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Les Chroniques

Hannah Arendt, Une lecture des Considérations morales (2) (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 12 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Essais, La Une CED

 

Eichmann ou Socrate

Un homme descendu du bus marche au bord d’une route, quelque part près de Buenos-Aires. Surgissent les phares d’une automobile dont les passagers bondissent pour l’embarquer de force. Ce 11 mai 1960, les services secrets israéliens viennent de kidnapper Adolf Eichmann, logisticien de la déportation très actif dans l’exécution de la Solution finale, l’extermination des juifs. Ainsi commence Hannah Arendt, le film de la réalisatrice allemande Margarethe Von Trotta (2012). Ce film de commande, la cinéaste qui a lu l’œuvre, voyagé sur les lieux où vécut Arendt et rencontré ses proches survivants, a failli y renoncer : que filmer à propos d’un personnage dont l’activité principale est de penser ? Comment ? Puis l’idée s’est imposée de représenter ce que l’on pourrait appeler, dans la carrière de la philosophe, l’affaire Eichmann, dont les Considérations morales sont en quelque sorte le prolongement.

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie, Al Manar

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon, éditions Al Manar, ill. Carmelo Zagari, juin 2022, 64 pages, 16 €

 

 

Oiseaux mortels et immortels

Ce recueil de 5 textes de prose de Jean-Pierre Chambon, prend pour sujet les oiseaux. Mais, là, pas de bons sentiments ni autres sucreries mais des tétrapodes de sang, oiseaux qui s’articulent sur la relation humaine, qui enseignent en un sens sur l’homme, sur les sentiments humains, le bien et le mal. Ces oiseaux sont ensemble abstraits et concrets, mortels et immortels. L’on est plus au théâtre que dans la nature, car ces bipèdes manifestent symboliquement leur rapport à l’être humain, sachant que celui-ci s’explique à lui-même en conversant avec le monde du gibier à plume.

Cavafy, Une biographie, Robert Liddell (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 07 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Cavafy, Une biographie, Robert Liddell, éditions Héros-Limite, avril 2021, trad. anglais, Eva Antonnikov, 288 pages, 24 €

 

« Reviens souvent me prendre,

sensation bien-aimée, reviens me prendre –

quand la mémoire du corps se réveille,

et qu’un désir ancien tressaille dans le sang »

C. C., Reviens (1922)

 

La biographie de Constantin Cavafy (né en 1863 et mort en 1933, le jour de son anniversaire, d’un cancer de la gorge comme Freud) par Robert Liddell, sortie en anglais en 1974, a enfin été traduite en français par Eva Antonnikov, aux éditions Héros-Limite, en avril 2021.

Biribi, Georges Darien (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 06 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Roman

Biribi, Georges Darien, Editions de Londres, réédition format Poche, 2011, 360 pages 7,10 €

 

Biribi est un terme officieux qui désignait, non un lieu unique, mais un ensemble de compagnies disciplinaires installées dans des camps pénitentiaires, dans l’Afrique du Nord en cours de colonisation au XIXe siècle, où étaient déportés et internés les militaires français réfractaires ou indisciplinés.

Biribi est le titre d’un roman écrit en 1888 par Georges Darien et publié en 1890 par l’éditeur Alfred Savine, dont les éléments se fondent sur l’expérience personnelle de l’auteur.

« Le récit s’inscrit, dit en préface l’éditeur, dans la catégorie des romans et récits carcéraux, dont Le zéro et l’infini d’Arthur Koestler, Souvenirs de la maison des morts de Dostoïevski, ou encore Letter from Birmingham jail de Martin Luther King et les textes de Nelson Mandela. Il est aussi à l’origine du reportage d’Albert Londres sur ces mêmes camps disciplinaires, Dante n’avait rien vu, dont la publication entraînera la fermeture de… Biribi ».

Une lecture des Considérations morales d'Hannah Arendt (1) (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 05 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, La Une CED

Considérations morales, Hannah Arendt, Rivages Poche, 1996, trad. anglais, Marc Ducassou

 

La pensée pour quoi faire ?

Dommage que le titre original, Thinking and Moral Consideration, A Lecture, ait été amputé dans cette traduction de Marc Ducassou, par ailleurs agréable à lire, du mot « pensée ». La pensée est en effet au cœur de cet opuscule dans lequel Arendt rend « hommage à la capacité la plus haute et la moins visible : l’activité de l’esprit », comme l’annonce Mary McCarthy en préface.

Ces quelques pages signées de la journaliste et écrivaine étasunienne, amie fidèle jusqu’à la dernière heure de la philosophe, sont traduites par Nancy Huston. Souvenirs de la première, style de la seconde nous plongent un moment dans l’intimité d’Hannah avant que nous découvrions l’argumentaire de la philosophe Arendt, aussi documenté qu’original, sur la nature et la finalité de la pensée. Les caractéristiques les plus évidentes de la pensée pourraient, au premier abord, la disqualifier. D’une part en effet, Arendt insiste sur le fait que la pensée est hors de l’action.