Identification

La Une CED

La muse au champ

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 10 Avril 2012. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique




 

 

Au maquis de la canne, en fleur, tu me devances,

Dispersant la rosée comme un vif goupillon,

Ta course m’échevelle et mes soupirs immenses

Sur tes nattes font battre les nœuds papillons.


Bondissante aux ardentes saillies des rayons,

Tu te moques de moi, te dévêts de tes soies

Dont tu jonches le sol comme de vils haillons,

Et, libre, tu t'ébats comme Eve et me dévoies.

Souffles. Les enfants ont grandi !

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 09 Avril 2012. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Les enfants ont grandi ! Ceux qui sont nés au premier lever du soleil, du premier jour de l'indépendance, ont aujourd'hui cinquante ans ! Depuis que le coq du village a chanté l'heure de l'aube de l'indépendance, quelques rêves ont vieilli ! D'autres se sont rouillés ! D'autres encore ont fleuri ! Nos grands-pères, nos pères, littéraires ou génitaux, tous, un jour ont pris le chemin vers le levant pour récolter les étoiles ! La liberté ! Ils avaient une autre image de l'Algérie. Leur Algérie. Ils l'avaient imaginée libre, plurielle et moderne. Un demi-siècle après, et depuis le lancement du premier youyou d'une femme aux pieds nus noyés dans la boue, la tête et le cœur dans la liesse, je me demande : vivons-nous dans le rêve qui hantait cette femme, vivons-nous le symbolique de ce youyou d'indépendance ? Certes, cette femme campagnarde analphabète vénérait, comme toutes nos grands-mères et nos mères, la lumière de la lettre “el harf”.

Aujourd'hui nous avons huit millions d'écoliers, peut-être un peu plus, mais la quantité ne fait pas le rêve de cette femme-là. L'école est sinistrée et la femme au youyou est abattue. Certes, parce qu'elle apprenait des centaines de contes et des histoires fabuleuses, cette femme au youyou aimait le voyage, imaginait ses enfants et ses petits-enfants partir un jour visiter le monde, celui installé sur l'autre rive. Mais cette femme au youyou n'a jamais imaginé qu'un jour d'indépendance, ses enfants seront offerts aux requins et au sel de la mer. Et la femme au youyou est triste.

Joyce, le début de la fin ?

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Avril 2012. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières


James Joyce constitue un cas à part dans la littérature mondiale. (A peu près) tout le monde le connaît, au moins de nom. (A peu près) tout le monde dit que c'est un immense écrivain. Si vous grattez un peu, vous vous apercevez très vite que très peu l'ont vraiment lu. Ou, s'ils l'ont fait, c'est un livre voire un bout de livre. Et il est rare qu'ils y aient pris vraiment du plaisir ! Voilà qui pose question. Comment peut-on à la fois considérer Joyce comme un écrivain majeur du XXème siècle et sentir, confusément, que sa lecture n'est pas toujours un moment de bonheur pour ceux qui s'y consacrent ?


Nous sortons souvent de Joyce un peu... lessivés ! La traversée d'« Ulysses » est une expédition hasardeuse (osons la métaphore homérique). J'ose à peine parler de « lecture ». Joyce nous emmène avec lui dans un furieux combat avec la langue. Ou « contre » la langue. Et c'est pire encore avec ses œuvres tardives, « Finnegans Wake » en particulier. Une question surgit jusqu'à l'obsession quand, au gré des lectures de Joyce, on revient, comme je viens de le faire, à son « Dubliners » (« Gens de Dublin »). Je pense en particulier à la nouvelle intitulée « The Dead » (« Les morts »).

L'art de la biographie. Entretien avec Ariane Charton

, le Vendredi, 30 Mars 2012. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

« Une biographie, c’est avant tout laisser parler la personnalité et la replacer dans son temps de façon ordonnée et chronologique ».


Entretien avec Ariane Charton, biographe d’Alfred de Musset, de Debussy (Gallimard, collection Folio bio, 2010 & 2012), et de Marie d’Agoult (Editions Kirographaires 2011)

Spécialiste de l’époque romantique, Ariane Charton a par ailleurs établi l’édition de la correspondance amoureuse entre Marie Dorval et Vigny (Mercure de France, coll. Le Temps retrouvé). Elle est également l’auteur du Roman d’Hortense (Albin Michel, prix littéraire de la ville de Mennecy 2010) consacré à Hortense Allart, la dernière maîtresse de Chateaubriand, et d’une anthologie Cher papa, les écrivains parlent du père (J.-C. Lattès).


Son blog : Les âmes sensibles http://actualitte.com/blog/arianecharton/

Cthulhu à Helsinki (2)

, le Vendredi, 30 Mars 2012. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

Etude de quelques constantes des récits post-lovecraftiens

Comparaison avec d’autres nouvelles récentes


Nous avons jugé utile de mettre cette nouvelle en perspective avec deux autres nouvelles post-lovecraftiennes ayant une tendance au second degré, dont les auteurs aiment à se servir des allusions au maître de Providence, non pas pour instiller la peur en s’inscrivant dans une tradition littéraire qui a fait ses preuves, mais plutôt pour adresser des clins d’œil ludiques au lecteur : H.P.L. (1890-1991), de Roland C. Wagner (Wagner 2000 : 261-277), et Shoggoth’s old peculiar (en français La spéciale des Shoggoths à l’ancienne), de Neil Gaiman (Gaiman 2005 : 147-159).

La nouvelle de Neil Gaiman n’aurait strictement aucun intérêt pour des lecteurs ne connaissant pas Lovecraft, car elle repose entièrement sur des allusions à celui-ci, sur des détournements, tout part de l’œuvre de l’écrivain américain et ne semble pas chercher à parler d’autre chose qu’elle. L’intrigue est la suivante : un jeune touriste américain, Ben Lassiter, erre sur la côte anglaise, trompé par un guide de voyage bourré d’approximations et de mensonges ; il arrive par hasard dans un village appelé Innsmouth, où par bonheur il trouve enfin un pub ouvert et parvient à assouvir sa faim.