Identification

Théâtre

Deux, Philippe Jaffeux (2ème critique)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Juillet 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Tinbad

Deux, juin 2017, 236 pages, 21 € . Ecrivain(s): Philippe Jaffeux Edition: Tinbad

 

 

Théâtre abstrait


Deux est un livre complexe à plusieurs égards. Tout d’abord parce que c’est un livre de théâtre – une sorte de pièce de chambre. Et puis, parce que cette pièce se présente sous forme expérimentale. Deux est constitué d’un dialogue entre N°1 et N°2, écrit sous forme de paragraphes à peu près égaux, mais qui ne se répondent pas. L’auteur explique qu’il est possible de faire jouer 1 et 2 chacun par treize acteurs, et cela dans le désordre, sans souci de répliques ni de continuité dramaturgique (ou plutôt, continuité à concevoir dans l’espace même de la scène).

Deux, Philippe Jaffeux

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 01 Juillet 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Tinbad

Deux, juin 2017, 236 pages, 21 € . Ecrivain(s): Philippe Jaffeux Edition: Tinbad

 

Écrire / parler

Philippe Jaffeux écrit ici pour la première fois pour le théâtre. Des notes de l’éditeur, plus que le texte en lui-même, inscrivent le livre dans le genre dramatique. Ce qui relèverait du théâtre, ce serait cette lecture extérieure s’appuyant sur la présence de deux personnages, le décompte de 1222 répliques qui « peuvent être supprimées à l’envi et peuvent être disposées aussi dans n’importe quel ordre ». Elles seraient confiées à 26 comédiens ou comédiennes « sortant de la scène par tous les côtés, ainsi que du sol ; du plafond et de la salle ». Rien de tout cela n’apparaît dans les pages fort nombreuses de l’œuvre comme si l’auteur nous soumettait à une tout autre expérience, celle d’une acceptation ou au contraire d’un renoncement face à l’écriture de deux paroles conçues comme un « couple de numéros imprévisible » (numéro un et numéro deux) qui sature d’un bout à l’autre l’espace textuel sans jamais se répondre mais en avançant dans le matériau de leur co-substance. Ils ne parlent que de leur parole (dramatique).

La Tragédie de l’Âne suivi de Les Farces Philosophiques, Catherine Gil Alcala

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 17 Juin 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La Tragédie de l’Âne suivi de Les Farces Philosophiques, éd. La Maison brûlée, 2016, 180 pages, 16 € . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Les hommes et les bêtes

Il faudrait sans aucun doute revenir sur la figure de l’âne, qui traverse l’histoire des hommes et celle des histoires qu’ils inventent. Empreintes mythologiques des métamorphoses : le roi Midas puni et ridiculisé, Lucius transformé malgré lui en âne ou bien sortilèges de nos contes de fées qui font d’une belle princesse une souillon revêtue d’une peau de l’animal. De tout cela se souvient Catherine Gil Alcala dans sa pièce de théâtre La Tragédie de l’Âne. Son texte traverse à la fois le monde des bêtes et celui des hommes ; ses personnages sont : roi aux oreilles d’âne décollées, reine des oiseaux, femme de l’épervier, aigle, épervier, corbeau, alouette, serpent mais aussi servantes, gardes, devin, vieille femme ou amant et homme hors jeu et enfant meurtrier. Et tous sont sur le devant de la scène tragique intemporelle, née de la Grèce. A la différence d’autres textes (ceux du théâtre/poésie), Catherine Gil Alcala retrouve une forme dramatique « classique » fondée sur trois actes découpés en scènes. C’est le destin, le fatum qui tisse les lignes de forces. Dès la scène 1 de l’acte 1, la reine des oiseaux que le roi a répudiée annonce la catastrophe à venir (p.12).

Neverland, David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 06 Mai 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espaces 34

Neverland, 2017, 55 pages, 13 € . Ecrivain(s): David Léon Edition: Espaces 34

 

« Have you seen my childhood… »

Le personnage de la psychosociologue dans la dernière pièce de David Léon, Neverland, dit de Mikaël (avatar de Michael Jackson) qu’il est une « figure mythique absolument ». Celui qui fut appelé « The king of the pop » est sans conteste une figure de légende, une star de Walk Fame, un incroyable artiste interplanétaire, un homme-enfant, un fils maltraité, un noir devenu blanc, un homme mis en accusation pour pédophilie, un défunt par overdose médicamenteuse. Le maître du ranch de Neverland, royaume de l’éternelle enfance, celle des zoos et des parcs d’attraction, pays de Peter Pan.

Michael Jackson de porcelaine pour Jeff Koons ou être difforme entre le vert et le gris pour Paul McCarthy. David Léon lui, l’écrit, le fragmente, dans le souffle d’une langue presque continue, à travers les voix de ceux qui l’approchent mais ne parviennent jamais à le saisir tout entier : le père noir, Joshua ; ses divers sosies enfants et adultes ; Jimmy, ami ou amant, et celle qui prétend expliquer scientifiquement qui il est. Mikaël quant à lui prend la parole mais dans la douleur, sa douleur.

James Joyce fuit…, Catherine Gil Alcala

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 10 Avril 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

James Joyce fuit… Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose, suivi de Les Bavardages sur la Muraille de Chine, éd. La Maison Brûlée, 2015, Théâtre/Poésie (avec des illustrations de l’auteure) . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Curieuses écritures, hors norme, que celles de Catherine Gil Alcala. Ou Écriture. Réécriture du Texte du Monde comme il va, quand sa barque prend l’eau. Une plume dramaturgique transfigurée par la poésie. Une danse poétique dans une mise en scène – mise en pièces – dramaturgique.

Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose – Quoi ? – Quelque chose qu’il ne devrait pas savoir – Que se passe-t-il ? Qu’advient-il de son espace, de sa durée intérieure ? – Une désintégration psychique, la perte d’identité, une implosion,

« explose cristal dans la tête télépathe lourde du chaos des précognitions ».

Laissant place à l’hallucination attaquant jusqu’aux façades de la ville où Il / Lui / Horde Lui erre,

« Commotions d’émois, se cogne aux femmes glacées derrière des vitres intransparentes, s’agrippe à l’espace vide, s’appuie sur des façades s’effondrant en un fracas de rire, faciès de mascarades des villes de cinéma sous les bombes ! »