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Essais

La vérité des masques, Essais et aphorismes, Oscar Wilde (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 08 Janvier 2021. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Rivages poche

La vérité des masques, Essais et aphorismes, octobre 2020, trad. anglais, Jules Cantel, François Dupuigrenet, 368 pages, 9,70 € . Ecrivain(s): Oscar Wilde Edition: Rivages poche

 

Éloge et dithyrambe : le critique en esthète

Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde, dit Oscar Wilde, né le 16 octobre 1854, fut un des dramaturges les plus en vue de Londres. Condamné à deux ans de travaux forcés pour « grave immoralité », il mourut dans le dénuement à Paris, en 1906, à l’âge de 46 ans. Son ouvrage, La vérité des masques, Essais et aphorismes, est conçu comme une sorte de bréviaire critique, présenté ici dans la traduction historique de Jules Cantel et dont François Dupuigrenet Desroussilles, chartiste, a assuré la direction, la préface et traduit le chapitre des Maximes. Ces Maximes à l’usage des jeunes gens et pour l’instruction des personnes instruites sont rédigées sur un ton caustique. « Tout et son contraire » serait l’adage adopté par Wilde pour ses aphorismes brillants, traités sur un mode faussement désinvolte. Les vérités pratiques de l’opinion, c’est-à-dire les idées reçues, les stéréotypes, sont dévidés sous le rouet de la langue irrévérencieuse du grand auteur irlandais.

Les Lumières de l’ombre, Libres penseurs, hérétiques, espions (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 14 Décembre 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire, Editions Honoré Champion

Les Lumières de l’ombre, Libres penseurs, hérétiques, espions, éditions Honoré-Champion, mai 2020, Sophie Bisset, Marie-Claude Felton, Charles T. Wolfe, 310 pages, 55 € Edition: Editions Honoré Champion

 

« Le côté obscur des Lumières » : la formule est facile et ressemble à une accroche de journaliste en mal d’inspiration. C’est pourtant bien le territoire que ce volume prospecte. Que furent les Lumières ? On se représente une confrérie d’écrivains élégants et de penseurs raffinés regardant tous dans la même direction, tous préoccupés jour et nuit d’améliorer le monde en général et l’humanité en particulier, de libérer celle-ci de tout ce qui peut contribuer à l’amoindrir, à l’effrayer ou à l’oppresser. Cela, c’est l’image d’Épinal ou la vision propagée par les manuels de littérature. La réalité fut sensiblement différente. De nombreux écrivains des Lumières se haïssaient. On préfère fermer les yeux sur l’antisémitisme et le racisme qui se donnent libre cours dans les œuvres de Voltaire. Ainsi qu’on l’a finement remarqué, l’univers clos et étouffant du marquis de Sade, lieu de supplices infinis, annonce la rationalité concentrationnaire.

La Classe ouvrière blanche, Surmonter l’incompréhension de classe aux États-Unis, Joan C. Williams (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 14 Décembre 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA

La Classe ouvrière blanche, Surmonter l’incompréhension de classe aux États-Unis, Joan C. Williams, Editions Unes, octobre 2020, trad. anglais, Carole Roudot-Gonin, 152 pages, 20 €

 

« Nègres blancs » d’Amérique

Joan C. Williams a étudié à l’université de Yale et au MIT avant d’obtenir son doctorat à la Faculté de Droit de Harvard. Ses travaux sur le statut des femmes et les enjeux familiaux au travail, sur la classe ouvrière américaine, lui ont valu une large reconnaissance et de nombreux prix aux États-Unis.

Ce nouveau livre restera un texte essentiel à qui veut comprendre la politique « sociale » de Trump. À travers une série de questions sociétales sur le travail, l’éducation et les valeurs, elle restitue les modes de vie et le parcours d’une classe ouvrière blanche en déclin démographique, touchée par la crise économique et en partie abandonnée par le Parti Démocrate.

Œuvres, George Orwell en La Pléiade (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 10 Décembre 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La Pléiade Gallimard

Œuvres, George Orwell, Gallimard La Pléiade, octobre 2020, édition dirigée par Philippe Jaworski, 1594 pages, 66 € . Ecrivain(s): George Orwell Edition: La Pléiade Gallimard

 

« Il ne demande pas aux textes canoniques de livrer des secrets de fabrication, mais de lui parler aujourd’hui, d’aujourd’hui, de nourrir le débat d’idées qu’il mène en permanence en lui-même avec le monde et contre le monde » (Philippe Jaworski, Préface).

« Je l’écris parce que je veux dénoncer un mensonge, attirer l’attention sur un fait et mon souci premier est de me faire entendre. Mais je ne pourrais pas accomplir la tâche d’écrire un livre, ni même un article de revue substantiel s’il ne s’agissait pas aussi d’une expérience esthétique » (George Orwell, Pourquoi j’écris, trad. Marc Chénetier, Patrice Repusseau).

« Orwell n’est pas vraiment romancier, c’est un essayiste imaginatif » (Simon Leys répondant à Sébastien Lapaque, Le Figaro, 2 novembre 2006).

Les Vies d’écrivains (1550-1750), Contribution à une archéologie du genre biographique, Élodie Bénard (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 08 Décembre 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

Les Vies d’écrivains (1550-1750), Contribution à une archéologie du genre biographique, Élodie Bénard, Droz, 440 pages, 39 €

Nous avons l’habitude, lorsque nous prenons un livre, de trouver quelque part, au dos du volume ou dans un pli de la couverture, la photographie de l’auteur et quelques lignes de biographie. Ces deux éléments sont si communs que c’est leur absence qui finit par surprendre et par sembler suspecte. Les maisons d’édition doivent aussi veiller à cela et savent bien que rien n’est pire qu’un cliché pris dans ces cabines automatiques, qui donnent au plus paisible des individus l’allure d’un repris de justice.

Cette coutume tenace de la photographie et de la biographie express montre surtout que la leçon de Proust dans son Contre Sainte-Beuve n’a pas été « reçue », à la manière d’une puissante émission radio qui se serait perdue dans l’immensité de l’univers. Or il y a aussi peu de rapport entre la photographie d’un écrivain et son œuvre qu’entre le visage d’un cuisinier et ses plats. « L’histoire d’un auteur est proprement l’histoire de ses ouvrages, comme l’histoire d’un héros est celle de ses actions. La vie privée d’un homme de lettres est quelque chose de bien sec et souvent bien petit : les événements en sont trop peu considérables pour mériter l’attention d’un lecteur », écrivait Jean-Baptiste Rousseau en 1730 (cité p.225). Et il avait raison.