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La Une Livres

Girafes (dernier volet de la trilogie « animale »), Pau Miró

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 04 Mars 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Théâtre, Espaces 34

Girafes (dernier volet de la trilogie « animale »), traduit du catalan par Clarice Plasteig Dit Cassou, 104 p. 14,60 € . Ecrivain(s): Pau Mirò Edition: Espaces 34

 

Retour à Barcelone

Girafes est donc le dernier volet de la trilogie de Pau Miró, pièce écrite en 2009, à la suite de Buffles et Lions. Elle constitue en vérité une fin paradoxale puisqu’elle marque un retour, un point originel : son action se déroule dans les années cinquante alors que l’œuvre précédente se situait à « l’époque actuelle » et que la première s’inscrivait dans une chronologie indéfinie. Il s’agit peut-être même d’une matrice, celle qui augure de la naissance de Max, l’enfant disparu des deux précédentes pièces. La femme s’entretient avec l’homme de cette naissance, p.69 :

FEMME – J’ai pensé à un nom pour notre enfant.

HOMME – Quel enfant ?

FEMME – Celui qui doit venir, celui qui viendra. Tu verras.

HOMME – A quel nom tu as pensé ?

FEMME – Max.

Les innocents, Assaf Gavron

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 03 Mars 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman, Moyen Orient, Rivages

Les innocents, juillet 2014, traduit de l’Hébreu par Laurent Cohen, 650 pages, 25 € . Ecrivain(s): Assaf Gavron Edition: Rivages

« Maaleh Hermesh 3, une petite colline au milieu de nulle part, au milieu de partout, avec quelques rochers, des ronces et des âmes ». Une Implantation en Galilée, de nos jours, pas vraiment légale, un peu foutoir des vies des gens, des vies des Juifs, venus, ou revenus du vaste monde, ou bien de Tel-Aviv.

Pas loin de 700 pages pour dire, au fond, tout, ou presque de l’homme. Une gageure ? Plutôt un chef d’œuvre, un encore d’Assaf Gavron.

Livre bâti curieusement, comme si on nous faisait tourner en rond, dans les vies, les trajectoires du petit peuple des « implantés », dans l’Implantation elle-même, dont il copierait le plan mi-cylindrique, mi-labyrinthe. Manège fascinant, qui nous berce, ou nous malmène, selon les moments ; étrange et passionnant voyage au cœur du pays Juif : gens, bêtes, paysages, politiques, évènements macro ou micro. Passages presque épiques : « cette colline, ces vents, ce paysage antique… », en ce territoire dont Aharon Appelfeld dit qu’il n’y a pas au monde de lieu plus naturellement religieux, et la page derrière, vie quotidienne et loupe de l’entomologiste, puis, trois pincées de chapitres plus loin, des moments d’un humour à nous fendre le ventre. Tout est dans Gavron, qui connaît « ses » Juifs par tous les bouts, ne leur passe rien, et les console de tout !

Mes bifurcations, André Brink

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 03 Mars 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Afrique, Biographie, Récits, Babel (Actes Sud)

Mes bifurcations, septembre 2014, traduit de l’Anglais (Afrique du Sud) par Bernard Turle, 617 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): André Brink Edition: Babel (Actes Sud)

 

Lignes de vie

Mes bifurcations est un récit fleuve que l’on peut qualifier d’autobiographie. André Brink évoque ses années d’enfance en Afrique du Sud. Puis il relate les premiers éveils de sa conscience face à la question raciale durant sa période estudiantine. Mais son récit souligne surtout l’impact de son voyage à Paris à la fin des années 1960. C’est en terre étrangère qu’il prend réellement conscience de la gravité tant morale qu’éthique du concept de l’Apartheid. Poussé par ses amis, Paris a été une catharsis pour notre écrivain. Ainsi confesse-t-il :

« Ils me poussèrent à revenir sur des sujets avec lesquels mon séjour à Paris m’avait familiarisé mais que je n’avais pas approfondis. Mes nouvelles fréquentations me permirent, pour la première fois dans ma vie, de me lier d’amitié avec des Noirs ».

Nous sommes tous des exceptions, Ahmed Dramé

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Lundi, 02 Mars 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Récits, Fayard

Nous sommes tous des exceptions, octobre 2014, coécrit avec Sophie Blandinières, 180 pages, 15 € . Ecrivain(s): Ahmed Dramé Edition: Fayard

 

Nous sommes tous des exceptions, le titre est alléchant. Il donne le désir de plonger dans le livre, d’autant plus que le sujet correspond tout à fait à l’air du temps.

Vous entrerez dans ce récit-témoignage avec une grande facilité et vous le lirez avec un réel plaisir. Ahmed Dramé trouve des mots simples, qui touchent et qui frappent. Le témoignage est d’un optimisme réconfortant et sa lecture rassure.

Tout le monde, quel que soit son âge, aime les contes de fée dans lesquels le héros triomphe de toutes les épreuves, de tous ses opposants avec l’aide d’adjuvants et d’une bonne fée qui le prend par la main. C’est ce qui se passe dans ce livre. Alors, embarquons-nous dans ce conte et tentons d’en déchiffrer les ingrédients.

Présentons tout d’abord le héros : à vingt et un ans, le jeune Ahmed Dramé fait un retour dans son passé et nous conte l’aventure qu’il a vécue il y a quelques années avec sa classe de seconde en section « Histoire des arts » au lycée Léon Blum de Créteil dans le Val de Marne. Il habite dans une cité HLM à Champigny-sur-Marne. Il cumule les handicaps. C’est un jeune noir de banlieue déshéritée.

Et je dirai au monde toute la haine qu’il m’inspire, Marc Villemain

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 28 Février 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Et je dirai au monde toute la haine qu’il m’inspire, édité chez Maren Sell éditeurs, en attente d’une réédition (disponible sur Amazon ou autre site en ligne) . Ecrivain(s): Marc Villemain

 

 

Un futur si proche

Début janvier 2015, sortit en librairie, dans un climat polémique, le roman Soumission de Michel Houellebecq. En 2006, paraissait le premier roman de Marc Villemain, Et je dirai au monde toute la haine qu’il m’inspire. Deux politiques fictions d’anticipation, imaginant chacune le devenir de la France de 2020, dans l’ombre tutélaire de J.K. Huysmans, auteur du « sombre dix-neuvième siècle » selon Damien Sachs-Korli, l’un des deux narrateurs du texte de Villemain et sujet de recherche universitaire pour le héros de Houellebecq. D’une certaine manière, le roman de Villemain est inaugural à double titre, premier geste romanesque de son auteur et première méditation sur les destinées électorales du pays. La première, celle de Houellebecq, se rassurant elle-même, et la seconde, nocturne, vécue dans l’exil, la fuite.