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Ingrédients pour une vie de passions formidables, Luis Sepúlveda

Ecrit par Victoire NGuyen 05.07.14 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Métailié

Ingrédients pour une vie de passions formidables, traduit de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg, avril 2014, 144 pages, 16 €

Ecrivain(s): Luis Sepulveda Edition: Métailié

Ingrédients pour une vie de passions formidables, Luis Sepúlveda

 

L’autre Sepúlveda


Ingrédients pour une vie de passions formidables présente au lecteur un Luis Sepúlveda, chez lui, débarrassé de sa plume. Le livre s’ouvre sur une réunion de famille autour d’un repas où sont réunis enfants et petits-enfants. Luis Sepúldeva accède ici au rang de patriarche et on l’appelle par respect le Viejo.

Le récit est présenté comme une conversation avec le lecteur. Les chapitres sont courts. L’auteur aborde tous les sujets du quotidien. Il évoque ses années auprès de Salvador Allende et l’admiration qu’il nourrit depuis toujours pour cette figure politique. Il confie aussi sa relation difficile et ambivalente envers le Chili mais aussi envers l’Espagne, son pays d’accueil. Fidèle à sa position d’écrivain engagé, il dénonce les malversations financières et la corruption qui faisaient loi avant que la bulle financière n’éclate en Espagne.

Luis Sepúlveda n’hésite pas non plus à pimenter son récit avec des anecdotes relevant du quotidien. Il ne se départit pas de son humour lorsqu’il évoque García Márquez ou encore lorsqu’il écrit une lettre expéditive au Maire de la commune de Ñuñoa en l’intitulant « Lettre à un crétin ». Son franc parler et son humour décapant contribuent à rendre le récit vivant. Le lecteur ne peut s’empêcher de rire lorsqu’il parvient aux chapitres comme « Mode d’emploi pour un 1er Mai gâché » ou « Eurovegas, un mégabordel » ou encore « Quand on a trouvé Gabo plus vieux et plus moche que Gabo ».

Mais l’auteur sait adopter un ton plus lyrique et plus poétique. Dans son chapitre sur « Sud, le mot qui m’obsède », l’auteur rend un hommage vibrant au Sud. L’amour et la passion transpercent dans un style imagé pour caractériser ce Sud qu’il porte avec lui. De même, avec « Laïka » il donne un des plus beaux passages qu’un écrivain puisse écrire sur son chien et la relation qui lie le maître à son animal. Pour l’auteur, l’amour que l’homme éprouve pour son animal et le soin qu’il lui procure le rendent meilleur.

En conclusion, Ingrédients pour une vie de passions formidables est un récit qui permet aux lecteurs de mieux connaître cet écrivain et son écriture. Il entre dans son intimité, écoute ses confidences. Ainsi, une fois le livre refermé, il saisit mieux l’écriture de cet auteur qui se sert des mots pour combattre et résister devant les événements du monde.

« Je choisis les mots qui permettent de raconter l’univers et, comme je suis fidèle aux miens, à ceux dont l’effort pour résister rend la vie possible, j’écris, je raconte et je résiste ».

 

Victoire Nguyen

 


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A propos de l'écrivain

Luis Sepulveda

 

Luis Sepúlveda est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. 1975 : il a vingt-quatre ans lorsque, militant à l’Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d’office, est un lieutenant de l’armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques. Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d’exil en Suède. Il n’ira jamais, s’arrêtant à l’escale argentine du vol. Sepúlveda va arpenter l’Amérique latine : Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n’abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l’impact des colonisations, engagement aux côtés des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979. Il devient aussi reporter, sans abandonner la création : en Équateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l’Alliance française. Il arrive en Europe en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace. Son œuvre, fortement marquée donc par l’engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.

 

A propos du rédacteur

Victoire NGuyen

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Un peu de moi…

Je suis née au Viêtnam en 1972 (le 08 Mars). Je suis arrivée en France en 1982.

Ma formation

J’ai obtenu un Doctorat es Lettres et Sciences Humaines en 2004. J’ai participé à des séminaires, colloques et conférences. J’ai déjà produit des articles et ai été de 1998 – 2002 responsable de recherche  en littérature vietnamienne dans mon université.

Mon parcours professionnel

Depuis 2001 : Je suis formatrice consultante en communication dans le secteur privé. Je suis aussi enseignante à l’IUT de Limoges. J’enseigne aussi à l’étranger.

J'ai une passion pour la littérature asiatique, celle de mon pays mais particulièrement celle du Japon d’avant guerre. Je suis très admirative du travail de Kawabata. J’ai eu l’occasion de le lire dans la traduction vietnamienne. Aujourd’hui je suis assez familière avec ses œuvres. J’ai déjà publié des chroniques sur une de ses œuvres Le maître ou le tournoi de go. J’ai aussi écrit une critique à l’endroit de sa correspondance (Correspondance 1945-1970) avec Mishima, auteur pour lequel j’ai aussi de la sympathie.