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Essais

Les mères qui blessent, Se libérer de leur emprise pour renaître, Anne-Laure Buffet (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 13 Septembre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les mères qui blessent, Se libérer de leur emprise pour renaître, Eyrolles, juin 2018, 163 pages, 18 € . Ecrivain(s): Anne-Laure Buffet

« Quoi de plus parfait aux yeux d’un petit enfant que ses parents ? ». Il est réconfortant, même dans certaines circonstances extrêmes, de croire la vox populi qui prétend que les femmes posséderaient dans leurs gènes « l’instinct maternel ». Dans les livres saints on vante « La Vierge Marie », symbole de la mère sacrificielle. D’innombrables poèmes et chansons populaires célèbrent la mère dévouée à ses enfants. Le jour de la fête des mères, on incite les enfants à la glorifier. Quelle belle image pieuse ne nous a-t-on exaltée si longtemps ! La mère était intouchable jusqu’à, à certaines époques, offrir une médaille aux mères de familles nombreuses. Combien de livres pathétiques nous content les mères admirables qui ont donné naissance à des fils prodiges. Comment alors certains enfants ne se sentiraient-ils pas exclus de la normalité et même coupables de ne pas vouer à leur mère un impératif d’amour sans réserve ?

Un enfant qui ne reçoit pas à sa naissance un minimum d’amour et d’attention des personnes qui en ont la charge ne peut survivre. Alors, pour pouvoir se maintenir existant, l’enfant va accepter l’attitude de ces parents comme normale. « Il cherche à leur ressembler ou au moins à leur convenir ».

Punchlines, Des ados chez le psy, Samuel Dock

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 03 Septembre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Punchlines, Des ados chez le psy, First Editions, mai 2018, 207 pages, 15,95 € . Ecrivain(s): Samuel Dock

 

Samuel Dock nous avait secoués avec son Nouveau choc des générations, co-écrit avec Marie-France Castarède. Cette fois-ci, il revient nous « punchliner » en utilisant l’humour cinglant des adolescents et nous offre une belle bouffée d’optimisme sur cette période de la vie dénommée trop injustement « l’âge ingrat ».

L’humour est une façon de réinventer la réalité avec créativité. Et les adolescents ont un humour incisif qui bouscule notre vision du quotidien. L’adolescence est une transition de la perception : apprendre à voir sans le prisme parental. Ce « grand écart » entre l’enfance et l’âge adulte, comme le dénomme un des patients de l’auteur, pose un regard critique sur le monde adulte et nous permet de nous remettre en question.

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, Serge Loupien

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 27 Août 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rivages, Côté Musique(s)

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, mai 2018, 405 pages, 23 € . Ecrivain(s): Serge Loupien

 

On sait les bouleversements auxquels les sociétés occidentales ont dû faire face durant les années que cet ouvrage se propose de nous narrer : chacun a une idée liée à l’épicentre que fut mai 68, mais rares sont ceux qui peuvent embrasser la décennie concernée dans tous ses aspects culturels, liés à une sociologie singulière : les individus à l’œuvre pour cette « révolution » forment la première génération née après la guerre, génération qui va « inventer » la jeunesse en tant que classe sociale avec des caractéristiques qu’il faudra créer, un habitus qui devra englober un idiome, une musique, des habitudes vestimentaires, le tout à contrecourant d’une culture engluée dans un conformisme que tous ces « jeunes » veulent combattre à l’aide d’outils que sont la musique, les médias qui se développent et les modes vestimentaires, ce qu’on appelle une contre-culture.

Un Russe nommé Poutine, Héléna Perroud

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 27 Août 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire, Les éditions du Rocher

Un Russe nommé Poutine, janvier 2018, 314 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Héléna Perroud Edition: Les éditions du Rocher

La réélection de Vladimir Poutine pour un quatrième mandat présidentiel à la tête de la Russie, le 18 mars 2018, s’est accompagnée d’un véritable concert de casseroles dans les mass medias d’Europe de l’Ouest. En particulier, c’est peu dire que les canaux d’« information » français, qui avaient sans doute oublié que l’élection se jouait à plusieurs milliers de kilomètres de nos frontières (on avait déjà eu le sentiment que la dernière élection américaine nous concernait au premier rang), avaient multiplié les considérations désobligeantes, accusant – sans produire trop de preuves (c’est pénible, les preuves) – Vladimir Poutine de truquer les élections, dans son propre pays comme aux États-Unis, d’espionner un peu partout, d’empoisonner les agents doubles, d’avoir la main sur les médias russes, de réchauffer le climat… Dans l’affaire Skripal, peu de journalistes eurent assez de sens commun pour rappeler que, si le métier d’espion est déjà dangereux en soi, celui d’agent double comporte double dose de risques : comme dans le décès d’Alexandre Litvinenko, probablement « retourné » par le MI 6, empoisonné au polonium 210 et converti in extremis à l’islam, la seule chose sûre est l’implication d’un « grand » service secret (mais lequel ?). La presse française faisait-elle assaut d’esprit critique, afin de faire oublier sa servilité, son obséquiosité, depuis la campagne présidentielle de 2017 (quelques jours avant l’élection présidentielle russe, un journaliste de Paris-Match écrivait qu’à New Dehli « même les chèvres s’inclinent sur [le] passage » de MmeMacron) ?

Comenius, Philosophie moderne et prophétisme, Marta Fattori

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 20 Août 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Italie, Editions Honoré Champion

Comenius, Philosophie moderne et prophétisme, janvier 2018, trad. italien Tomaso Berni Canani, 238 pages, 45 € . Ecrivain(s): Marta Fattori Edition: Editions Honoré Champion

 

Le patronyme de Comenius ne survit guère, dans ce qu’on appelle la « culture générale » (c’est-à-dire la culture partagée, commune), que grâce au programme européen d’échanges éducatifs qui a reçu son nom. Le personnage lui-même demeure dans l’ombre. Il écrivit en deux langues, l’une minoritaire (le tchèque), l’autre morte et, en France du moins, enterrée (le latin). Bien malgré lui, son existence fut modelée par les convulsions et les horreurs de son siècle, les longues guerres de religion et la Guerre de Trente Ans. Jeté de bonne heure sur les chemins de l’exil, Comenius partagea sa vie entre la Pologne, l’Angleterre, la Suède et, pour finir, les Pays-Bas, ce havre des originaux, des dissidents et des persécutés, où il fut à Amsterdam le voisin de Rembrandt (selon une hypothèse, un des portraits du grand peintre néerlandais représenterait le philosophe tchèque – voir p.78). Grâce à une intelligence rare et à une prodigieuse capacité d’abstraction, Comenius parvint à bâtir une œuvre importante, dans des circonstances qui eussent découragé tout individu moins obstiné et bien que ses manuscrits eussent été égarés ou brûlés au gré des déménagements et des conflits.