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Roman

Sonia Mossé, une reine sans couronne, Gérard Guégan (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 13 Octobre 2022. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Sonia Mossé, une reine sans couronne, Gérard Guégan, Editions Le Clos Jouve, septembre 2022, 102 pages, 19 € . Ecrivain(s): Gérard Guégan

 

« La photo de Sonia que fit Wols le lendemain impressionnera l’ambassadeur du Reich en poste alors à Paris. Il verra en elle, ironie du sort, la parfaite représentation de la beauté germanique et parviendra à convaincre le directeur d’un hebdomadaire berlinois de la publier en bonne place.

Ainsi allait la vie à la veille d’une nouvelle grande tuerie ».

De livre en livre, de héros anonymes en héros invisibles, Gérard Guégan poursuit son roman du siècle passé, celui des surréalistes, des écrivains indomptables, des communistes perdus, des traîtres et des absents, des révoltés curieux, des goûteurs du monde, des amours, des guerres et des révolutions. Après avoir écrit un admirable portrait de Théodore Fraenkel (1), il se glisse à nouveau dans ces temps troublés et troublants, inventifs et terrifiants : les années trente.

Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 11 Octobre 2022. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar, Folio, 316 pages . Ecrivain(s): Marguerite Yourcenar Edition: Folio (Gallimard)

 

Commencer ce roman constitué in extenso d’un flux de conscience de l’empereur Hadrien par son corps physique – malade, mourant – annonce clairement le choix fondamental de Marguerite Yourcenar : elle met en scène un homme – Vir,-is – pas le maître du monde. Un homme, un mortel, loin de l’immortalité proclamée par la vox populi aux empereurs romains déifiés.

Ainsi d’emblée, Yourcenar pose la surdétermination de ces mémoires imaginaires : la solitude d’Hadrien dans un monde romain qui n’a plus de dieux – les dieux antiques se sont peu à peu effacés des croyances populaires – et pas encore de Dieu : le christianisme est alors considéré par Rome comme une secte fanatique sans avenir. Le ciel est vide. Et la Rome matérielle et politique l’est autant : la République et ses figures illustres sont loin avec ses Caton, Cicéron, Agrippa. Les règnes de Néron et Caligula ont dévasté la fonction des empereurs, la livrant au bon vouloir ou à la folie des Princes. Les Barbares sont aux frontières, affaiblissant par leurs coups de boutoir les armées romaines et la Pax Romana, base du rayonnement de Rome sur le monde occidental connu.

La Dérive des sentiments, Bernard Caprasse (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 07 Octobre 2022. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

La Dérive des sentiments, Bernard Caprasse, éditions Weyrich, Coll. Plumes du Coq, mars 2022, 384 pages, 18 €

 

Dans cette saga familiale l’auteur appréhende le milieu d’une certaine bourgeoisie où se mêlent intrigue, amour et manipulations tandis que les différentes époques, sont bien rendues, le 20ème siècle durant, avec le parcours d’Héloïse, bien née matériellement, partiellement infirme et suscitant toutes les convoitises.

Comme dans son roman précédent, Le Cahier orange, l’auteur s’investit totalement dans ses héros scrutant avec une empathie très personnelle la profondeur des âmes révélée par les situations, sans oublier quelques références historiques desquelles le romancier est friand. L’inattendu semble devenir la réalité avec cette plume précise qui, à nouveau, resitue avec brio les lieux de la campagne ardennaise que connaît bien l’ancien gouverneur de la province du Luxembourg.

La Bible de ma mère, Emmanuel Godo (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 06 Octobre 2022. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

La Bible de ma mère, Emmanuel Godo, éditions de Corlevour, Revue Nunc, juin 2022, 112 pages, 17 €

 

Marqué par le temps

La Bible de ma mère est un récit marqué par le temps, une image du temps, comme l’annonce Chris Marker dans La Jetée : « Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance. (…) il pensa avec un peu de vertige que l’enfant qu’il avait été devait se trouver là aussi, à regarder les avions. Mais il chercha d’abord le visage d’une femme, au bout de la jetée. Il courut vers elle. (…) il comprit qu’on ne s’évadait pas du Temps et que cet instant qu’il lui avait été donné de voir enfant, et qui n’avait pas cessé de l’obséder, c’était celui de sa propre mort ». D’une autre manière rétrospective, Emmanuel Godo remarque sur la très ancienne Bible de la mère, qu’« avec le temps le cuir a pris des couleurs de pierre et de bois peint », puis une inscription encore visible sur la droite : « La Parole de Notre Dieu demeure éternellement, Esaïe XL, 8 ».

Biribi, Georges Darien (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 06 Octobre 2022. , dans Roman, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Biribi, Georges Darien, Editions de Londres, réédition format Poche, 2011, 360 pages 7,10 €

 

Biribi est un terme officieux qui désignait, non un lieu unique, mais un ensemble de compagnies disciplinaires installées dans des camps pénitentiaires, dans l’Afrique du Nord en cours de colonisation au XIXe siècle, où étaient déportés et internés les militaires français réfractaires ou indisciplinés.

Biribi est le titre d’un roman écrit en 1888 par Georges Darien et publié en 1890 par l’éditeur Alfred Savine, dont les éléments se fondent sur l’expérience personnelle de l’auteur.

« Le récit s’inscrit, dit en préface l’éditeur, dans la catégorie des romans et récits carcéraux, dont Le zéro et l’infini d’Arthur Koestler, Souvenirs de la maison des morts de Dostoïevski, ou encore Letter from Birmingham jail de Martin Luther King et les textes de Nelson Mandela. Il est aussi à l’origine du reportage d’Albert Londres sur ces mêmes camps disciplinaires, Dante n’avait rien vu, dont la publication entraînera la fermeture de… Biribi ».