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Théâtre

Défaut de fabrication, Jérôme Richer

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 01 Juin 2016. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espaces 34

Défaut de fabrication, avril 2016, 60 pages, 13 € . Ecrivain(s): Jérôme Richer Edition: Espaces 34

 

« Une femme, un homme »


Défaut de fabrication fait partie d’un diptyque que J. Richer consacre au monde ouvrier. D’un côté, une pièce chorale, Nouveau monde, et de l’autre sur le versant de l’intimité d’un couple, Défaut de fabrication, pièce distribuée pour deux personnages : la Femme, l’Homme (p.8). Le texte se construit tout entier d’une part sur la parole en dialogues et en monologue (parties 1 et 2) et un effet de réel, à travers les très nombreuses et très détaillées didascalies descriptives comme notamment celle qui ouvre la pièce (p.9-10). Les trois premières phrases servent à caractériser le milieu social des personnages sans nom :

La cuisine d’un appartement HLM. Dans une tour. En périphérie d’une grande ville.

William Shakespeare, Comédies, tome II et III (+ album Shakespeare) en la Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 26 Mai 2016. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, La Pléiade Gallimard

William Shakespeare Comédies, tome II et III. Mai 2016. Direction d’édition Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet. . Ecrivain(s): William Shakespeare Edition: La Pléiade Gallimard

Commencée depuis 14 ans, la publication dans La Pléiade des oeuvres complètes de Shakespeare en édition bilingue anglais-français touche à sa fin (*) avec ces deux nouveaux volumes. On devrait dire 3, car un magnifique album Shakespeare, dirigé par Denis Podalydès, est offert avec l’achat des deux opus. De fait, ces deux tomes complètent la publication des comédies, un premier volume avait vu le jour en 2013.

Cette livraison nous offre donc en version bilingue, traduites par Jean-Michel Déprats, Jean-Pierre Richard, Jean-Pierre Maquerlot et Paul Bensimon, "Les joyeuses épouses de Windsor", "Beaucoup de bruit pour rien", "Comme il vous plaira", "La nuit des rois", "Mesure pour mesure" et "Tout est bien qui finit bien" dans le volume II des Comédies. "Troïlus et Cressida", "Périclès, prince de Tyr", "Cymbeline", "Le Conte d'hiver", "La Tempête" et "Les deux nobles cousins". Un programme alléchant et qui tient, par sa qualité éditoriale, le haut du pavé shakespearien. 400ème anniversaire oblige, le grand Will est mort en avril 1616.

Médée, poème enragé, Jean-René Lemoine

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 26 Mai 2016. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les solitaires intempestifs

Médée, poème enragé, 80 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jean-René Lemoine Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Médée(S) »

Il y a Iphigénie, la Sacrifiée (cf. le texte de JR Lemoine), Phèdre la Fatale, il y a Médée, l’infanticide, la fratricide, l’incestueuse, l’assassine, l’exilée. La SACRILEGE.

Médée, littérature depuis Homère et Euripide, Médée peinture, Médée cinéma, Médée musique. Médée pluriel de JR Lemoine, à la fois réécriture tragique, citation de l’auteur grec (récit du messager sur la mort de Créüse (p.40-41) mais aussi Médée d’opéra. Elle chante la partition de Tosca de Puccini, ses grands airs, « la notte è dolcissima » p.24, « o dolci baci o languide carezze » (p.31) ou « or gli perdono ! » (p.46) ou « svani per sempre il sogno moi d’amore » (p.36). Médée est héroïne wagnérienne : Iseult (p.19, p.45) ; Bruhild (p.45). Penthésilée d’un opéra de Dusapin. Mais sa voix se fond avec les paroles d’une célèbre chanson des Moody Blues, Night in white satin, qui est ici un leitmotiv au sens musical du terme, dès l’ouverture de la pièce, dans le prologue, et plus loin (p.23, p.40-1). Médée aussi souvenir shakespearien de Desdémone ou d’Ophélie (p.19).

Le monde me tue, collectif de pièces de théâtre, Espaces 34

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 19 Mai 2016. , dans Théâtre, Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Le monde me tue, collectif de pièces de Cédric Bonfils, Marie Dilasser, Thibault Fayner, Samuel Gallet, Olivier Mouginot, Sabine Tamisier, Editions Espaces 34, 2007, 184 pages, 10 €

 

Trop compliqué pour toi, de Cédric Bonfils

 

OPUS 1 ou la Lumière et le Noir

Les élèves des écoles de cinéma achèvent leurs études assez souvent par la réalisation d’un court métrage, geste inaugural d’une œuvre en devenir. Les 6 élèves de l’ENSATT du département Ecriture dramatique de la toute première promotion de l’école, en 2007, proposèrent six pièces courtes à partir d’une citation donnée extraite d’Accatone de Pasolini : « Ou le monde me tue ou je tue le monde ! ». Les Editions Espaces 34 les ont éditées dans un seul volume intitulé Le monde me tue. Deux jeunes metteurs en scène de l’ENSATT (S. Delétang et G. Delaveau en assurèrent la création).

On ne Badine pas avec l’Amour, Alfred de Musset

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 10 Mai 2016. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

On ne Badine pas avec l’Amour, novembre 2015, dossier par Alain Guyot, 208 pages, 3,50 € . Ecrivain(s): Alfred de Musset Edition: Folio (Gallimard)

L’avantage de l’édition à objectif scolaire, c’est qu’elle ramène dans les rayons avec une belle régularité des œuvres parfois quasi disparues ou disponibles dans des volumes façon Pléiade, et le chaland, le commun des lecteurs à petite bourse ou habitudes de lectures voyageuses (bus, tram, train) peut se frotter à nouveau à ces œuvres. Va donc pour une réédition en FolioPlus de la pièce On ne Badine pas avec l’Amour (1834), d’Alfred de Musset (1810-1857), et une (re)découverte en règle – car chez FolioPlus, il y a le texte de l’œuvre à proprement parler et une documentation critique aussi bien pesée (point trop n’en faut) qu’exacte dans ses informations (après tout, le public visé est avant tout scolaire, il s’agit de ne pas raconter des bêtises).

D’abord, il y a la pièce, inchangée et toujours aussi percutante, dont l’histoire est digne de Molière multiplié par Marivaux : un Baron attend son fils, Perdican, et sa nièce, Camille, l’un diplômé de l’Université, l’autre sortant du couvent, les deux destinés par leur père et oncle à être mariés ensemble. Entre confusions, prises de position quasi hargneuses, quiproquos et autres considérations sur l’amour, cette brève pièce reste un festival de bons mots, hardiment lancés façon lances dans le cœur plutôt que flèches, certains d’une vigueur toujours étourdissante aujourd’hui, à l’exemple de cette mini-tirade de Perdican, qu’on ne peut que citer intégralement tant elle touche au sublime et refuse avec front de vieillir, de prendre la moindre ride :