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La Vengeance des mères, Jim Fergus

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Samedi, 05 Novembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

La Vengeance des mères, septembre 2016, trad. anglais (USA) Jean-Luc Piningre, 464 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jim Fergus Edition: Le Cherche-Midi

 

Seize ans après la sortie en France de Mille femmes blanches, devenu rapidement un best-seller avec plus de 400.000 exemplaires vendus dans l’hexagone, Jim Fergus offre à ses lecteurs un second volet – il s’agira à terme d’une trilogie – avec La Vengeance des mères, poursuivant ainsi son plaidoyer à trois facettes : rendre justice aux peuples amérindiens exterminés, prôner le respect de la nature, mettre les femmes sur le devant de la scène.

Pour mémoire ou pour ceux et celles qui seraient passés à côté de Mille femmes blanches, rappelons le postulat de départ. Un accord secret aurait été passé entre le chef cheyenne Little Wolf et le président Grant pour échanger mille chevaux contre mille femmes blanches dans le but de favoriser l’intégration et la paix entre la nation américaine et les « Native ». Le second volet reprend le récit en 1875 après le massacre par l’armée américaine de la tribu de Little Wolf et le décès de l’héroïne principale May Dodd. Parmi les rescapés, des sœurs jumelles d’origine irlandaise, Meggie et Susie Kelly qui, dans leur fuite pour trouver refuge dans la tribu lakota de Crazy Horse, perdront leurs bébés victimes du froid glacial des montagnes du Dakota.

La ligne de fuite, Robert Stone

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 02 Novembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

La ligne de fuite, juin 2016, trad. américain Philippe Garnier, 375 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Robert Stone Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Livre paru dans les années 90, La Ligne de fuite est dans la longue série des livres écrits sur la guerre du Vietnam et ses suites aux USA. Ce roman fut intitulé d’abord Les guerriers de l’Enfer, titre repris au cinéma par Karel Reisz pour un film intéressant, dans lequel le « gueule » de Nick Nolte fait merveille. Les éditions de L’Olivier reprennent ce livre qui n’eut guère de succès à sa première édition, dans une traduction nouvelle sous la plume de Philippe Garnier. Et l’on peut espérer que cette fois le succès sera au rendez-vous, car le livre, tel quel, le mérite. Philippe Garnier, dans son élément, produit une traduction dynamique et « d’époque ». A mille lieues des approximations stylistiques de celle – erratique – de 1994, parue aux éditions Série Noire, Garnier nous donne une version impeccable, soyeuse et élégante.

On plonge donc avec délice dans un univers très années 60 – Guerre du Vietnam et puis babas cool, fumette, LSD, pop music et rock psychédélique. S’y retrouvaient des ombres célèbres de l’époque, rock stars, artistes ou Hell Angels.

Rendez-vous à Crawfish Creek, Nickolas Butler

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 24 Octobre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Autrement

Rendez-vous à Crawfish Creek, octobre 2015, trad. anglais (USA) Mireille Vignol, 313 pages, 19 € . Ecrivain(s): Nickolas Butler Edition: Autrement

 

Nickolas Butler (1979) a gagné ses lettres de noblesse littéraires auprès de tous les amateurs d’americana avec Retour à Little Wing (2014, réédité cet automne dans la collection Points), un grand, très grand roman sur l’Amérique profonde chérie de Springsteen, Mellencamp ou Jurado, pas celle des cinglés de la gâchette persuadés que quiconque ne bâfre pas ses trois livres de viande par jour et n’a pas un flingue dans chaque pièce de la maison est un barbare à civiliser ou éradiquer. Ce roman est, au même titre que les meilleures des chansons des trois musiciens cités en comparaison, une sorte de flambeau qui peut accompagner longtemps qui s’y est attaché.

Cet automne, l’actualité de Nickolas Butler est double. Outre la réédition en collection de poche de Retour à Little Wing (on ne le dira jamais assez : un roman à lire et chérir), il y a la publication de son premier recueil de nouvelles, Rendez-vous à Crawfish Creek. Soit dit en passant, on peut remarquer la confiance, voire la foi de l’éditeur français en ce jeune auteur américain, puisque ce recueil est traduit environ cinq mois après sa publication en anglais.

Nos âmes la nuit, Kent Haruf

Ecrit par Mélanie Talcott , le Lundi, 17 Octobre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Robert Laffont, La rentrée littéraire

Nos âmes la nuit, Septembre 2016, trad. anglais Anouk Neuhoff, 180 pages, 18 € . Ecrivain(s): Kent Haruf Edition: Robert Laffont

 

Nos âmes la nuit, de Kent Haruf… Elle s’appelle Addie, il s’appelle Louis. Mais, elle pourrait parfaitement s’appeler Renée et lui, Hubert. Depuis des années, « ça ne date pas d’hier », tous deux vivent dans la même ville, dans le même quartier, « à un pâté de maison l’un de l’autre », chacun chez soi, dans un pavillon classe moyenne, jardinet pelouse toujours tondue, du moins dans cette bourgade américaine du Colorado, chiens qui pissent discrètement dans les rues, enfants qui ne les empruntent sagement que pour aller à l’école, ennui qui suinte derrière les rideaux où la morale est sous surveillance. Un silence mortuaire traversé néanmoins par les fibrillations vachardes de l’espionnage entre voisins. La calomnie fait son beurre dans le qu’en dira-t-on. Cela fait un bon moment qu’Addie et Louis, tous deux septuagénaires avancés, sont veufs. En bons voisins qui se connaissent de vue, ils se saluent poliment quand ils se rencontrent, bien que l’un et l’autre sortent peu. Un jour, ne supportant plus ses insomnies qui affûtent férocement sa solitude où les heures se délitent mollement, Addie traverse la rue, sonne à la porte de Louis et lui demande s’il consentirait à « venir de temps à autre chez moi pour dormir avec moi ». Elle l’a repéré, il a l’air d’un « brave homme, d’un homme bien ».

De beaux jours à venir, Megan Kruse

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 22 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Denoël

De beaux jours à venir, traduit de l’américain par Héloïse Esquié, août 2016, 373 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Megan Kruse Edition: Denoël

 

Lydia, Amy, Gary, Jackson : d’abord quatre tons. Puis les Etats-Unis. Tulalip dans l’état de Washington, Fannin au Texas, Silver dans l’Idaho. Des mobil-homes, de la rouille et des terres rêches, les motels pour s’y terrer, les grandes lignes droites pour s’enfuir et des pick-up pour y rouler dessus, la poussière sur les pneus et les pneus lacérant le sol. Se faire la malle pour échapper aux coups du père, le père, c’est Gary. Il boit, il bat sa femme Amy. Plusieurs fois elle le quitte, les enfants sur la banquette arrière, les affaires jetées à la hâte dans des sacs poubelle. Mais le père est patient, il les reprend toujours. Et comme toujours, il sera tendre, dangereusement affectueux.

Amy défenestrée. C’est trop. Jackson et Lydia ont tout vu. Cette fois-ci, elle part avec les enfants et elle va s’en sortir. Disparaître dans un motel sordide, voire même revivre. Lydia, la petite sœur, suit par la fenêtre de la vieille voiture les grands arbres de sa maison, ils rétrécissent. Sa respiration. Elle efface, le doigt sur la vitre, le danger derrière elle, la forêt de son enfance, ce qui fut sa chambre et son territoire. Bientôt ce seront d’autres arbres, de nouveaux paysages, la vie devant qu’elle ne reconnaîtra pas.