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Une fenêtre sur la mer/Une Anthologie de la poésie corse actuelle, coordonnée par Angèle Paoli

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 04 Février 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Recours au poème Editeur

Une fenêtre sur la mer/Une Anthologie de la poésie corse actuelle, Anthologie bilingue (corse/français), décembre 2014, 150 p. 8,00 € (formats disponibles epub, mobi, pdf) . Ecrivain(s): Angèle Paoli Edition: Recours au poème Editeur

 

Ce sont pas moins de vingt poètes, hommes et femmes nés ou originaires de l’île de beauté qu’a réunis Angèle Paoli dans cette belle anthologie de poètes corses publiée chez Recours au poème Editeurs.

Certains ont écrit directement dans cette langue qu’ils possèdent parfaitement, ainsi pour Alanu di Meglio, Ghjacumu Thiers, Ghjacumu Fusina, Patrizia Gattaceca, Lucia Santucci, Pasquale Ottavi, F.M Durazzo, Stefanu Cesari et Antoine Graziani ; d’autres écrivant en français comme Marianne Costa, Hélène Sanguinetti, J.F Agostini, Marcel Migozzi, Angèle Paoli elle-même, se sont prêtés volontiers à une traduction de leurs textes, participant ainsi à une expérience collective fondée sur l’amitié et l’amour de leur île et de cette langue si particulière. J’ai pris un grand plaisir à me plonger dans cette anthologie et à retrouver une langue qui m’est un peu familière aussi, ayant eu cette possibilité, l’année du bac, de l’étudier, ce qui me permettait de retrouver mes racines siciliennes et sardes.

Le Meilleur, Bernard Malamud

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 03 Février 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Rivages

Le Meilleur (The Natural), traduit de l’américain par Josée Kamoun, février 2015, 300 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Bernard Malamud Edition: Rivages

 

Retrouver Malamud sur un versant ensoleillé est à la fois surprenant et formidable. Loin du « Shtetl » et de Kiev*, il nous place cette fois au cœur de l’Amérique. Et même mieux encore, au cœur du cœur des mythologies américaines modernes : le baseball ! C’est tellement le cœur du mythe yankee que l’éditeur nous propose un lexique du baseball en fin d’ouvrage. Louable initiative, mais on peut craindre que ce soit peine perdue tant ce jeu, le plus populaire aux USA, est illisible pour un esprit européen normalement constitué. Le chroniqueur peut témoigner que malgré sa bonne volonté depuis des décennies, il n’a jamais réussi à y comprendre quoi que ce soit.

Qu’importe, il n’est nul besoin de comprendre le baseball pour adorer ce livre !

Et loin de la terreur et de la souffrance, nous voici dans un roman de la jeunesse, de l’amour, de la lumière. Bien sûr – les lecteurs de Malamud s’en doutent déjà – cela ne va pas sans ombres, sans peine, sans misères. Mais elles sont ordinaires, relèvent de ce qu’il en est d’une vie humaine.

Silence, Giovanni Pozzi

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Mardi, 03 Février 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Italie, Payot

Silence, novembre 2014, traduit de l’italien et préface François Dupuigrenet-Desroussilles, 128 p. 14 € . Ecrivain(s): Giovanni Pozzi Edition: Payot

 

« L’homme est un solitaire qui n’est pas seul »

Giovanni Pozzi

 

« Il se tait », traduction littérale du titre Tacet donné par le frère Giovanni Pozzi, paru six mois avant sa mort, en 2002, est publié sous le titre Silence, aux éditions Payot. Proverbe italien ou extrait de la Bible, Ecclésiaste 3, 1, 7 « il y a un temps pour se taire et un temps pour parler », ont peut-être été à l’origine du choix de ce titre !

Le père capucin Giovanni Pozzi (1923-2002) était un religieux lettré, de ceux trop rares qui encombrent les gardiens de la doxa et dont la pensée humaniste huile les secs canaux mentaux des docteurs de la Loi. Après des études de théologie, il entre dans l’ordre des capucins. A partir de 1960, il occupe la chaire de littérature italienne et de philologie romane à l’université de Fribourg et, en 1988, il se retire dans le couvent de Lugano. Là, recueilli, il dit la messe chaque matin, avant l’aube, vit de prières… et de livres.

Un an après, Anne Wiazemsky

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 02 Février 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Récits, Gallimard

Un an après, décembre 2014, 201 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Anne Wiazemsky Edition: Gallimard

 

On la reconnaît en photo noir et blanc sur le bandeau du livre ; Anne, comédienne de ces années-là, le regard fixé sur… son compagnon d’alors, Jean-Luc Godard, ou la manif du jour puisqu’en Mai 68 est situé ce récit, mi-autobiographie, mi-documentaire, qu’elle a voulu nommer – bel élan d’honnêteté – roman. Comme si – elle a raison – tout retour sur sa mémoire quand il y a dedans un Godard en Mai, ne pouvait complètement se revendiquer de l’Histoire.

Voyage baignant dans la fumée acre des lacrymo, des cigarettes aussi – ce qu’on fumait, alors ! De Paris à la Méditerranée des bobos de ce temps, en passant par le tournage des films, et en particulier des films italiens… c’est bien d’un voyage, dont il s’agit, dans le Paris intello, étudiant, politique, de ces extrêmes qui ont façonné l’époque, mais aussi – tout le précieux du livre – à l’intérieur, chez les Godard ou leurs amis, dans le secret également des cœurs interrogés et d’un couple qui se fendille. Beau voyage, sans pathos, ni déco inutile, qui se laisse peu à peu apprivoiser, livrant « leur 68 » de détail en atmosphère juste, ce 68 qui fatalement est un peu le nôtre à nous, leurs contemporains, et ne demande que peu d’efforts aux jeunes d’aujourd’hui, pour devenir le leur, puisqu’il s’agit de Godard.

Alphabet de A à M, Philippe Jaffeux

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 02 Février 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Passage d'encres

Alphabet de A à M, 2014, 350 pages, 30 € . Ecrivain(s): Philippe Jaffeux Edition: Passage d'encres

 

Un poète sur la place des nombres (2)

Étant davantage entrée dans le labyrinthe d’Alphabet, j’aimerais ici exprimer certaines impressions de lecture (« On s’exprime à partir de ce qui nous imprime », écrit Jean-Luc Godard).

Tout d’abord pourquoi ce titre ? Le poète ferait-il place davantage ici aux nombres, privilégiant ceux-ci par rapport aux lettres ? N’oublions pas que son outil de travail est l’ordinateur, pour lequel les lettres sont des nombres. Les 15 lettres d’Alphabet ont été construites grâce à un flux électrique. Lettres de conversion à partir de nombres créateurs d’un monde incréé, lettres plutôt que mots, produisant – comme le flux énergétique produit l’électricité- une écriture nouvelle, imprévisible.

S’ensuit de cette place incontournable occupée par les nombres comme une magie de cet alphabet de l’électricité. Alphabet d’avant l’écriture de « la lettre » puisque proposant par le flux électrique des lettres perçues avant tout comme des images et des nombres ; Alphabet cosmique puisque brassant le monde à hauteur d’une humanité débarrassée de son pesant d’ego, porté et traversé par la force d’une énergie telle qu’elle peut se diffuser dans des forces électromagnétiques, cosmiques, voire divines.