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Recensions

As-tu rejoint l’île ?, Jeanine Salesse (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 13 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

As-tu rejoint l’île ?, Jeanine Salesse, éditions Pétra, juin 2024, 86 pages, photographies de l’auteure, 16 €

 

D’une Jeanine l’autre ou le journal tenu par l’amie à propos des derniers mois de vie de Jeanine Baude, poète, éditrice chez Pétra, amoureuse de l’Océan et de l’île d’Ouessant. Le livre accompagne l’amie, chez elle, à Ouessant, à l’hôpital où elle est soignée pour un cancer.

Les 71 poèmes tracent, entre souvenir et déploration, le portrait d’une femme qui aimait la vie, les autres, la poésie, l’amitié. Mais comment rejoindre la disparue ? Sinon par les poèmes, sinon par la ferveur de l’amitié. Comme dans le beau livre de René de Ceccatty, L’accompagnement, Jeanine Salesse honore la mémoire toute proche d’une sœur d’écriture :

« Cantate de la remémoration

Quelle joie de retrouver ta maison après un séjour à l’hôpital ! » (p.21).

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 12 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, L'Harmattan

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour, L’Harmattan, juin 2024, 86 pages, 12 € Edition: L'Harmattan

 

Hommage à la beauté du monde, baume sur la souffrance des vivants, voilà ce qui transparaît dès les premières pages de ce recueil, à travers « la coulée de lumière » des mots dans leur « trame bleue ».

« Les ailes de l’aigrette blanche / si faites de pigments naturels / reflètent naturellement la lumière / par la magie du Ciel ».

Cette vision esthétique, contemplative de la nature est, semble-t-il, un refuge, une échappatoire à la douleur indicible de la perte des êtres chers.

L’auteure compare la « Parole poétique, abandonnée aux dieux, mais révélée hors du silence », à la Parole d’Eurydice retrouvée qu’Orphée tente de remonter des Enfers grâce au pouvoir de son chant.

Dans le cas de la poète, il semblerait qu’il s’agisse, non de remonter une femme des Enfers, mais de ressusciter le souvenir d’un être cher, en l’occurrence sa mère, avec, comme « madeleine de Proust », le parfum des violettes de l’enfance.

Pom Pom Pomme Amos, Anne Cortey, Janik Coat (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 06 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Grasset, Jeunesse

Pom Pom Pomme Amos, Anne Cortey, Janik Coat, Grasset Jeunesse, mai 2024, 14 pages, 18,50 € Edition: Grasset

Le petit mangeur de pommes

Le titre Pom Pom Pomme semble tiré d’un jeu enfantin ou du début d’une comptine. Il ne s’agit pas du récit d’une pom-pom girl mais d’Amos, un gentil hybride de koala et de lapin au grand regard étonné et à la truffe gourmande ! Anne Cortey, née en 1966 à Avignon, l’autrice de l’album, est titulaire d’une Maîtrise d’Histoire de l’art sur les illustrations des contes de Perrault ainsi que de nombreux livres jeunesse.

Janik Coat est une illustratrice et graphiste née en 1972 à Rennes, diplômée des Beaux-arts de Nantes, et lauréate de la Pomme d’or de Bratislava en 2011 ainsi que du Prix Ficelle 2022.

Anne Cortey se trouve en compagnie de Janik Coat, et toutes deux ont donné vie à ce quadrupède bleu et rouge, prénommé Amos – prénom masculin d’origine hébraïque signifiant celui qui est chargé d’un fardeau, étant également le 3ème des 12 prophètes de la Bible, un berger, un tailleur de sycomores et un agriculteur.

Tant que le poème n’aura pas dit son dernier mot, Marc Baron (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 05 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Tant que le poème n’aura pas dit son dernier mot, Marc Baron, Le Taillis Pré, mai 2024, 156 pages, 17 €

 

Durant cinq années, le poète de Fougères a tenu un « vrai cadastre » de ses jours, de ses nuits. Ecrire un poème, c’est pour lui entrer dans la nuit de la connaissance et de l’humilité. Ainsi ces nombreux poèmes se sont écrits la nuit, quand silence et profondeur tissent le travail de création.

Le poète ne peut vivre sans : le poème c’est le « labour » intérieur qui s’impose chaque jour, c’est l’exutoire, c’est « la lumière » des mots qui fend l’obscurité.

Les titres disent assez tout le travail de sape du poème, auquel le poète s’adresse sans cesse : confident, interlocuteur du songe, outil existentiel, etc.

Ressasser le mot « poème » convoque ici tous les sens : la nuit délivre la gangue de tous les mots, susceptibles de trouver une voie dans cette « recherche » quotidienne.

Aux ventres des femmes, Huriya (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 04 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Maghreb

Aux ventres des femmes, Huriya, Editions Rue de l’Echiquier, août 2024, 320 pages, 22 €

 

Après Entre les jambes, publié en avril 2021, un premier roman contestataire, provocateur, qui lui a apporté une immédiate notoriété, Huriya, écrivaine franco-marocaine, récidive avec ce récit tout autant percutant des quinze premières années de l’existence quotidienne de la fille cadette d’un boucher polygame et tyrannique tirant des préceptes de l’intégrisme islamique la légitimité de son odieux comportement domestique.

L’histoire se déroule dans un état islamique non identifié, dans le quotidien de quoi on peut reconnaître ici et là des éléments socio-culturels, socio-religieux, socio-linguistiques propres à telle ou telle communauté régionale du monde arabo-musulman.