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Essais

Contes, fables et autres fictions, Fernando Pessoa

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 09 Novembre 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Langue portugaise, Editions de la Différence

Contes, fables et autres fictions, janvier 2017, trad. portugais Parcidio Gonçalves, Préface Teresa Rita Lopes, 192 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Editions de la Différence

 

En vingt pages de préface, Teresa Rita Lopes, spécialiste pessoenne du monde étrange des 72 hétéronymes et de la fameuse « malle » aux 27.000 manuscrits, pose les enjeux, limites et intérêts de ces contes « éparpillés sur des feuilles volantes ». Pessoa rédigea, dit-elle, nombre de récits policiers, il lisait Poe, se le trouvait comme modèle à sa propre écriture.

Vingt-deux textes regroupés en six sections (Paradoxes, Fables, Horreur et mystère, Compassion, Lettres sans destinataire, Conseils) révèlent certaines qualités que les livres majeurs n’ont pas toujours montrées : une certaine qualité d’humour noir, assez british, un souci de dialogues, une intimité avec les aspects ésotériques d’un parcours bien étrange…

Bien sûr, on est assez loin ici de la splendeur mélancolique des pages sans cesse ajoutées du Livre de l’intranquillité ou des poèmes qui ont fait la réputation de l’écrivain orthonyme et de ses principaux hétéronymes.

Les proses, recueillies dans le présent volume, sont des blocs compacts, lisibles pour eux seuls, d’écritures diverses, de thématiques plurielles également.

Histoire de la littérature récente tome I, Olivier Cadiot

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 06 Novembre 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, P.O.L

Histoire de la littérature récente tome I, octobre 2017, 160 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Olivier Cadiot Edition: P.O.L

 

En 2007, dans Désenchantement de la littérature (Gallimard), puis en 2012 dans L’Enfer du roman (Gallimard), l’éditeur, romancier et essayiste polémiste Richard Millet annonçait, de manière quasi apocalyptique, le déclin – voire même la mort – de notre langue, de notre culture et de notre littérature.

Quelques dix années plus tard, Olivier Cadiot entend et écoute les sempiternelles jérémiades des « pleureuses ». « Cette histoire de déclin, note-t-il, ce sont aussi les gens qu’on aime qui nous l’ont soufflée à l’oreille. Des êtres merveilleux, des penseurs, à la fois rigoureux et fantaisistes. Il n’y a plus rien à transmettre, nous disent-ils ; nous ne pouvons plus faire d’expériences. Nous voilà noyés dans le récent éternel, sans les lumières du passé qui viennent éclairer une face inconnue de la maison que vous habitez. Bref, on nous a expliqué qu’on était morts ». Morts ? Vraiment ? Pourquoi ne pas y aller voir de plus près ?

Le Prophète, Khalil Gibran

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Folio (Gallimard), Contes

Le Prophète, mars 2017, trad. de l'arabe par Anne Wade Minkowski, Préface d’Adonis, 131 pages, 2,50 € . Ecrivain(s): Khalil Gibran Edition: Folio (Gallimard)

 

Quelle bonne idée que de republier en poche Folio ce texte des plus précieux et de le mettre ainsi à la portée de tous ! Quatre-vingts pages de sagesse et d’invitation à une relecture philosophique du monde et de l’être, encadrées en préface par une superbe présentation de l’œuvre par le poète Adonis et en postface par une analyse auteur/texte de la traductrice Anne Wade Minkowski dont il faut souligner l’excellent travail réalisé pour cette traduction nouvelle.

Une nouvelle traduction du Prophète de Khalil Gibran ? Pourquoi ? On dit parfois qu’un grand texte ne peut être épuisé par une traduction unique, si bonne soit-elle…

Le Prophète, personnage essentiel de l’œuvre, c’est Al-Mustafa, qui vit, dans la situation narrative initiale, depuis douze ans dans la ville d’Orphalèse, dans l’attente du retour du navire qui doit le ramener à son île natale.

De la providence, suivi de Lettres à Lucilius (lettres 71 à 74), Sénèque

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 26 Octobre 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

De la providence, suivi de Lettres à Lucilius (lettres 71 à 74), avril 2017, trad. Emile Bréhier, 96 pages, 3,50 € . Ecrivain(s): Sénèque Edition: Folio (Gallimard)

 

« Qu’est-il de plus fou cependant

que d’avoir de l’angoisse pour des événements à venir,

et, au lieu de se garder pour les vrais tourments,

d’aller chercher des peines et de les appeler à soi ».

Le lecteur s’interrogeant sur la providence en général fera mieux de passer son chemin. Le thème est ici abordé sous un angle très particulier, annoncé en sous-titre : pourquoi les hommes de bien ne sont pas exempts de malheurs, malgré l’existence de la providence.

Que la providence existe et qu’elle gouverne entièrement les hommes, Sénèque n’en doute donc pas, convaincu que « nos destins nous mènent, et la première heure de notre naissance a réglé tout le temps qui nous reste ». Mais pourquoi la providence distribue-t-elle aveuglément les lots de malheur au lieu de tenir compte des mérites et démérites de chacun ?

L’imbécillité est une chose sérieuse, Maurizio Ferraris

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 26 Octobre 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, PUF

L’imbécillité est une chose sérieuse, août 2017, 148 pages, 12 € . Ecrivain(s): Maurizio Ferraris Edition: PUF

 

Manuel d’Imbécillité

Il n’y a pas que les mots qui mentent, déguisent, égarent plus qu’ils ne guident. Mais, peu importe après tout puisque ceux qui les émettent – et quel que soit leur niveau d’incompétence – sont des imbéciles. Ils font abstraction du fait que la réalité leur saute dessus comme un fauve sur sa proie. Emerveillés de leur bêtise, ils ne s’en éprouvent en rien coupables puisque c’est la chose la plus partagée au monde. Dès lors le massacre des innocents par un Mengele est moins un mal qu’une fatalité. Et c’est bien là où dans ce pamphlet tout coince.

La thèse qui peut faire rire lorsqu’elle jouxte le pire est moins probante. Que Ferraris s’en prenne à Rousseau (sa bête noire), Nietzsche ou Flaubert, devient péripétie. Certes il faut prendre ce livre pour ce qu’il est : une fable propre à illustrer autant la misère des hommes que de leurs philosophies. Et l’auteur a beau jeu de nous rétorquer que notre jugement est fallacieux puisqu’il n’est donné que du haut de notre imbécillité. Mais le même reproche peut être donné à l’amuseur.