Il était une fois dans le désert.
Il était une fois, aux confins de l’Iran, dans le lointain désert du Baloutchistan, un ingénieur qui construisait des routes. Dans la chaleur, le bruit et la sueur, il œuvrait, consciencieux et assidu, dix heures par jour, trente jours par mois ; ainsi va l’humain, se disait-il un matin comme les autres, alors qu’il roulait seul, réfléchissant croyait-il, à la suite de petits miracles que nécessite le déroulement d’un ruban d’asphalte de quatre cents kilomètres, là où, vingt ans avant, les cris des caravaniers se mêlaient aux blatèrements des chameaux. Un an plus tard, un ayatollah chasserait l’empereur du pays. Les routes interrompues s’ensableraient quelques mois. Mais l’ingénieur serait déjà loin, sa propre révolution accomplie depuis un an, surpris ce matin-là par l’embuscade qu’avaient tendue sous un soleil écrasant, un romancier et une vision : Gombrowitz et un Bédouin. Que sait-on des gens qui vont bouleverser nos vies à un recoin de librairie ou de dune ? Par définition, rien du tout, voici la beauté de l’histoire.