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Pays nordiques

Illska, Eiríkur Örn Norddahl

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 19 Novembre 2015. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Illska, août 2015, trad. Eric Boury, 600 pages, 24 € . Ecrivain(s): Eiríkur Örn Norddahl Edition: Métailié

 

Illska est une pièce monumentale, en taille pour commencer, presque 600 pages bien denses. Illska est comme une immense tapisserie murale au tissage parfois très resserré, où les motifs sont formés d’un mélange de temps qui finissent presque par se confondre : passé et présent historiques, passé et présent des individus, des protagonistes de cette histoire, avec une toile de fond amplement maculée du sang de l’Holocauste et notamment d’évènements qui se sont déroulés en Lituanie. Comme fil conducteur de la trame : l’idéologie populiste de droite (lire « fasciste ») en Europe aujourd’hui et tout particulièrement en Islande, et surtout comment l’Histoire et la politique viennent interférer en permanence, parfois même de façon obsessionnelle et souvent pour le pire, dans la vie intime des personnages du roman.

Personnages dont les trois principaux sont Agnès, Omar et Arnor, tous trois Islandais, mais seul Arnor est réellement de souche comme on dit.

L’homme-sirène, Carl-Johan Vallgren

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 24 Août 2015. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès

L’homme-sirène, février 2015, traduit du suédois par Martine Desbureaux, 310 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Carl-Johan Vallgren Edition: Jean-Claude Lattès

 

Terriblement noir, mais captivant, ce roman pourrait tout aussi bien être classé dans les romans pour ados, car il s’agit d’une histoire qui les concerne directement. L’histoire d’une collégienne, Petronella, dit Nella et son petit frère collégien lui aussi, Robert : deux enfants qui ont tout pour en baver. Un père en prison, mais c’est pire quand il en sort, une mère alcoolique qui ne s’occupe pas du tout d’eux, pas d’argent et quasi pas d’amis. Le petit frère, surnommé Robbie, lui est carrément devenu le souffre-douleur d’une bande de tortionnaires un peu plus âgés. Il cumule les tares et ces brimades quotidiennes n’arrangent rien. Sa sœur fait tout ce qu’elle peut pour le défendre, le soutenir et s’en occuper à la place des parents défectueux. Pire que défectueux, des parents qui en rajoutent dans les problèmes au lieu de les régler. Les tortionnaires en question, surtout leur chef, Gérard, ne se contentent pas de harceler Robbie, leurs petits jeux qui n’ont rien de drôle, deviennent de plus en plus cruels, cela vire à la persécution pure et dure et Nella devient victime à son tour d’humiliations et de chantage, quand d’autres exactions de la bande prennent un tournant bien plus compliqué.

L’ombre des chats, Arni Thorarinsson

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 13 Mai 2015. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Métailié

L’ombre des chats (Ár kattarins), octobre 2014, traduit de l’islandais par Eric Boury, 300 pages, 20 € . Ecrivain(s): Arni Thorarinsson Edition: Métailié

 

L’ombre des chats nous permet de retrouver le journaliste du « Journal du soir », Einar, qui va peut-être se trouver à un tournant de sa carrière. Cela commence par un mariage entre femmes au cours duquel une plaisanterie au goût pour le moins douteux sera déposée au milieu des cadeaux aux mariées. Mais est-ce bien une plaisanterie ? La question se pose d’autant plus lorsque quelques jours après l’une des mariées est retrouvée morte. Apparemment un suicide partagé avec son ex, mais un suicide assisté par ordinateur ! Dans le même temps, Einar reçoit d’étonnants SMS, ressemblant à de la drague. Des SMS en provenance du porte-parole du parti socialiste qui est sur le point de déclarer sa candidature à la présidence du Parti.

Bien des évènements se bousculent et Einar va devoir en plus gérer l’absence de collègues, dont celle du rédacteur en chef, son mentor et son modèle en matière de journalisme et de déontologie. Comme dans la vie, un événement en bouscule un autre, à peine un problème trouve-t-il une ébauche de réponse qu’un autre survient. Le privé et le professionnel s’emmêlent et le héros, tout comme le lecteur, ne sait plus où donner de la tête. On se dit que là, on n’est pas comme dans un roman ou un film, avec une relative unité de lieu, de temps et d’action, mais plutôt au cœur d’un journal en train de se fabriquer, d’enquêtes en train de piétiner, de vies en train de se chercher.

Marcher, Tomas Espedal

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 06 Mai 2015. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres, Récits, Actes Sud

. Ecrivain(s): Tomas Espedal Edition: Actes Sud

 

Qu’est-ce qui peut pousser un homme, un écrivain, un poète à décider de tout quitter et à se mettre en route, marcher vers l’inconnu ? Faut-il une raison particulière pour cela ?

Je suis heureux parce que je marche, le ton est donné ! Le premier chapitre s’ouvre sur une révélation, un lâcher-prise plutôt, alors que toute sa vie se délite, le narrateur reprend goût à la vie grâce à la marche. Comme il est bon de s’emplir d’oubli, de se perdre, de sombrer, il s’agit bien d’un abandon de l’ego. Enumérons les joies, boire pour oublier d’abord, ou boire et oublier dans cet ordre et ramper jusqu’à l’oubli. C’est comme un début de dépression, une sorte de mélancolie ou de lassitude de vivre toujours dans les mêmes journées de solitude dans l’écriture, mais le narrateur se reprend vite avec cette prise de conscience qu’il peut faire quelque chose pour sortir non de chez lui mais de lui-même, apprendre à vivre avec soi, car c’est la seule chose dont il ne pourra jamais se séparer, se débarrasser. Ça peut ressembler au début à un manuel de survie ou un guide de développement personnel mais c’est bien au-delà de cela, un manuel de survie poétique.

Le Silence de Saida, Leena Lander

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 25 Septembre 2014. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Le Silence de Saida, traduit du finnois par Jean-Michel Kalmbach juin 2014, 416 p. 23 € . Ecrivain(s): Leena Lander Edition: Actes Sud

 

En cette période de centenaire (un peu rabâché) de la Grande Guerre, nous oublions encore plus qu’à l’accoutumée que d’autres pays européens ont connu des pages sombres durant ces années, pas toujours pour les mêmes raisons. Ainsi en est-il de la Finlande qui, à la faveur de la Révolution d’octobre, se libérera de la tutelle de la Russie pour prendre son indépendance et aussitôt entrer dans une guerre civile opposant rouges et blancs.

C’est autour de cette période troublée que Leena Lander plante son décor. Cela commence avec un compte-rendu du jugement de Joel Tammisto, considéré comme coupable de haute trahison et individu très dangereux. Pourquoi ?

Pour comprendre, nous allons remonter le temps jusqu’en 1903 où nous retrouverons le jeune homme, âgé de 19 ans, ainsi que la jeune Saida, alors âgée de 7 ans. A partir de cette époque nous allons suivre les destins de plusieurs villageois, de leurs histoires quotidiennes qui tissent la trame sur laquelle s’écrit la « grande histoire », celle que l’on peut lire dans les encyclopédies.