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Théâtre

Le camp malheureux suivi de La londonienne, Thibault Fayner

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 01 Mars 2016. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espaces 34

Le camp malheureux suivi de La londonienne, 2015, 60 pages, 12,80 € . Ecrivain(s): Thibault Fayner Edition: Espaces 34

 

London calling

Les Editions espace 34 réunissent en un seul volume deux textes de Thibault Fayner, deux textes qui en quelque sorte se suivent au sens strict du terme puisque nous retrouvons Morgane, Poulette la chanteuse, et Thomas Bernet, l’acteur dans le second, selon le principe du retour des personnages et du prolongement de leur existence avec à nouveau le décor londonien. Pourtant chacune de ces pièces conserve sa trajectoire, et son écriture propre.

Le Camp des malheureux constitue l’entrée dans l’œuvre : le texte dès ses premières lignes se donne comme un récit de voix. Ici nul personnage théâtral construit sur des dialogues, des répliques. Thibault Fayner introduit quelque chose d’incertain, d’instable autour des figures. Le verbe dire revient sans cesse en tant que matière première textuelle et ce dès le début :

Tes amis disent (p.9)

Mes amis disent (p.24)

ENSATT L’Ecole Théâtre, ouvrage collectif dirigé par Thierry Pariente

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 26 Janvier 2016. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les solitaires intempestifs

ENSATT L’Ecole Théâtre, ouvrage collectif dirigé par Thierry Pariente, 206 pages, 19 € Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Tout le théâtre »

Il suffit de prendre la Montée de Choulans, grimper jusqu’à Irénée : Lyon s’étale aux pieds de la colline. La campagne n’est pas si loin dans ce quartier à l’écart de la ville : on apprend ici, rue Sœur Bouvier, les métiers du théâtre depuis 1997, année de la délocalisation provinciale de l’ENSATT que tout le monde appelait L’école de la rue Blanche, installée à Paris et ouverte en 1941 par Raymond Rognoni, d’abord rue Flachat, rue Gervex et rue Cardinal Lemoine.

Les éditions des Solitaires Intempestifs, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de l’école nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, en 2011, ont publié un album retraçant à la fois l’histoire de cette institution et son renouveau, à travers des témoignages « d’Anciens » comme Dominique Besnehard ou Claude Quémy, mais aussi à partir de points de vue variés sur l’école.

Les filles aux mains jaunes, Michel Bellier

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 13 Janvier 2016. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Lansman Editeur

Les filles aux mains jaunes, 74 pages, 10 € . Ecrivain(s): Michel Bellier Edition: Lansman Editeur

 

 

Les  damnées de la terre

Deux ans après sa pièce Et des poussières…, Michel Bellier écrit en 2014 Les filles aux mains jaunes. Comment ne pas voir là comme une manière de diptyque d’un théâtre historique, social, et politique ? Le premier opus parle de la vie terrible des mineurs du nord, emportés pour beaucoup d’entre eux par la silicose, exploités selon une organisation implacable du travail, et le second est consacré aux femmes recrutées dans les usines d’armement, durant la Première guerre mondiale, elles aussi victimes de terribles pathologies. La poussière noire du charbon ronge la vie des mineurs, et la poudre jaune du TNT emporte les ouvrières, les rend stériles ou affecte la santé de leurs enfants. Elles sont les obusettes, les munitionnetttes, les canaris, les filles aux mains jaunes, comme le dit Louise (p.51). Louise qui sera justement terrassée par le mal.

Et des poussières… Michel Bellier

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 08 Janvier 2016. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Lansman Editeur

Et des poussières… coll. Théâtre à vif, 40 pages, 8 € . Ecrivain(s): Michel Bellier Edition: Lansman Editeur

 

« Les yeux bleus »

Les mineurs de fond, les « gueules noires » aux yeux toujours si clairs, toujours si bleus, tiennent une place à part dans l’histoire du monde ouvrier. Ces hommes ont vu le monde d’en-dessous des ténèbres. Ils allaient dans les profondeurs de la terre en esclaves du patronat, fer de lance de la révolution industrielle qui marqua la transformation de l’économie européenne aux dix-neuvième et vingtième siècles. Ils furent les révoltés, les syndicalistes héroïques, vaincus au bout du compte. Les mines fermèrent les unes après les autres, et leur monde, leur paysage de terrils, de corons sombra. Et malgré cette douleur terrible, être mineur, comme le dit l’un des personnages du texte, c’était exercer « Le métier comme Signe Extérieur de Fierté » (p.31).

Mais la littérature les sauva. En mars 2012, Michel Bellier, dans le cadre d’une résidence dans le département du Nord, est parti à la rencontre des habitants des territoires marqués par la mémoire des mineurs. C’est ainsi qu’il rédigea son texte Et des poussières…

Via Lucis, Angélica Liddell

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 30 Novembre 2015. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les solitaires intempestifs

Via Lucis, Continta Me Tienes, novembre 2015, trad. Christilla Vasserot, coédition bilingue, français-espagnol, 169 pages, 25 € . Ecrivain(s): Angélica Liddell Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Images pieuses »

Cette parution consacre à la fois l’écriture littéraire et photographique d’Angélica Liddell dans une version espagnole suivie d’une version française des textes, au centre de laquelle prend place une série d’autoportraits en couleurs (cinquante clichés). Les deux « matières » de la création fondent en quelque sorte l’esthétique de leur auteure en une série de fragments : en ouverture, comme dans un opéra, le thème, celui du lien intrinsèque entre amour et religion jusque dans l’acte sacrificiel : L’Espagne met dans la religion la férocité naturelle de l’amour (p.125).

Le texte Mes yeux blancs comme ton sperme prolonge cette entrée en matière et identifie justement l’univers iconographique de Liddell : revenir aux Saintes du grand peintre espagnol Zurbaran et d’abord au portrait du musée Fabre à Montpellier, Sainte Agathe, déjà célébré poétiquement par Paul Valéry en 1891, dans le recueil Sur quelques peintures. La peinture est d’ailleurs pour l’auteure action fondatrice de l’amour humain et de l’amour divin ; n’écrit-elle pas dans son poème La naissance de la peinture, ou ton image (p.137) :