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Amérique Latine

Dis-leur qu’ils ne sont que cadavres, Jordi Soler

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 19 Septembre 2013. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond, La rentrée littéraire

Dis-leur qu’ils ne sont que cadavres, traduit de l’espagnol (Mexique) par Jean-Marie Saint-Lu, septembre 2013, 236 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jordi Soler Edition: Belfond

 

Eh bien, voilà un livre à plusieurs entrées – toutes, portes riches –, qui nous permet ainsi, plusieurs voyages. Pas vraiment étonnant, avec la signature poétique, et burlesque de Jordi Soler – un des grands noms de la littérature espagnole actuelle ; un barroco à la hauteur des grands retables de Salamanque.

Il y a l’entrée – Irlande ; magnifique, musicale, éclairée, comme il se doit par cet Irlandais d’adoption qu’est J. Soler, qui vous la décline à tous les parfums de l’infini de ses bières : « la tourbe… est vendue en lingots sombres dans les supermarchés, se place dans la cheminée ou le poêle, comme si c’était un tas de rondins ». Odeurs, pluie, une Irlande-de-livre…

Il y a l’entrée – Mexique ; couleurs violentes d’un baroque bavard et mystérieux, dans lequel, par moments, passe le souvenir de cet autre hispanisant, l’écrivain chilien Hernan Rivera Letelier, dans son inoubliable Art de la résurrection. Soler, là encore, est en pays de connaissance ; il est de ce pays.

Quand nous étions révolutionnaires, Roberto Ampuero

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 14 Septembre 2013. , dans Amérique Latine, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès, La rentrée littéraire

Quand nous étions révolutionnaires, Traduit de l’espagnol (Chili) par Anne Plantagenet, 4 septembre 2013, 492 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Roberto Ampuero Edition: Jean-Claude Lattès

 

Voilà un roman qui ne manquera pas de surprendre : le récit à peine romancé de la vie d’un jeune militant chilien ébloui dans sa jeunesse par l’idéal révolutionnaire, qui est nommé le Chilien tout au long du roman, ou camarade, amigo, selon les interlocuteurs. Nous sommes dans les années 70, peu après le putsch du 11 septembre qui a provoqué le renversement du Président Salvador Allende, leader de l’Unité Populaire au Chili.

Le Chilien quitte son pays, en proie à une répression cruelle et s’installe en Allemagne de l’Est où il rencontre Margarita Cienfuegos, jeune étudiante. L’idylle serait parfaite si le Chilien n’apprenait, au hasard de ses contacts et entrevues dans les milieux diplomatiques et militants, que cette jeune femme est la fille d’un des caciques du régime castriste et qu’il traîne derrière lui un passé très chargé : il a été procureur de la République à Cuba, a fait condamner et fusiller à ce titre beaucoup de « contre-révolutionnaires ».

L'île invisible, Francisco Suniaga

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 11 Septembre 2013. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Asphalte éditions

L’île invisible, traduit de l’espagnol par Marta Martínez Valls, 12 septembre 2013, 248 pages, 21 € . Ecrivain(s): Francisco Suniaga Edition: Asphalte éditions

 

Margarita est une petite île vénézuélienne, surnommée « la perle des Caraïbes » pour ses plages de sable fin bordées de cocotiers, sa végétation luxuriante et sa douceur de vivre. Décor de carte postale, de dépliant touristique… « Le dieu à l’origine de cet endroit n’avait suivi ni cours ni méthode /… / Il s’agissait sans doute d’une divinité caribéenne qui, prise par un délire tropical en des temps où l’art n’existait pas, avait composé un site merveilleusement absurde : la mer, le ciel et même l’odeur de l’air, tout était bleu ».

De nombreux touristes allemands y séjournent et parfois s’y installent durablement, comme Wolfang Kreutzer et sa sensuelle femme Renata, qui tiennent un bar-restaurant sur la plage de Playa El Agua. Pourtant, derrière le cadre idyllique, il existe une « autre île » ; celle « où les certitudes n’existaient pas, rien que des attentes ou, à la limite, des espoirs ». L’envers du décor.

Contes d'amour, de folie et de mort, Horacio Quiroga

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 05 Septembre 2013. , dans Amérique Latine, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Nouvelles, Métailié

Contes d’amour de folie et de mort , trad. espagnol (Uruguay) par Frédéric Chambert, 5 septembre 2013, 215 pages, 10 € . Ecrivain(s): Horacio Quiroga Edition: Métailié

 

Les contes d’amour de folie et de mort ont été écrits en 1917. Horacio Quiroga, écrivain uruguayen, a eu une vie durant laquelle il a côtoyé la mort dès son plus jeune âge, ce qui a, à l’évidence, plus qu’influencé son œuvre. Il a trois mois quand son père se tire une balle de fusil dans la tête, et on ne saura pas s’il s’agit d’un suicide ou d’un accident. En revanche, dix sept ans plus tard, son beau-père se suicide en raison d’une maladie. Sa première femme se suicide en 1915 et Quiroga lui-même va tuer accidentellement son meilleur ami lors de la manipulation d’un pistolet.

Ce recueil de nouvelles, relativement courtes, met en scène la mort dans ce qu’elle a d’incontournable, et on ne s’étonnera pas de trouver dans les nouvelles des chutes qui paraissent d’une logique implacable. Lire Horacio Quiroga c’est s’immerger dans ce rapport au monde très singulier, où l’éphémère est au service d’un réalisme et dans lequel chaque détail a son importance.

Ouz suivi de Ore et de Ex, Gabriel Calderón

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 11 Juillet 2013. , dans Amérique Latine, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Actes Sud, Théâtre

Ouz suivi de Ore et de Ex, traduit de l’espagnol (Uruguay) par Françoise Thanas et Maryse Aubert, 2013. 244 pages, 25 € . Ecrivain(s): Gabriel Calderón Edition: Actes Sud

 

 

Ouz et Ore et Ex, trois pièces d’un jeune auteur, dont les dénominateurs communs sont un humour féroce qui bascule dans le fantastique et l’absurde, caractéristique de beaucoup de bonnes écritures latino-américaines, et le poids de la famille, elle-même bousculée et violentée par le contexte politique, religieux et social. Ces pièces questionnent le fond d’humanité chez l’être humain, et aussi la quête d’amour et de vérité.

Trois pièces de théâtre qui ont pour toile de fond l’Uruguay. Petit pays dont on parle peu, qui comme ses voisins a subi dans les années 70 une dictature sanguinaire avec son lot de tortures, d’assassinats et de disparitions, et qui aujourd’hui est gouverné par José Mujica Cordano, surnommé Pepe Mujica, un étonnant président, ex-guérillero tupamaro. D’ailleurs, une de ses phrases a inspiré l’auteur pour l’écriture d’Ex, la dernière pièce.