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Iles britanniques

Peste soit de l'horoscope et autres poèmes, Samuel Beckett

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 30 Mars 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Les éditions de Minuit

Peste soit de l’horoscope et autres poèmes, traduit de l’anglais et présenté par Édith Fournier, novembre 2012, 44 p. 7,50 € . Ecrivain(s): Samuel Beckett Edition: Les éditions de Minuit

 

 

Cette mince plaquette donne à lire des poèmes de Beckett écrits entre 1930 et 1976 et restés inédits en français.

L’intérêt de cet ensemble, outre le caractère inédit des textes, tient à l’aperçu (saisissant) qu’il donne de l’évolution stylistique considérable qu’a suivie (ou subie) Beckett entre ces deux pôles temporels.

En effet, le Beckett des années trente s’illustre dans un style baroque, quelque peu excentrique, qui donne à voir et à penser une culture protéiforme dont le sérieux est constamment contrebalancé par un sentiment d’exubérance vrillé au corps du poète. Il n’est pas avéré que le baroque de cette écriture soit la résultante de la fréquentation que fait Beckett, à cette époque, des dadaïstes et des surréalistes.

L'intensité secrète de la vie quotidienne, William Nicholson

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Mars 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Editions de Fallois

L'intensité secrète de la vie quotidienne, Trad. anglais Anne Hervouët, Février 2013, 410 p. 22 . Ecrivain(s): William Nicholson Edition: Editions de Fallois

 

Avis aux futurs lecteurs de ce roman : risque fort d’addiction ! Certes il s’agit bien de vie quotidienne et donc, globalement, d’événements qui ne dépassent que rarement le possible, voire le probable de tout un chacun. Et pourtant, le talent de William Nicholson, qui manie la narration écrite comme il a su le faire en tant que scénariste dans des films qu’on a adorés (Gladiator par exemple), fait ici encore merveille. Jamais la polyphonie n’a eu tant de réalité que dans ce récit. Plus de dix personnages, tour à tour, au cœur d’une Angleterre rurale, racontent, se racontent, dans une tranche de vie.

Au centre de ce microcosme, Laura. Elle a une quarantaine d’années, un mari, deux enfants, des parents riches, tout va bien. Sauf que. Sauf que 20 ans après une rupture brutale et douloureuse, Nick ressurgit du passé et ébranle la vie de Laura.

L’art de Nicholson n’est pas dans l’écriture elle-même. Il écrit, on lit, on n’en demande ici guère plus. Les petites et grandes misères de tous les jours des personnages, leurs joies aussi, se croisent et se décroisent avec une énergie de chaque instant, un rythme soutenu, une sorte d’évidence. Pas un chapitre qui ne nous captive pas, on veut la suite, comme les soirs de diffusion de nos séries télévisées favorites. Et pourtant, aucun doute, il s’agit bien de faits de la vie quotidienne.

La belle indifférence, Sarah Hall

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 13 Mars 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Nouvelles, Christian Bourgois

La belle indifférence. Trad. De l’anglais Eric Chédaille Février 2013. 170 p. 15 € . Ecrivain(s): Sarah Hall Edition: Christian Bourgois

 

Sarah Hall dans ce recueil se révèle sous un jour éblouissant et encore inconnu. On savait son talent de romancière depuis au moins le « Michel-Ange électrique ». Avec ces sept nouvelles, une nouvelliste exceptionnelle nous absorbe de bout en bout.

Sept histoires. Nous sommes dans un genre très éloigné des nouvelles de Carver ou de McGregor. Chaque nouvelle est un mini-roman, avec des personnages profonds et complexes, une narration captivante, un début, une fin. Sarah Hall déploie une formidable capacité à opérer une condensation narrative stupéfiante, dans un style étincelant. Une rivière de sept diamants taillés au millimètre.

Les personnages centraux de toutes les nouvelles sont des femmes. Sarah Hall annonce la couleur : ce livre célèbre la féminité. C’est incontestablement la trace la plus forte qui reste de cette lecture. Une féminité à l’image de l’écriture de Sarah Hall : à vif, d’une nervosité haletante, vibrant à chaque instant d’une tension extrême :

Ce qui est arrivé à M. Davison, Jon McGregor

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Mars 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Nouvelles, Christian Bourgois

Ce qui est arrivé à M. Davison. Trad. Anglais Christine Laferrière février 2013. 295 p. 17 € . Ecrivain(s): Jon McGregor Edition: Christian Bourgois

 

Jon McGregor est définitivement de la lignée des écrivains qui se coltinent avec la langue même, la matière de l’expression. Les nouvelles qu’il nous offre dans ce recueil constituent une sorte de laboratoire d’écriture nouvelliste. Aucun des textes ne ressemble à un autre par la forme : phrases brisées, répétitions, inventaires, documents administratifs ou techniques, et même listes de noms propres, tout y passe comme dans une sorte d’exploration des canons de l’écriture. Dans la deuxième nouvelle, on a même un brouillon de poème, celui qu’est en train d’écrire l’héroïne de l’histoire : page de gauche la nouvelle et son déroulé, page de droite le poème de la femme en « work in progress »

 

« Quand vient l’aurore

Quand la première lueur pénètre depuis l’est

Le ciel est de la couleur des billes.

D’un gris médiocre et vitreux » (En hiver le ciel)

La femme d'un homme qui, Nick Barlay

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 19 Février 2013. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Quidam Editeur

La femme d’un homme qui (The wife of a man who), trad. de l’anglais (Royaume-Uni) Françoise Marel, 364 p. 23 € . Ecrivain(s): Nick Barlay Edition: Quidam Editeur

 

Joy est la femme d’un homme qui… est retrouvé mort dans une chambre d’hôtel de Leipzig, dans des circonstances incongrues. Il s’est étranglé avec un collant. Un Golden Lady. Séance d’asphyxie auto-érotique qui a mal tourné.

Joy est la femme d’un homme qui… menait une double vie. Une double vie qu’elle va s’employer à éclaircir, au fil d’une enquête qui la mènera en Allemagne et en Belgique.

Mais, d’abord un mot sur la manière dont l’histoire est racontée.

Nick Barlay explose les codes narratifs en recourant à l’utilisation du « tu ». Mais ce n’est pas un « tu » traditionnel, un je qui s’adresse à un autre, c’est plutôt un « tu » intérieur, un « tu » d’une personne qui se parle à elle-même. C’est comme si Joy commentait ce qu’elle faisait, mais avec un effet de distance, comme si ce n’était pas tout à fait elle qui était embarquée dans cette histoire. D’ailleurs, ce n’est pas elle, mais plutôt pas la femme d’un homme qui…