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La maison des sept femmes, Leticia Wierzchowski

Ecrit par Victoire NGuyen 23.11.13 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Jean-Claude Lattès

La maison des sept femmes, traduit du portugais (Brésil) par Danielle Schramm, 2013, 538 pages, 22 €

Ecrivain(s): Leticia Wierzchowski Edition: Jean-Claude Lattès

La maison des sept femmes, Leticia Wierzchowski

 

 

La longue attente des femmes


En 1835, un conflit éclate dans la région du Rio Grande. Le sujet de discorde s’avère être la nouvelle taxe sur le charque, viande salée et séchée très prisée dans la cuisine de tout le Brésil. « La Révolution farroupilha éclate le 19 septembre 1835 dans le Continent de Sao Pedro du Rio Grande. Les révolutionnaires exigent le départ immédiat du gouvernement de la province, Fernandes Braga, et une nouvelle politique pour le charque national lourdement taxé par le Gouvernement impérial représenté par le Régent, alors qu’en même temps on réduit ses tarifs d’exportation et que l’on augmente le prix du sel, indispensable au processus de salaison, donc à la fabrication du charque ». La famille de Bento Gonçalves fête le nouvel an 1836 avec appréhension car elle sait que les hommes vont partir pour un long moment à la guerre et que beaucoup d’entre eux ne reviendront sûrement pas.

Leticia Wierzchowski saisit cet événement historique pour élaborer son roman. Elle va tout au long des 537 pages mettre en exergue le caractère épique et héroïque de la famille de Bento Gonçalves. Pour cela, elle se concentre sur les femmes de la famille. En effet, avant le départ à la guerre, les hommes rassemblent les femmes pour les mettre à l’abri au loin, dans la demeure familiale de l’un des frères. Les sept femmes comprenant les filles et nièces et les épouses et belles-sœurs vont cohabiter dans cette grande et vaste maison. Elles vivent aux rythmes des nouvelles du front. Le roman alterne les lettres de Bento et celles des fils au cahier de Manuela, l’une des nièces de Bento. Celle-ci retranscrit dans son cahier les doutes et les espoirs des femmes. Son écriture est tantôt mélancolique tantôt poétique reflétant un caractère calme et silencieux mais aussi passionné. Mais le récit insère également une voix off qui peut être celle de l’auteur. Cette voix prend du recul pour restituer aux lecteurs les vicissitudes de l’Histoire sur la vie de ces femmes, tantôt fortes, tantôt s’adonnant au désespoir ou à la folie comme c’est le cas de Rosario. Et le récit avance inexorablement d’année en année. Chaque partie se consacre à une nouvelle année qui arrive avec son lot d’angoisse, de mort et d’attente car la guerre va durer 10 ans. Ainsi La maison des sept femmes est aussi un roman sur le temps qui passe et qui change à jamais les destins comme celui de Rosario, de Manuela ou encore de Mariana.

Cependant, on peut déplorer par ce choix narratif une certaine longueur. En effet, les descriptions s’attardent trop souvent sur les larmes ou émotions des personnages conférant de ce fait au roman un accent sentimental assez désagréable. La dimension historique se perd dans les méandres d’un roman à « l’eau de rose ». Il manque à ce récit une force de caractère, une vigueur narrative et structurelle nécessaire à une fresque épique. On peut soupçonner chez l’auteur un penchant et une sympathie toute particulière pour les « faibles » femmes, vivant dans l’ombre de leurs époux sans grand destin particulier. Ce portrait de la femme voire son apologie peut gêner un lecteur ou une lectrice moderne à plus d’un titre.

En conclusion, La maison des sept femmes est un roman intéressant sans que ce soit pour autant un chef-d’œuvre sur une époque trouble de l’histoire du Brésil.

 

Victoire Nguyen

 


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A propos de l'écrivain

Leticia Wierzchowski

 

Leticia Wierzchowski est née à Porto Alegre en 1972. Elle est la petite-fille d’un immigré polonais. Dans ses romans elle n’a de cesse de s’intéresser à l’Histoire de son pays de naissance. Dans La maison des sept femmes, elle signe une saga familiale de la pampa brésilienne secouée par l’Histoire. Elle est considérée, grâce à ce roman, comme la Isabel Allende du Brésil.

 

A propos du rédacteur

Victoire NGuyen

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Un peu de moi…

Je suis née au Viêtnam en 1972 (le 08 Mars). Je suis arrivée en France en 1982.

Ma formation

J’ai obtenu un Doctorat es Lettres et Sciences Humaines en 2004. J’ai participé à des séminaires, colloques et conférences. J’ai déjà produit des articles et ai été de 1998 – 2002 responsable de recherche  en littérature vietnamienne dans mon université.

Mon parcours professionnel

Depuis 2001 : Je suis formatrice consultante en communication dans le secteur privé. Je suis aussi enseignante à l’IUT de Limoges. J’enseigne aussi à l’étranger.

J'ai une passion pour la littérature asiatique, celle de mon pays mais particulièrement celle du Japon d’avant guerre. Je suis très admirative du travail de Kawabata. J’ai eu l’occasion de le lire dans la traduction vietnamienne. Aujourd’hui je suis assez familière avec ses œuvres. J’ai déjà publié des chroniques sur une de ses œuvres Le maître ou le tournoi de go. J’ai aussi écrit une critique à l’endroit de sa correspondance (Correspondance 1945-1970) avec Mishima, auteur pour lequel j’ai aussi de la sympathie.