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Les Chroniques

La folle de la porte à côté, Alda Merini (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Janvier 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Arfuyen

 

Déconstruction

Aborder le continent de la folie et son escorte de vocabulaires, de pathologies, de lieux d’asile, et cela en relation avec la création littéraire, n’est pas une tâche aisée, univoque, définitive, mais qui évolue et reste ouverte. Et même si le masque du fou, de la folle, relève souvent de préjugés, d’images d’Épinal, ce qui arrête l’analyse aux premiers cris de souffrance ou aux réactions inappropriées, il ne faut pas cesser d’analyser, de regarder de près en quoi la folie se marginalise auprès de la société et dans l’œuvre littéraire. Ainsi, le rôle du lecteur – pour le cas qui nous occupe – doit s’infléchir et chercher en quoi cette différence fait différence, en quoi cette locution spécifique fait irruption avec son cortège de ruptures, de grandes arêtes symboliques, de grands traits d’expression. Car cette insanité mentale n’exclut pas une vision du monde. Voire un monde décrit depuis la folie. Pour moi, ce livre, qui permet au lecteur français d’aborder le travail poétique d’Alda Merini, est d’abord et en somme une affaire de déconstruction.

La mère Michel a lu VII - Automne-Hiver 2020 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 18 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, Chroniques régulières, La Une CED

 

« La mère Michel a lu un livre ! Au lieu de faire son ménage ? Eh bien, c’est pour ça qu’elle l’a perdu son chat ! »

Denis Diderot, Billet à Sophie Volland (collection Privée)

 

I- L’Atelier Vincent Rougier

L’Atelier Vincent Rougier existe depuis près de trente ans (1991). Il est établi à Soligny-la-Trappe, dans l’Orne. Ce nom nous vient du Haut Moyen-Âge (Solinelum, attesté dès 1091) et de son abbaye cistercienne, monastère des moines Trappistes. Il s’y publie deux collections de recueils de poésie : Ficelle et Plis Urgents, soit respectivement 142 et 57 parutions.

Emily Dickinson, la poésie car c’est l’immensité (par Jean-Charles Vegliante)

, le Jeudi, 17 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Vide à emplir de félicité,

Vide à emplir de dédain.

(E. Dickinson, Poems 113)

 

Dans sa lettre-préface à l’anthologie de Cent dix-sept poèmes d’Emily Dickinson par lui choisis et traduits, Philippe Denis évoque l’évasive Emily, certes distante mais « bien , c’est-à-dire au-devant d’elle-même, où nul ne la rejoindrait »… Dans cette course-poursuite, où le poète-traducteur a été d’abord « comme un coureur tentant de battre je ne sais quel record sur une piste détrempée », il s’agit assurément d’adaptation – ardue, respectueuse, passionnée – et non d’un effort appliqué de « calque » (Chateaubriand, sur sa version de Paradise Lost), à laquelle un angliciste trop sérieux trouverait sans doute des limites.

De 1984 à 2020 (par Florent Ghertman)

, le Jeudi, 17 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

La crise de la Covid a eu pour conséquences une série de mesures limitant les déplacements, et obligeant la fermeture de certains commerces. Cette limitation d’aller et venir, particulièrement exceptionnelle dans des pays démocratiques, a entraîné des critiques contre les gouvernements à l’origine des différentes mesures.

C’est ainsi que certains ont effectué un rapprochement entre la dystopie décrite dans le roman de Georges Orwell, 1984, et les restrictions annoncées comme motivées par la situation sanitaire.

L’objectif de ce billet est de réfléchir à la pertinence d’un tel parallèle.

 

Précisons en premier lieu que dystopie n’est pas prophétie. Georges Orwell donne matière à penser pour sa génération et les suivantes. Il ne prétend pas écrire le futur. D’ailleurs, il paraît quasiment certain que ceux qui effectuent un parallèle direct entre notre société et celle dans laquelle évolue Winston Smith n’ont pas lu le roman.

In the house that Jack built, Dickens, Griffith et la Révolution (par Augustin Talbourdel)

Ecrit par Augustin Talbourdel , le Mardi, 15 Décembre 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED

Osons une affirmation qui pourrait surprendre : Orphans of the Storm (1921) est une adaptation cinématographique de A tale of two cities (1859). Allons plus loin : c’est probablement la meilleure adaptation du roman de Dickens. Certes, Griffith s’inspire d’abord d’une pièce de théâtre française d’Adolphe d’Ennery et Eugène Cormon, Les Deux Orphelines (1877), aussi connue à l’époque que le roman de Dickens et adaptée quinze fois à l’écran. Il semble que le cinéaste ait fait ce choix par défaut. À l’origine, Griffith désirait tourner une adaptation du roman de Dickens, chose faite quelques années plus tôt, en 1917, par Frank Lloyd. En tournant Orphans of the Storm, sans doute Griffith avait-il encore à l’esprit A tale of two cities, si bien que le film peut passer pour dickensien, alors même qu’un seul incident du film n’est véritablement tiré du roman de Dickens (II, 7) : l’enfant tué par le carrosse de « Monseigneur », dans le faubourg Saint-Antoine, que Griffith présente comme « an historical incident » dans un carton. Au-delà des nombreuses proximités que l’on peut établir entre le roman et le film, la véritable dette de Griffith envers Dickens réside dans la représentation de la Révolution française.