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Essais

Agencement du désert, Carole Mesrobian (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 02 Juillet 2021. , dans Essais, Les Livres, Recensions, Critiques, La Une Livres, Poésie, Z4 éditions

Agencement du désert, mars 2020, 132 pages, 11 € . Ecrivain(s): Carole Carcillo Mesrobian Edition: Z4 éditions

 

Certains livres sont difficiles à cataloguer, encore faut-il qu’il soit nécessaire de procéder de la sorte. L’essai, sans doute, permet d’être seulement un texte, au sens plein d’une écriture de l’imaginaire. Y entrent de plein droit l’expression autobiographique, les traces de lectures, les rêves enfouis, le désir d’écrire.

Mêlant considérations biographiques, exploration du domaine de la femme, découverte de la Littérature et analyses précises des épigraphes de Stendhal, poèmes de l’auteure, le texte très polysémique de Mesrobian met en lumière le rôle de l’écrit, sa sauvegarde et son effet de catharsis.

Les pages émouvantes de la fille sur la mère (la non-mère), sur les avancées très relatives de la condition de la femme, plongent le lecteur dans une approche humaniste, partageable : l’enfance y a sa fonction (« la pulpe végétale de l’enfance »), « écrire c’est être libre » ou encore « l’Art est un corps qui respire ». Tissant sa recherche sur l’appui d’œuvres comme celles de Huysmans ou de Grünewald, Mesrobian affûte l’outil pour aboutir au travers de Michaux à cette « puissance incantatoire du cri ».

Ella Fitzgerald, Il était une voix en Amérique, Steven Jezo-Vannier (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 30 Juin 2021. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, La rentrée littéraire, Le Mot et le Reste

Ella Fitzgerald, Il était une voix en Amérique, Steven Jezo-Vannier, mai 2021, 367 pages, 24 euros Edition: Le Mot et le Reste

Beaucoup a été dit et écrit sur Ella Fitzgerald. Un livre de plus pourrait-on dire, quel intérêt… Pourtant, intérêt il y a pour qui s’intéresse à la musique, aux mouvements sociaux qu’elle a traduits en créant des courants et des genres musicaux ; et pour qui s’intéresse aux musiciens, l’intérêt ici réside dans le détail d’une vie que « hasard et nécessité » ont vouée à la musique. The first lady of song avait une tessiture exceptionnelle qui lui a permis d’exercer son art dans le jazz, mais aussi le swing, le bebop, avec les plus grands musiciens (la photo de couverture de 1947 la montre en compagnie de Dizzy Gillespie et de Ray Brown), le blues, le rythm and blues et le gospel. Ella Fitzgerald ne s’est jamais laissé enfermer dans un style. Elle n’accorde pas plus d’importance aux frontières artistiques qu’elle n’admet de barrières culturelles, sociales ou raciales. Elle chante pour tout le monde, riche ou pauvre, Noir ou Blanc. A ses yeux, la musique, comme le public, ne doit souffrir d’aucune ségrégation. La musique n’a pas de couleur dira-t-elle en 1963. Des styles musicaux différents donc, qui traduisent aussi son engagement. « Ella était là bien avant le black power, les protest song et la révolution rock. Son truc à elle, c’est le soft power. Elle utilise l’essence universelle de la musique et son pouvoir fédérateur pour abattre les murs ».

Editions Payot : Vingt-quatre heures dans l’Antiquité (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 28 Juin 2021. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Petite bibliothèque Payot, Histoire

Edition: Petite bibliothèque Payot

24 heures dans l’Égypte ancienne, Donald P. Ryan, Payot, Petite Biblio Histoire, avril 2021, trad. anglais (USA) Hélène Colombeau, Mario Pasa, 320 pages, 10 €

24 heures dans l’ancienne Athènes, Philip Matyszak, Payot, avril 2021, trad. anglais (USA) Hélène Colombeau, Mario Pasa, 288 pages, 20 €

 

Il y a belle lurette que l’Histoire ne s’écrit plus uniquement à hauteur des grands de ce monde ; le peuple et le quotidien ont aussi leur mot à dire, ou plutôt peuvent aussi être entendus, merci Jules Michelet, et les exemples foisonnent d’ouvrages qui plongent le lecteur dans un passé à hauteur de quidam – l’exemple par excellence étant le Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, d’Emmanuel Le Roy Ladurie, publié il y a cinquante ans bientôt. Mais ces ouvrages, parfois, pèchent par un fait simple et justifié : ils s’adressent à des férus d’Histoire, ou du moins des amateurs quelque peu chevronnés, que ne rebute pas un texte d’ordre scientifique à certains égards. Et le lecteur lambda, pourtant futur quidam pour de futurs historiens, se laisse quelque peu décourager : tout cela est exact, mais ça manque un rien d’une histoire dans cette grande Histoire.

Le Sens de la merveille, Rachel Carson (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 28 Juin 2021. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Editions José Corti

Le Sens de la merveille, Rachel Carson, février 2021, trad. anglais (USA) Bertrand Fillaudeau, 176 pages, 19 € Edition: Editions José Corti

 

Beaucoup d’entre nous connaissent de Rachel Carson Printemps silencieux, un ouvrage qui décrit les dégâts causés par les pesticides, paru en 1962. Aujourd’hui, dans la collection qu’elles consacrent à la célébration du vivant sous toutes ses formes, les éditions Corti publient quelques-uns de ses textes, encore inédits en français. Ces textes sont de genres variés : articles, discours, lettres… Ils ouvrent un accès à l’œuvre et aux engagements de Carson, à sa pensée et à sa vision du monde, par le prisme de sujets divers allant des Crabes fantômes atlantiques aux papillons Monarques. Les composantes principales de cette pensée sont : la notion d’« équilibre naturel » et d’unité du monde, ou l’idée que toutes les formes de vie sont reliées entre elles dans des enchaînements et des interdépendances complexes ; la dénonciation des effets néfastes du « progrès » et des méfaits de l’homme dans sa prétention à dominer la nature et sa propension à l’exploitation sans limite des ressources naturelles, dans son « absence de discernement », sa négligence et son incapacité à respecter son environnement ; l’écologie, ou la préservation et la protection de la faune et de la flore ;

Penser antique (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 22 Juin 2021. , dans Essais, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Bassin méditerranéen

 

Lettre à Ménécée et autres textes, Épicure, Gallimard Folio, avril 2021, trad. grec ancien, Daniel Delattre, Joelle Delattre-Biencourt, José Kany-Turpin, 112 pages, 3,50 €

L’Amitié, Cicéron, Arléa, avril 2021, trad. latin, Christiane Touya, 96 pages, 7 €

 

Parfois, il convient de faire preuve de bon sens, et de se demander quel est l’intérêt humain de la fréquentation des classiques, qu’ils soient purement littéraires ou philosophiques. Deux brefs ouvrages viennent à point nommé pour établir une nuance qui, cela est plus que probable, fera grincer les dents des spécialistes – alors que la question qui se pose n’est pas celle de l’importance universitaire mais est de savoir ce qu’apporte encore la pensée antique à l’homme contemporain en tant qu’être humain, en tant que membre de cette « fraternité » dont rêva Romain Gary.