Identification

Théâtre

Alpha-Bêêê, Fable théâtrale, Sébastien Kwiek

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 08 Novembre 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Alpha-Bêêê, Fable théâtrale, éd. La Chouette imprévue, 2017, Illust. Fabian Lemaire, 149 pages, 10 € . Ecrivain(s): Sébastien Kwiek

 

Cette fable théâtrale touche dans le mille farcesque la mascarade de notre comédie sociétale version 21e siècle, avec son lot de sous-fifres exécutants, leurs révérences et retraits tels d’authentiques hypocrites, sbires, individualistes opportunistes, prédateurs, charognards et proies s’inversant leur rôle dans un temps cyclique, profiteurs & Co. Les lecteurs reconnaîtront si bien le décor et les personnages qu’ils riront volontiers devant ces miroirs tendus par les deux compères – l’auteur Sébastien Kwiek & l’illustrateur Fabian Lemaire – réunis par un humour de bon aloi roboratif et salutaire davantage qu’un grincement d’écriture ironique ; les lecteurs pourront aussi rire de leur(s) propre(s) situation(s), armés d’un sens de l’autodérision, ou de celle(s) des autres, dotés d’une curiosité de clairvoyance ; tous reverront par écrit certains ressorts et tours d’esprits viciés de notre machiavélique société.

Société-Cirque dont le manège grignoté par l’Open Mal illimité ronge ses brebis (ses moutons cf. in Divertissement), timorées et consentantes, muettes de docilité face au boss, au Boss des boss qui souhaite les voir toutes sauter par-dessus bord, ces « gros flans visqueux » malléables dont il exploite à volonté la chair à travailler (« D1. Un mouton. D2. Deux moutons. D1. Trois moutons. D2. Le plein de moutons »).

The Lulu Projekt, Magali Mougel

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 31 Octobre 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse, Espaces 34

The Lulu Projekt, 2017, 53 pages, 13 € . Ecrivain(s): Magali Mougel Edition: Espaces 34

 

What else should I be ?

Force est de reconnaître qu’il existe depuis déjà de nombreuses années un théâtre écrit pour les adolescents, joué par eux dans le cadre d’ateliers, d’options scolaires mais aussi d’institutions dont la programmation est tournée prioritairement vers ce public « jeunesse » ; on peut citer le TGN de Lyon ou Am Stram Gram dirigé par Fabrice Melquiot à Genève. Le système actuel des subventions publiques oblige la création pour des scènes nationales ou des centres dramatiques nationaux de plusieurs spectacles destinés aux enfants par saison. Les auteurs, leurs éditeurs accompagnent ce mouvement. Suivent aussi les prix littéraires dédiés. Certains auteurs d’ailleurs en dehors de leur bibliographie générale signent de nombreuses pièces « jeunesse » comme E. Bond, dès le début des années 2000 ou Fabrice Melquiot en France.

Votre regard, Cédric Bonfils, mise en scène de Guillaume Béguin, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 25 Octobre 2017. , dans Théâtre, Les Chroniques, La Une CED

 

Le Théâtre de Poche de Genève ouvre sa saison 2017-2018 avec une proposition autour de la forme monologue. Un collectif artistique est constitué à partir d’un choix de quatre œuvres d’auteurs contemporains. Il s’agira du Sloop 4, avec : 4,48 Psychose de Sarah Kane, Les voies sauvages d’après les récits de Dominique De Staercke, Krach de Philippe Malone, Erratiques de Wolfram Höll, et Votre regard de Cédric Bonfils. Les pièces sont répétées pendant deux semaines en parallèle, de manière à pouvoir les proposer en alternance ou en même temps entre septembre et novembre.

 

La femme silencieuse

Richard Strauss composa un opéra bouffe, Die sweigsame Frau, à partir d’une adaptation de Ben Johnson par Zweig. Ce qui est incroyable dans ce livret et dans cette création musicale, c’est que son personnage principal, Morosus, déteste le bruit : la musique, selon lui, ne procure de plaisir que quand elle est finie. Il veut à tout prix épouser une femme mutique. Il se rendra finalement compte que cela n’est pas possible. L’opéra peut-il renier ce qui fait son essence ?

L’homme brûlé, Christophe Tostain

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 18 Octobre 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espaces 34

L’homme brûlé, 2017, 142 pages, 16 € . Ecrivain(s): Christophe Tostain Edition: Espaces 34

 

L’enlèvement d’Europe

Pour la première fois, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, 90 députés de l’AFD (alternative pour l’Allemagne) font leur entrée au Bundestag. Ce parti récent, d’abord anti-Europe, s’est affirmé peu à peu comme hostile aux entrées de migrants sur le territoire fédéral, à la suite de la politique « ouverte » de la Chancelière, réaffirmant aussi des valeurs « germaniques ». D’une certaine manière, la pièce de Christophe Tostain, L’homme brûlé, témoigne du climat mortifère qui s’étend sur le Vieux Continent et des électorats favorables au rejet des « étrangers ». En ce domaine, il s’agit non seulement du cas allemand mais aussi des politiques menées en Hongrie, en Pologne ou de la percée d’organisations proches du néo-nazisme comme Aube dorée en Grèce. Les personnages de la pièce d’ailleurs ont des prénoms qui ne s’inscrivent pas dans un seul territoire onomastique : la famille avec le père Anton, son épouse Léna, et leur fils Boris pourraient être russes tandis que l’amoureuse de Boris s’appelle Alice. Nous sommes seulement quelque part en Europe, dans un « Petit village » relié par autocar à « une Grande Ville », parfois les personnages entre eux usent de mots anglais pour s’adresser à l’autre : « mother, Johnnie ».

Zoartoïste et autres textes, Catherine Gil Alcala (2)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 11 Septembre 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Zoartoïste et autres textes, La Maison Brûlée, 2016, 131 pages, 15 € . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Du Théâtre Poésie de Catherine Gil Alcala en général et de Zoartoïste en particulier

D’emblée, l’attrait de l’onomastique (la liste des personnages) commet chez le lecteur son travail d’Imagination, lorsqu’il plonge dans le monde de la poétesse-dramaturge Catherine Gil Alcala. C’est écrire qu’un univers à part entière, singulier, s’ouvre d’entrée dans ce qu’il faut bien appeler des Créations, dans un Théâtre Poésie qui tord et hallucine la Langue pour inventer son propre langage, entremêlant les éléments disparates d’une écriture archaïque et contemporaine.

Aussitôt, un Infini turbulent (Henri Michaux) s’avance au centre du théâtre où les personnages-acteurs investissent et traversent une mise en scène hors cadre par à-coups de marteau scandés pour faire résonner le corps dans un abîme de sons, à la recherche du perpétuel variable d’une incarnation intégralement à reconquérir, « (…) une incarnation qui, perpétuellement désirée par le corps, n’est pas de chair mais d’une matière qui ne soit pas vue par l’esprit ni perçue par la conscience et soit un être entier de peinture, de théâtre et d’harmonie » (Antonin Artaud).