prônant la liberté individuelle et collective, l’égalité entre les femmes et les hommes, le respect des minorités, la justice économique, modèle partagé par les Kurdes turcs et syriens face à un autre, d’une barbarie effroyable, Daech, ces « égorgeurs de Dieu ». Un islam laïc dont les islamo-conservateurs du Moyen et Proche Orient et également d’Europe, craignent la contagion lui préférant l’islam radical (1) dont l’inhumanité perverse et brutale signe l’irrationnel religieux, disposé au pire pour imposer leur foi. Awar Tamia, l’ami et l’interprète de Patrice Franceschi le résume fort bien : « Ils ont un projet et un rêve. L’exact contraire du nôtre. La charia contre le Code civil… ».

Jean-Jacques Sempé, Le Funambule (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Mardi, 20 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Paris. Vendredi 12 mai 2022. Jean-Jacques Sempé fait sa valise, à quatre-vingt-neuf ans, dans sa résidence de vacances à Draguignan. Son nom restera sans doute gravé dans le Dolmen de la Pierre de la fée. Paris est fait pour vivre, non pour mourir. La dernière fois que je le revois à la librairie L’Ecume des pages, boulevard Saint-Germain, je cherche, étonnante synchronicité, son livre L’Information consommation, publié en octobre 1968. Il est très fatigué. Il est malade depuis longtemps, mais il n’arrête pas de travailler. Comme les vrais paresseux. Je dessine, donc je suis. René Descartes est inhumé à deux pas, dans l’église Saint-Germain, où le dernier hommage est rendu à l’artiste. De nombreuses années auparavant, je lui avais offert Le Droit à la paresse de Paul Lafargue. La paresse, mère de toutes vertus. Il n’a pas assez de force pour partager un verre au Café de Flore à côté. Il me lance en me quittant : « Adieu l’ami. Je prépare mes bagages ».

Poèmes vernaculaires, Les Murray (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie, Océanie

Poèmes vernaculaires, Les Murray, éditions De Corlevour, août 2022, trad. anglais (Australie) Thierry Gillybœuf, 112 pages, 18 €

Des choses

Le sel actif qui persiste après la lecture de cette belle traduction très récente de Thierry Gillybœuf de Les Murray, le grand poète australien, c’est la combustion des mondes dans la poésie agissante en sa réalité mondaine avec son idiotisme, combustion qui implique le combustible de la langue elle-même, laquelle fige les choses, ou observe l’inertie des choses, transforme tout en chose. De là, une vision du monde extraordinairement complexe. Celle d’un poète parataxique, fait de fragments de compréhension et d’énigme. Une force surgit en tout cas.

 

L’infâme météorite est en route pour éteindre le monde,

c’est sûr. Mais regarde bien, et sa menace remplit ta journée.

Les braves ne meurent-ils qu’une seule fois ? Je pourrais le faire cent fois par semaine,

cramponné à mon pouls avec le bord du monde à portée de main.

Meurtres en modulation de fréquence, Albert De Morais (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 15 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Meurtres en modulation de fréquence, éditions Douro, septembre 2021, 336 pages, 21,50 €

Le roman policier d’Albert De Morais (dont nous révèlerons l’identité à la fin de la présente note) constitue une véritable réussite gastronomique par la composition savoureuse et pittoresque de ses ingrédients, sa fluidité narrative rehaussée d’un suspense et agrémentée de surprises appétissantes que l’auteur nous sert avec brio.

Nous suivons ici le parcours du narrateur Alban Guégan (connaissance mi-réelle mi fictive de l’auteur qui, d’ailleurs, apparaît lui-même dans cette histoire aux pages 103-109), trentenaire arrivé à Paris à l’âge de dix-huit ans, gérant de trois restaurants dans la Capitale après avoir exercé divers métiers, passionné de mener une vie intense et à cent à l’heure au contact de ses rencontres professionnelles et amoureuses. Confronté malgré lui au meurtre d’un représentant de l’Église déclenchant l’intervention de la DGSE (service de l’État placé sous l’autorité du pouvoir exécutif), Guégan nous entraîne au fil des péripéties et de sa vie aventureuse dans la réalité innovante et fébrile des années 1980 avec, en poche, une possible nouvelle carte à jouer pour se lancer une fois de plus dans une reconversion professionnelle via la création d’une radio libre dédiée à la Bretagne, aux Bretons qui en sont originaires et amoureux.