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Roman

Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, Jean-Pierre Verheggen (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 20 Septembre 2022. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, Jean-Pierre Verheggen, Editions de l’Âne qui butine, trad. Christoph Bruneel, 215 pages, 22 €

 

L’Âne qui butine ne grappille pas au hasard. Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, est une de ces fleurs rares que notre équidé littéraire a le don de débusquer. Dès les premières lignes on est transporté dans une jungle parallèle, un monde étrange, luxuriant et luxurieux, étrange et familier, dont les personnages sont présentés comme des pré-adolescents, où le taux d’innocence que l’on peut encore prêter à des « enfants » de douze treize ans est déglingué par le plus hallucinant déballage de toutes les horreurs, perversités et déviances que notre espèce a su imaginer et pratiquer depuis qu’elle s’est qualifiée d’humaine.

Déviances, déviations… dévoiement aussi au sens diarrhéique du terme, exprimé ici par le flux logorrhéique de l’écriture.

L’inventeur, Miguel Bonnefoy (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Rivages

L’inventeur, Miguel Bonnefoy, éditions Rivages, août 2022, 200 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Miguel Bonnefoy Edition: Rivages

 

Miguel Bonnefoy est un auteur qui aime nous familiariser avec des destins extraordinaires : celui de la famille de Michel René Lonsonier, contraint de quitter son Jura natal au milieu du 19ème siècle, après que l’épidémie de phylloxéra a tué la vigne, pour s’installer au Chili, dans Héritage. Dans Sucre noir, Severo Bracamonte part à recherche d’un trésor dans un village des Caraïbes. C’est l’occasion de brosser un tableau du passé de cette région, d’hommes en proie à leurs désirs, à des revers de fortune aussi.

Miguel Bonnefoy ne déroge pas à cette règle dans son nouveau roman : L’inventeur. Il y décrit le parcours d’Augustin Mouchot, fils de serrurier, professeur de mathématiques, qui découvre l’énergie solaire au beau milieu du XIXe siècle. Les étapes de la mise au point de cette invention sont abondamment relatées dans le récit. Elles sont marquées par les difficultés rencontrées par Mouchot pour faire connaître son invention, la populariser auprès des dirigeants et sommités du moment :

L’élève du philosophe, Iris Murdoch (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 14 Septembre 2022. , dans Roman, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Iles britanniques, Gallimard

L’élève du philosophe, Iris Murdoch, Gallimard, 1985, trad. anglais, Alain Delahaye, 606 pages, 23,20 €

 

George et Stella McCaffrey rentrent sous une pluie battante, passablement ivres, d’un repas de famille. L’habitacle retentit de leur dispute lorsque l’accident se produit. Le véhicule dont George a pu s’extraire tombe dans le canal. Mais le mari a-t-il aidé l’engin à basculer dans les eaux troubles avec l’intention d’assassiner sa femme ? Le Père Bernard, témoin inattendu de la scène, en a peut-être une idée.

La question primordiale est pourtant celle-ci : pourquoi la colère de George est-elle devenue incontrôlable lorsque Stella a évoqué l’arrivée annoncée de Rozanov ? Et ce célèbre philosophe, ancien professeur de George installé aux Etats-Unis, revient-il dans sa ville natale pour écrire le livre de sa vie ou pour une raison plus obscure ? Ce qui est certain, c’est qu’il provoque l’émoi de toute la population de cette station thermale que le narrateur, parce qu’il tient à rester anonyme sous l’initiale de N., décide de nommer Ennistone. Ses habitants, des plus marginaux comme Diane, prostituée maîtresse de George, aux notables, se retrouvent hebdomadairement aux thermes. Ne pas paraître autour des piscines, bassins, cascades fait autant jaser qu’y paraître faussement serein ou mortellement contrarié. Rozanov s’y montrera-t-il ou préfèrera-t-il prendre les eaux dans l’une des chambres dont peuvent disposer les baigneurs désireux de discrétion ?

Présence de la mort, Charles-Ferdinand Ramuz (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 13 Septembre 2022. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Présence de la mort, Charles-Ferdinand Ramuz, Editions L’Aire Bleue, 2009, 160 pages, 11,85 € . Ecrivain(s): Charles Ferdinand Ramuz

 

Alors les grandes paroles vinrent ; le grand message fut envoyé d’un continent à l’autre par-dessus l’océan.

La grande nouvelle chemina toute cette nuit-là au-dessus des eaux par des questions et des réponses.

Pourtant, rien ne fut entendu.

Qu’attendre après cet incipit ? La prière du monde, et elle vient. La sublimation de la langue, et elle vient. La présence de Ramuz à son œuvre, et elle vient. L’immense beauté de la littérature, et elle vient.

La peur est un thème récurrent chez Ramuz. Elle n’a pas toujours un objet défini mais elle est ontologique, rivée aux hommes comme leur ombre même. Quelques années après ce roman, Ramuz écrira La Grande Peur dans la montagne, ouvrage qui concentrera l’essence de la peur ramuzienne : elle est diffuse, générale, elle touche à l’universel, elle est d’autant plus effrayante que nul ne peut rien contre sa cause car on ne la connaît pas.

Les Sacrifiés, Sylvie Le Bihan (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 08 Septembre 2022. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Denoël

Les Sacrifiés, août 2022, 384 pages, 20 € Edition: Denoël

 

« Chaque vie tissée de tourments, de peine et de labeur contient une petite étincelle de joie. Pour Juan, ce fut Ignacio. Et surtout, ce fut l’amour que le célèbre torero avait laissé à Madrid et dont il rapportait, sur les pans sombres de sa veste, les traînées d’un bonheur caché ».

Les Sacrifiés contient cette étincelle de joie, cette même étincelle qui parfois jaillit lorsqu’un torero se livre face à son taureau, ou encore quand un chanteur de flamenco touche au point indicible du duende, ce miracle inspiré, lorsque le chant transcende le chanteur et son public. Les Sacrifiés est un roman touché par cette même grâce inspirée. Roman d’une passion amoureuse, et d’admirations. Admiration pour la génération de 27 qui rassemblait notamment des écrivains et poètes comme Pedro Salinas, Rafael Alberti, ou encore Federico García Lorca, et le torero écrivain Ignacio Sánchez Mejías. L’un fusillé le 19 août 1936 à Grenade par les phalangistes, l’autre encorné par le taureau Granadino dans les arènes de Manzanares, et qui en mourra deux jours plus tard.