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Amérique Latine

Prières nocturnes, Santiago Gamboa

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 27 Mars 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Prières nocturnes, traduit de l’espagnol (Colombie) par François Gaudry, janvier 2014, 312 p. 20 € . Ecrivain(s): Santiago Gamboa Edition: Métailié

 

« Le temps, parfois, est un problème de lumière. Avec les années, certaines formes acquièrent une brillance ou, au contraire, se couvrent d’une étrange opacité. Ce sont les mêmes formes, mais elles apparaissent plus vivantes et parfois, parfois seulement, on parvient à les comprendre ».

Le temps a passé… et le Consul-écrivain se remémore dans une chambre de l’hôtel Oriental, à Bangkok, l’histoire de Manuel Manrique et de sa sœur aînée Juana, deux jeunes compatriotes colombiens qui ont définitivement marqué sa propre existence.

Deux jeunes gens, issus d’une famille de la classe moyenne « limite » de Bogotá, et dont les parents sont acquis, comme nombre de colombiens en 2002, aux idées du Président Álvaro Uribe. Deux jeunes gens écœurés par la médiocrité de leurs géniteurs, par la déliquescence de l’intelligentsia colombienne, par l’atmosphère étouffante d’une société scindée artificiellement entre patriotes et terroristes, par la corruption, par la violence et la répression sanglante des ennemis vrais ou inventés d’un pays lancé dans une politique de « sécurité démocratique », dans la guerre contre les FARC et le trafic de stupéfiants. En ces temps de « redressement patriotique », les familles se déchirent, les générations s’opposent, les amitiés se délitent, les libertés individuelles et l’espoir tendent à disparaître.

Après l’orage, Selva Almada

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 22 Mars 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Après l’orage, traduit de l’espagnol (Argentine) par Laura Alcoba, mars 2014, 134 pages, 16 € . Ecrivain(s): Selva Almada Edition: Métailié

 

A la croisée des chemins


En route vers la demeure de son ami pour lui rendre visite, la voiture du pasteur Pearson tombe en panne au milieu de nulle part. Il est alors obligé de s’arrêter avec sa fille, Leni, dans un garage de fortune. Là, il attend patiemment que El Gringo Brauer, le garagiste, un homme taciturne et malade, répare le moteur de son véhicule. Entre la mauvaise humeur de sa fille et la chaleur insoutenable, le pasteur est attiré par la candeur de Tapioca, l’assistant et fils de El Gringo. Il va tout faire pour convertir cet enfant et faire de lui un prêcheur, un guide tel qu’il aurait voulu être : « Tapioca, José, n’allait pas être son successeur : il allait devenir ce que lui-même n’avait pas réussi à être ». S’ensuit alors un bras de fer entre les deux hommes, l’homme de Dieu et le garagiste, père adoptif de Tapioca, pour savoir lequel des deux gardera avec lui l’adolescent.

Triptyque Escalante ou Les autres grecques

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 14 Mars 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

 

 

Les 3 pièces « grecques » de Ximena Escalante sont éditées en France aux éditions le Miroir qui fume

 

La Grèce est pour nous un berceau, celui de la tragédie. Ximena Escalante vient de bien plus loin, du Mexique, poursuivre la parole millénaire d’Euripide, de Sophocle ou d’Eschyle. Selon son propre aveu, elle aime la « matière » mythologique et tous ses possibles. Transformer, entremêler, ouvrir ce que tous les textes anciens, antiques ont dit d’essentiel : « la desolación amorosa, el amor, la pasión y la sexualidad y los conflictos entre allas ». Ses trois pièces (Fedra y otras griegas ; Andrómaca real et Electra despierta) à sujet grec et universel tissent un cycle des voix féminines : fille, sœur, mère, amante. Chaque conflit tragique pour X.

Ton avant-dernier nom de guerre, Raul Argemi

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 24 Janvier 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Rivages/noir

Ton avant-dernier nom de guerre, traduit de l’espagnol (Argentine) Alexandra Carrasco-Rahal, octobre 2013, 159 p. 7,65 € . Ecrivain(s): Raul Argemi Edition: Rivages/noir

La stratégie du caméléon

En Argentine, de nos jours, un journaliste, Manuel Carraspique, se retrouve dans un hôpital de campagne après un accident grave :

« L’hôpital était destiné à soigner une réserve d’Indiens mapuches, confinés entre un lac et la cordillère des Andes. Il était situé près de la descente des Mallines, le lieu de l’accident ».

Cette hospitalisation peut être une aubaine pour notre journaliste. En effet, il partage sa chambre d’infortune avec un certain Indien Mapuche du nom de Marquez. Ce dernier est à l’agonie et il est brûlé sur les 90% de son corps. Selon la police, l’homme est un meurtrier ayant des liens avec un célèbre caméléon dont l’un des noms de guerre est Cacho, un tortionnaire pendant la guerre civile. Cacho endosse aussi d’autres identités. Il est tantôt Gomez, un médecin véreux, tantôt prêtre ou encore un trafiquant notoire et meurtrier de surcroît. Manuel qui est à l’affût de tout scoop voit là une opportunité à saisir. Il décide de faire parler Marquez. Mais à chaque confession, le danger se rapproche ainsi que la vérité sur Manuel lui-même.

Eaux-fortes de Buenos Aires, Roberto Arlt

Ecrit par Lionel Bedin , le Mardi, 21 Janvier 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Asphalte éditions

Eaux-fortes de Buenos Aires, Chroniques (Argentine), traduit de l’espagnol (Argentine) par Antonia Garcia Castro, 224 pages, 18 € . Ecrivain(s): Roberto Arlt Edition: Asphalte éditions

 

En Argentine au début des années 30, et notamment à Buenos Aires, il fait chaud. L’être humain a bien du mal à travailler. Surtout l’homme. Alors c’est souvent la femme qui dirige l’atelier de repassage pendant que l’homme, dont le travail essentiel consiste à chercher du travail, et le mari – le même – qui a flairé la bonne affaire, le bon mariage, monte la garde sur le seuil « l’aile du chapeau ombrant le visage, le torse convenablement ventilé par les trous de son marcel ».

Dans cette ville, les voleurs ne sont pas tous des voleurs, mais les boiteux sont tous « mauvais, incapables d’une bonne action », le mot fourbe est bien d’origine italienne et « la corporation des épiciers se compose en grande partie de commerçants ibériques ».

Plus loin est expliqué comment trouver dix centimes, ces dix centimes qu’il manque toujours quand vous voulez payer un billet de théâtre à votre belle, ou quand une dame, qui s’est complu à vous jeter trois œillades, monte dans le tramway… que vous n’avez pas les moyens de prendre.