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Les Chroniques

Shakespeare pornographe, Un théâtre à double fond, Jean-Pierre Richard (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 17 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Shakespeare pornographe, Un théâtre à double fond, Jean-Pierre Richard, Éditions rue d’Ulm, coll. Offshore, mars 2019, 246 pages, 20 €

 

Faites entrer Hamlet. Faites entrer Rosencrantz. Et la reine. Et Polonius. Et n’oubliez pas Ophélie !

 

Hamlet – Be the players ready ?

Rosencrantz – Ay, my lord, they stay upon your patience.

Queen – Come hither, my dear Hamlet. Sit by me.

Hamlet – No, good mother, here’s mettle more attractive.

Polonius – O ho, do you mark that ?

Hamlet – Lady, shall I lie in your lap ?

Ophelia – No, my lord.

Un soleil en exil, Jean-François Samlong (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 16 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Un soleil en exil, Jean-François Samlong, Gallimard, Coll. Continents noirs, août 2019, 256 pages, 19 €

 

Un soleil en exil est un titre qui donne déjà parfaitement la tonalité du nouveau roman de Jean-François Samlong, publié fin août 2019 dans la Collection Continents noirs chez Gallimard. Jean-François Samlong n’est pas historien. Il n’est pas non plus grand reporter. C’est un écrivain qui a conquis sa renommée en creusant l’histoire de son peuple. Ce roman relate la funeste trajectoire tragique de ceux que l’on a couramment nommés, avec un euphémisme équivoque : « Les Enfants de la Creuse ».

Le livre commence par un rapide rappel historique du contexte de L’île de la Réunion.

« 1945 : Une disette qui dégénère en famine. La gauche gagne les élections et elle envoie à l’assemblée constituante deux grandes personnalités du pays : Raymond Vergès et Léon de Lépervanche.

1946 : Après un vote à l’unanimité, La Réunion devient département français.

Et si Proust était un écrivain algérien ?, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 15 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Nous parcourons l’Algérie du nord au sud, de l’est à l’ouest, nous frappons aux portes de ses villes, les petites, les moyennes et les grandes, les côtières, celles de l’intérieur ou celles du désert, nul ne donne l’impression qu’effectivement ces cités ont connu dans leurs murs, un jour, un écrivain, un peintre, un musicien !

Les villes sont grandes par leur capital de symboles, et les écrivains sont un capital inépuisable. Nous visitons quelques-unes de ces villes, mais nul ne prouve qu’un Mohamed Dib est né à Tlemcen, que Tahar Ouettar est à Sedrata, que Abdelhamid Benhedouga est l’enfant d’El-Mansoura, que Kateb Yacine est né à Constantine, que Rachid Boudjedra est de Aïn Beïda, rien ne prouve que Moufdi Zakaria soit le créateur de l’hymne national, l’enfant de Taghardait ! Nos villes donnent le dos à leurs écrivains et à leurs artistes ! Tout ce qui relève de ces écrivains est effacé. Même leurs tombes sont perdues parmi celles des inconnus. Une ville sans mémoire n’est qu’un couloir exposé à un courant d’air !

Ce qui sauterait aux trois yeux d’un Martien fraîchement débarqué, Éric Pessan (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 14 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Ce qui sauterait aux trois yeux d’un Martien fraîchement débarqué, Éric Pessan, éditions Lanskine, juin 2019, 56 pages, 13 €

 

Dénoncer

Avec le second volet de mes trois articles consacrés à des parutions récentes des éditions Lanskine, j’ai changé d’univers littéraire et je me suis trouvé dans une poésie plus engagée, plus en relation avec les problèmes (sociaux notamment) de notre monde contemporain, son injustice et sa dureté. Je ne décrirai pas les maux que dénoncent ces poèmes, mais j’essaierai de dire quelques mots cette fois-ci sur la fabrication des poèmes, et sur cela en quoi ils pointent du doigt la petitesse de nos existences d’homme. Le poème devient ainsi un lieu où être ensemble, pour montrer l’irrégularité de nos humeurs, nous qui sommes pris dans les rets d’une société d’aujourd’hui pleine de brutalités et d’inégalités. C’est une poésie de la banalité de nos tourments, devenue lieu de partage des hypocrisies ordinaires, d’une société ingrate, là où le monde ordinaire reste quand même une énigme. On ne sait pas pourquoi l’homme est si mauvais, pourquoi le monde est si mal fait, construit sur tant d’idées arbitraires, de partialité, de scélératesse.

Ma grande, Claire Castillon (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 11 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Ma grande, Claire Castillon, Gallimard, coll. Blanche, avril 2018, 160 pages, 15 €

 

« Il n’y a pas de seuil à la douceur, plutôt une continuelle invitation à être contamin[é] par elle, qui peut se briser en un instant ». « La douceur n’est-elle évidente que lorsqu’elle nous déserte, et revient ? Quand la douleur cesse, quand le rouleau de la vague dépose de l’écume sur le sable aussi légère que l’air, ou bien est-elle d’une essence singulière, goûtée pour elle seule ? », s’interroge la psychanalyste Anne Dufourmantelle.

Ma grande nous fait sentir toute l’importance – l’importance extrême, l’importance proprement vitale – de la douceur. Bien sûr, d’abord, entre le narrateur et son aimée, tout va bien. Je t’avais flashée, ça je reconnais. Quand on te voit, on se dit pas Aïe serpent, on se dit juste Nouveauté. Avec des mots garçons, sexy, sympa, jolie. Tu avais un truc qui rend pas fou. Accro. Un peu. On se sent important tout à coup. T’es pas la fille qui inspire à la dérive. Y avait pas de venin au départ. Je parle en jours. Premiers jours, c’était léger.