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Recensions

Le Refuge des étoiles, Les rêveries d’une réceptionniste à l’hôtel La Louisiane, Charlotte Saliou (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mardi, 08 Octobre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

Le Refuge des étoiles, Les rêveries d’une réceptionniste à l’hôtel La Louisiane, Charlotte Saliou, Editions Blacklephant, 2023, 237 pages, 16,90 €

 

Le Refuge de étoiles invite à s’égarer délicieusement dans le labyrinthe des rêveries d’une réceptionniste de l’hôtel La Louisiane (surnommé Hôtel des infidèles dans la chanson d’Etienne Daho et le Chelsea Hotel version parisienne par Frédéric Beigbeder qui a réalisé la préface de ce livre et pour qui l’hôtel est sa deuxième maison).

Saint-Germain-des-Prés n’est pas un quartier comme les autres, il y règne une atmosphère insulaire, surtout dans l’imagination incandescente de Boris Vian. Mais il s’agit d’une île sans utopie : « Les valeurs y sont parfois inversées. Et le Bien fusionne avec le Mal au point de créer de beaux mensonges et des réussites mythomanes très charmantes, surtout en soirées ». Charlotte Saliou réussit à transformer ce quartier mythique en une aventure surréaliste, avec une géographie réinventée et alchimique.

La femme minérale, Nathalie Bénézet (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 04 Octobre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

La femme minérale, Nathalie Bénézet, Editions Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles, mai 2024, 110 pages, 17 €

 

De retour, en Provence, d’un séjour professionnel de plusieurs années en Asie, le personnage principal de ce court roman, une femme alors désœuvrée, tombe par le plus aléatoire des hasards, dans la rubrique hétéroclite des faits divers, sur un article d’un quotidien local relatif au retrait, par décision judiciaire, à un couple totalement démuni de ressources, de ses deux enfants au motif allégué de maltraitance.

Les autorités ayant investi le taudis dans lequel la famille vivait en totale réclusion, tous volets clos, sans contact avec l’environnement social, y auraient découvert les jumeaux déscolarisés, désocialisés, dénutris, en manque de soins.

« Pendant des jours, j’ai pensé à ces gens. […] J’ai pensé à eux comme s’ils étaient des proches. Et je les imaginais seuls, sans les petits, sans plus le droit de ni les n’approcher ni de les voir, jamais ».

Toutes les vies de Kazimira, Svenja Leiber (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 04 Octobre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Belfond

Toutes les vies de Kazimira, Svenja Leiber, éd. Belfond, traduit de l’allemand par Matthieu Dumont mai 2024, 318 pages, 22,50 € Edition: Belfond

 

La littérature allemande a intégré depuis longtemps les grands romans familiaux, types d’œuvres qui ont permis l’évocation en perspective de l’histoire de ce pays. Il en va de même pour Toutes les vies de Kazimira, de Svenja Leiber, qui évoque l’histoire de la Prusse-Orientale d’une part, et de l’ambre d’autre part. Kazimira est une femme aux origines mêlées. La région de la Prusse-Orientale a vu en effet des Polonais, des Russes, des Lituaniens, des Biélorusses, descendants directs des Prussiens, s’établir dans cette région marécageuse et boisée, pour y défricher la terre et la rendre cultivable. Ce qui va marquer la vie de Kazimira, c’est la production de l’ambre, produit typique des pays de la mer Baltique qui va orienter durablement la vie économique de la région. Kazimira a épousé Moritz Hirschberg. Qui est-il ? « Même sur l’étroite piste de sable qui s’étire depuis le continent telle une côte arrachée à travers les eaux de la mer Baltique, un mélange a lieu. Artisans polonais, pêcheurs curoniens, commerçants lituaniens, russes et juifs, Moritz Hirschberg est l’un d’eux ».

De femme et d’acier, Cécile Chabaud (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 02 Octobre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

De femme et d’acier, Cécile Chabaud, Editions L’Archipel, août 2024, 235 pages, 20 €

 

Après Rachilde, femme de lettres du 19ème siècle surnommée « Mademoiselle Baudelaire », et Georges Despaux, figure énigmatique de la seconde guerre mondiale, Cécile Chabaud se glisse dans la peau de l’unique femme médecin française à avoir affronté la noirceur de la Grande Guerre. Nicole Girard-Mangin, cette femme médecin, au regard et tempérament d’acier, même pas ébranlée par un éclat d’obus, ravive les flammes d’un féminisme engagé pour le bien de l’humanité.

Être la « femme de » est-ce un destin respectable pour une femme ? Nicole Mangin aurait pu se vautrer dans l’oisiveté, l’opulence, virevolter dans les bals, fermer les yeux sur les infidélités de son mari, mais elle sentait qu’elle s’éloignait d’elle-même. Cette vie faussement facile l’aurait menée infailliblement vers un affadissement de son être. Elle se sentait « remisée dans les petits salons ou les jardins d’hiver, avec ceux qui ne savent pas prendre la lumière ».

Comment écrire… une nouvelle (1), Martine Paulais (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Mardi, 01 Octobre 2024. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres

Comment écrire… une nouvelle (1), Martine Paulais, Enviedécrire Éditions (2), 2019, 178 pages, 18 €

 

S’il est un genre littéraire qui va comme un gant à l’auteure de cet ouvrage, c’est précisément celui de la nouvelle. Car Martine Paulais a deux cordes à son arc : elle publie des nouvelles (sous le pseudonyme d’Eve Roland) et anime des ateliers d’écriture où elle met régulièrement à l’honneur ce genre littéraire. C’est donc forte de cette double expérience qu’elle s’adresse, avec ce livre, aux nouvellistes en devenir – et pourquoi pas aux auteurs déjà un peu plus aguerris –, pour leur faire prendre conscience des ingrédients principaux qui entrent dans la composition de ce genre, et leur présenter les outils qui leur permettront d’écrire des nouvelles efficaces.

Ce petit ouvrage au format poche sera de fait bien utile à ceux qui, souhaitant dépasser la simple écriture spontanée de la nouvelle et ne se laissant pas piéger par les sirènes du premier jet, souhaitent peaufiner leurs techniques de construction, d’écriture et de réécriture de nouvelles.