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Amérique Latine

Encore cinq minutes Mariá, Pablo Ramos

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 20 Janvier 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Encore cinq minutes Mariá, traduit de l’espagnol (Argentine) par Bernardo Toro, octobre 2013, 160 pages, 17 € . Ecrivain(s): Pablo Ramos Edition: Métailié

 

Encore cinq minutes… c’est le délai que s’accorde Mariá… là, dans son lit, quelque part dans la banlieue de Buenos Aires, avant que l’aube ne pointe ses pâles lueurs et que le train-train de sa vie ordinaire ne reprenne ses droits ; cinq minutes qui vont se renouveler au fur et à mesure que Mariá, soixante ans, entrouvre les pages de sa mémoire à ce que fut son existence, son parcours d’épouse et de mère. À ses côtés, « cet homme  qui ne se réveille jamais, même si un train lui passait dessus, il continuerait à dormir ». Et dans ce rêve éveillé qui n’en finit pas, dans cette petite chambre sans fenêtre, la voix de Gabriel, l’un des enfants, sans doute le plus chéri « – Et toi, même morte, tu continuerais à exécuter ses ordres maman ».

Cinq minutes… notion du temps qui se délite et un mélimélo de souvenirs… qui, peu à peu et dans un désordre chronologique comme il sied aux divagations nocturnes, brosse le portrait d’une femme qui sous l’apparente banalité d’une vie dédiée au quotidien des tâches ménagères, à la soumission à un homme travailleur, mais parfois violent, à l’éducation de quatre enfants, affectueux mais également rebelles ou suicidaires et dont les relations avec le père sont minées par le silence et l’incompréhension, a vécu aux frontières d’une vie qui aurait pu être radicalement différente.

La maison des sept femmes, Leticia Wierzchowski

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 23 Novembre 2013. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès

La maison des sept femmes, traduit du portugais (Brésil) par Danielle Schramm, 2013, 538 pages, 22 € . Ecrivain(s): Leticia Wierzchowski Edition: Jean-Claude Lattès

 

 

La longue attente des femmes


En 1835, un conflit éclate dans la région du Rio Grande. Le sujet de discorde s’avère être la nouvelle taxe sur le charque, viande salée et séchée très prisée dans la cuisine de tout le Brésil. « La Révolution farroupilha éclate le 19 septembre 1835 dans le Continent de Sao Pedro du Rio Grande. Les révolutionnaires exigent le départ immédiat du gouvernement de la province, Fernandes Braga, et une nouvelle politique pour le charque national lourdement taxé par le Gouvernement impérial représenté par le Régent, alors qu’en même temps on réduit ses tarifs d’exportation et que l’on augmente le prix du sel, indispensable au processus de salaison, donc à la fabrication du charque ». La famille de Bento Gonçalves fête le nouvel an 1836 avec appréhension car elle sait que les hommes vont partir pour un long moment à la guerre et que beaucoup d’entre eux ne reviendront sûrement pas.

Contrebande, Enrique Serpa

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 20 Novembre 2013. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Zulma

Contrebande, traduit de l’espagnol (Cuba) par Claude Fell, septembre 2013, 288 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Enrique Serpa Edition: Zulma

Contrebande est le premier roman majeur de l’écrivain journaliste cubain Enrique Serpa, après le texte Felisa y yo, écrit à l’âge de 25 ans et publié en 1925. L’action du roman se situe à Cuba dans les années 20 au moment où la prohibition est promulguée aux Etats-Unis qui dans le même temps établissent des restrictions migratoires. La situation économique de l’île est catastrophique pour les paysans avec la chute du cours du sucre et pour les pêcheurs confrontés à une concurrence nord-américaine implacable. Le narrateur, propriétaire et armateur de trois bateaux de pêche, voit sa vie basculer dans l’illégalité, lorsque son capitaine de bord, surnommé Requin, patron de la goélette La Buena Ventura, tente de le convaincre d’abandonner son activité suite à l’effondrement du cours du mérou, pour se lancer dans un business beaucoup plus lucratif, la contrebande d’alcool en direction de l’Amérique.

Roman d’aventures ? pas vraiment… Sur une trame romanesque qui aurait pu verser dans l’exotisme, l’auteur prend délibérément le parti, tout au long des 288 pages, au gré d’un monologue intérieur ponctué de dialogues criants de vérité, de disséquer l’ambivalence de son héros et narrateur, d’en faire la pierre angulaire d’un récit d’hommes pétris de contradictions qui vont se jauger, s’affronter, pactiser ou se mépriser dans l’ambiance délétère d’une île où règnent et se côtoient misère sordide et scandaleuse richesse.

Belém, Edyr Augusto

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 09 Octobre 2013. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Asphalte éditions

Belém, traduit du portugais par Diniz Galhos, 10 octobre 2013, 256 pages, 21 € . Ecrivain(s): Edyr Augusto Edition: Asphalte éditions

 

 

Belém ou la ville du crime


Le roman commence par une phrase minimaliste : « Johnny est mort ». Par cette simple constatation quasi journalistique, le lecteur prend connaissance du récit in media res. En effet, Johnny était un très grand coiffeur qui gravitait autour des célébrités de Belém, une ville qui se trouve au Nord du Brésil. S’agit-il d’un meurtre ou tout simplement d’une overdose d’héroïne ? C’est une question qui taraude l’inspecteur Gilberto Castro dit « Gil ». L’enquête progresse lentement et Gil va faire la connaissance de la bande d’amis du défunt. Sans le savoir il va tomber dans un piège dangereux dont l’issue pourrait lui être fatale.

Bleu corbeau, Adriana Lisboa

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 21 Septembre 2013. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié, La rentrée littéraire

Bleu corbeau, traduit du portugais (Brésil) par Béatrice de Chavagnac, 19 septembre 2013, 222 pages, 18 € . Ecrivain(s): Adriana Lisboa Edition: Métailié

A la recherche de son identité


Les éditions Métailié offrent aux lecteurs une occasion de (re)découvrir un auteur de talent, Adriana Lisboa. En effet, avec Bleu corbeau, elle nous entraîne dans les pérégrinations d’une petite fille orpheline, Evangelina, qui à la mort de sa mère part aux Etats-Unis à la quête de son père biologique.

« Ce n’était pas une aventure. Ce n’était pas des vacances, ni une diversion, ni un passe-temps, ni un changement d’air, je partais aux Etats-Unis pour habiter chez Fernando avec un objectif bien particulier en tête : chercher mon père ».

Mais qui est donc Fernando ? Cet homme au passé sombre et tragique est l’ex-mari de sa mère. Le duo que forme Fernando avec l’enfant permet à l’auteur de mettre face à face deux destins : celui de ce père de circonstance et la petite fille esseulée. Et c’est au contact de cet homme qui la sauve de la solitude qu’elle va s’interroger sur le sens de l’existence hissant ainsi sa réflexion d’enfant à une dimension quasi métaphysique :