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Iles britanniques

Planète Larklight, Philip Reeve

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 24 Mai 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Folio (Gallimard), Jeunesse

Planète Larklight, illustré par David Wyatt, traduit de l’anglais par Jean Esch, janvier 2013, 415 pages, 18,30 € . Ecrivain(s): Philip Reeve Edition: Folio (Gallimard)

 

 

Nous sommes en plein cœur du XIXème siècle, la construction du Crystal Palace est en cours pour accueillir la première grande exposition universelle à Londres. Arthur Mumby et sa sœur, qui ont perdu leur mère, vivent seuls avec leur père, un scientifique spécialiste en xénologie, sur une lointaine orbite. Et ceci, littéralement, car Arthur et Myrtle habitent Larklight, une étrange maison-vaisseau un peu délabrée, qui appartenait à la famille de leur mère, avec pour s’occuper d’eux et de la maison quelques domestiques mécaniques d’un modèle un peu ancien, dont un automajordome en forme de chaudière nommé Raleigh, et des Porcs Voltigeurs, parfaits pour le ménage. Tout cela n’a rien d’exceptionnel à une époque où, grâce à Isaac Newton, les voyages dans l’espace sont des plus communs et les planètes et l’éther fort habités par toutes sortes de créatures. Les vaisseaux se déplacent tout naturellement grâce à l’alchimie et il y a des comptoirs de commerce un peu partout.

La Sauvage, Jenni Fagan

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 14 Mai 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Métailié

La Sauvage (The Panopticon). Trad. de l'anglais par Céline Schwaller. Mars 2013. 312 p. 19 € . Ecrivain(s): Jenni Fagan Edition: Métailié

 

The Panopticon. C’est le titre original de ce livre. Les lecteurs français seront nombreux à se demander pourquoi l’éditeur a choisi de glisser l’axe central du livre de la machine infernale qui le structure à la jeune fille qui en est l’héroïne. Pour peu qu’on ait lu le formidable « Surveiller et punir » de Michel Foucault, on ne peut pas ne pas savoir ce qu’est le Panopticon : un aménagement d’espace carcéral (et/ou hospitalier) idéal, inventé par l’anglais Jeremy Bentham en 1791, et qui permet, à partir d’un seul lieu central, de voir l’absolue totalité de l’ensemble d’un lieu d’enfermement. Une sorte d’omnivision radicale, métaphore souvent utilisée pour évoquer les univers totalitaires.

 

" En plein milieu du grand C, aussi haute que le dernier étage, il y a la tour de surveillance. Je lève les yeux. Il y a une fenêtre panoramique qui fait tout le tour au sommet et si on voit rien à travers la vitre, celui - ou ce qui - se trouve là-haut, lui, peut voir à l'extérieur. Depuis la tour, on peut voir l'intérieur de chaque chambre, chaque étage, chaque salle de bains. Partout."

Peste soit de l'horoscope et autres poèmes, Samuel Beckett

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 30 Mars 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Les éditions de Minuit

Peste soit de l’horoscope et autres poèmes, traduit de l’anglais et présenté par Édith Fournier, novembre 2012, 44 p. 7,50 € . Ecrivain(s): Samuel Beckett Edition: Les éditions de Minuit

 

 

Cette mince plaquette donne à lire des poèmes de Beckett écrits entre 1930 et 1976 et restés inédits en français.

L’intérêt de cet ensemble, outre le caractère inédit des textes, tient à l’aperçu (saisissant) qu’il donne de l’évolution stylistique considérable qu’a suivie (ou subie) Beckett entre ces deux pôles temporels.

En effet, le Beckett des années trente s’illustre dans un style baroque, quelque peu excentrique, qui donne à voir et à penser une culture protéiforme dont le sérieux est constamment contrebalancé par un sentiment d’exubérance vrillé au corps du poète. Il n’est pas avéré que le baroque de cette écriture soit la résultante de la fréquentation que fait Beckett, à cette époque, des dadaïstes et des surréalistes.

L'intensité secrète de la vie quotidienne, William Nicholson

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Mars 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Editions de Fallois

L'intensité secrète de la vie quotidienne, Trad. anglais Anne Hervouët, Février 2013, 410 p. 22 . Ecrivain(s): William Nicholson Edition: Editions de Fallois

 

Avis aux futurs lecteurs de ce roman : risque fort d’addiction ! Certes il s’agit bien de vie quotidienne et donc, globalement, d’événements qui ne dépassent que rarement le possible, voire le probable de tout un chacun. Et pourtant, le talent de William Nicholson, qui manie la narration écrite comme il a su le faire en tant que scénariste dans des films qu’on a adorés (Gladiator par exemple), fait ici encore merveille. Jamais la polyphonie n’a eu tant de réalité que dans ce récit. Plus de dix personnages, tour à tour, au cœur d’une Angleterre rurale, racontent, se racontent, dans une tranche de vie.

Au centre de ce microcosme, Laura. Elle a une quarantaine d’années, un mari, deux enfants, des parents riches, tout va bien. Sauf que. Sauf que 20 ans après une rupture brutale et douloureuse, Nick ressurgit du passé et ébranle la vie de Laura.

L’art de Nicholson n’est pas dans l’écriture elle-même. Il écrit, on lit, on n’en demande ici guère plus. Les petites et grandes misères de tous les jours des personnages, leurs joies aussi, se croisent et se décroisent avec une énergie de chaque instant, un rythme soutenu, une sorte d’évidence. Pas un chapitre qui ne nous captive pas, on veut la suite, comme les soirs de diffusion de nos séries télévisées favorites. Et pourtant, aucun doute, il s’agit bien de faits de la vie quotidienne.

La belle indifférence, Sarah Hall

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 13 Mars 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Nouvelles, Christian Bourgois

La belle indifférence. Trad. De l’anglais Eric Chédaille Février 2013. 170 p. 15 € . Ecrivain(s): Sarah Hall Edition: Christian Bourgois

 

Sarah Hall dans ce recueil se révèle sous un jour éblouissant et encore inconnu. On savait son talent de romancière depuis au moins le « Michel-Ange électrique ». Avec ces sept nouvelles, une nouvelliste exceptionnelle nous absorbe de bout en bout.

Sept histoires. Nous sommes dans un genre très éloigné des nouvelles de Carver ou de McGregor. Chaque nouvelle est un mini-roman, avec des personnages profonds et complexes, une narration captivante, un début, une fin. Sarah Hall déploie une formidable capacité à opérer une condensation narrative stupéfiante, dans un style étincelant. Une rivière de sept diamants taillés au millimètre.

Les personnages centraux de toutes les nouvelles sont des femmes. Sarah Hall annonce la couleur : ce livre célèbre la féminité. C’est incontestablement la trace la plus forte qui reste de cette lecture. Une féminité à l’image de l’écriture de Sarah Hall : à vif, d’une nervosité haletante, vibrant à chaque instant d’une tension extrême :