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Théâtre

Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, Bruno Tackels

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 11 Novembre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les solitaires intempestifs

Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, Ecrivains de plateau VI, 2013, 190 p. 15 € . Ecrivain(s): Bruno Tackels Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Le terrain vague sublime »

 

Bruno Tackels revient pour la sixième fois à son travail consacré « aux écrivains de plateau », ceux pour qui le texte n’est pas le point central du théâtre, mais ce qui le parachève. Tous ont marqué l’histoire du théâtre contemporain et avec Ariane Mnouchkine et le théâtre du Soleil, il parcourt près de cinquante ans de créations d’une troupe pas comme les autres.

Nous entrons dans le livre de B. Tackels par une magnifique « porte », la première de couverture, invitation à la découverte, au retour sur des souvenirs flamboyants de théâtre. La photographie de plateau, prise lors du tournage du film, né de la pièce Les Naufragés du Fol espoir en 2013 est un « portrait » de la troupe en costumes, prise dans son mouvement et celui d’Ariane Mnouchkine, devant elle, parmi elle. Ils sont ENSEMBLE.

Suzy Storck, Magali Mougel

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 05 Novembre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espaces 34

Suzy Storck, 2013, 75 pages, 12,80 € . Ecrivain(s): Magali Mougel Edition: Espaces 34

 

« L’autre guérillère ordinaire »

 

En 2013, les Editions espaces 34 publient deux volumes consacrés à Magali Mougel : Guerillères ordinaires, poèmes dramatiques (cf. chronique du 16 avril 2013) et Suzy Storck. Ces deux œuvres se font écho et particulièrement le premier poème « Lilith, à l’estuaire du Han » et Suzy Storck. La seconde pièce constitue en effet une amplification, un aboutissement dramatique de la première inspirée d’un fait divers : Magali Mougel passe d’un monologue court à un texte inscrit dans l’héritage du tragique antique : elle convoque un chœur. Elle construit sa pièce à partir d’un prologue auquel répond un épilogue et le dialogue fait se déployer les voix des personnages qui gravitent autour de la figure de Suzy, Médée sans mythologie, Médée du peuple. Suzy comme Lilith est une mère infanticide sans doute malgré elle : elle a commis « une faute d’étourderie » en oubliant son troisième enfant, nourrisson, en plein soleil dans sa poussette.

Un Batman dans ta tête, David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 24 Octobre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espaces 34

Un Batman dans ta tête, 2011, 64 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): David Léon Edition: Espaces 34

Les deux derniers mots


Le monologue tient une place particulière dans la longue histoire du théâtre, au point de s’émanciper pour devenir un genre, une œuvre, et ne plus être seulement un moment de la parole comique ou tragique, sans doute parce qu’il peut sonder l’âme humaine avec une acuité, une puissance langagière hors norme. La pièce de David Léon s’inscrit dans cette perspective contemporaine de la parole interdite, déréglée. Faire entendre cette voix-là, c’est justement ce que donne le texte de Un Batman dans sa tête.

Toutefois il faut aller un peu plus loin dans cette approche. En effet, il ne s’agit pas ici de monologue mais d’un « soliloque masculin ». David Léon fait soliloquer le jeune Matthieu, c’est-à-dire, à en croire la définition de ce verbe, le faire parler à soi-même, mais aussi lui faire répondre à une interrogation qu’il se pose à lui-même. L’architecture de la pièce repose sur cette binarité : lancer la machine de la parole sans continuum et trouver enfin le moyen de prononcer les deux derniers mots du texte. Le soliloque est verbe fou ?

La bobine de Ruhmkorff suivi de Sexe et tremblements, Pierre Meunier

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 14 Octobre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les solitaires intempestifs

La bobine de Ruhmkorff suivi de Sexe et tremblements, octobre 2013, 80 p. 13 € . Ecrivain(s): Pierre Meunier Edition: Les solitaires intempestifs

Sex last night


Le dernier volume de Pierre Meunier publié aux Solitaires Intempestifs regroupe trois textes. Le premier, Introduction verbale sexe et géopolitique, est une manière de courte préface enjouée qui détourne les codes d’un article de science politique, les codes rhétoriques de la dissertation en plusieurs parties : « primo, deuxio, tertio » p.5 et 6, ou sa terminologie latine : « visus, allocutio, tactus, osculum et coitus » de la p.5 à la p.7. Il y est question de l’analogie entre la diplomatie entre deux pays et la relation charnelle entre deux êtres. Le troisième et dernier texte, au titre « nothombien » mais sans le Japon, Sexe et tremblements, est un dossier préparatoire ou mieux encore « laboratoire » qui précède la création de la Bobine de Ruhmkorff. En effet, certaines parties sont reprises dans la version définitive et d’autres constituent des « passerelles » entre Sexamor créé en 2009 avec Nadège Prugnard, spectacle où il était déjà question de « soulever la question du sexe » comme « Le trou » p.43 ou « Début » p.45 et la Bobine de Ruhmkorff. Dans ce texte, l’écriture se donne comme recherche de l’épure, du fragment poétique humoristique : monostiche en hésasyllabe, p.68 :

Buffles, une fable urbaine, Pau Mirò

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 30 Septembre 2013. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Espaces 34

Buffles, une fable urbaine, traduit du catalan par Clarice Plasteig Dit Cassou, 2013, Collection théâtre contemporain en traduction avec le soutien de la maison Antoine Vitez, 65 p. 12,50 € . Ecrivain(s): Pau Mirò Edition: Espaces 34

Le pouvoir des fables


Comme souvent, les trilogies littéraires, musicales, théâtrales nous invitent à découvrir les œuvres à la fois comme uniques et chorales. L’œuvre de Pau Mirò n’échappe pas à ces découvertes subtiles, à ce va-et-vient du sens. Buffles est le commencement. Le commencement de la fable urbaine, celle de l’incertitude entre la figure animale, promise par le titre et la figure humaine, que le premier mot « Max » entérine. La voix qui nous parle, réunie aux autres personnages (« nous » p.11) se dit animale à la fin du premier moment du récit, p.12 :

Les herbes et les branches qu’on mâchait

paraissaient plus dures,

les feuilles paraissaient plus amères aussi.